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«India’s ocean»

1 juin 2017, 09:42

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Le Premier ministre ne convainc pas sur le sort d’Agalega. Au contraire, ses réponses sur le pacte Maurice-Inde par rapport à notre bout de territoire situé à deux nuits de bateau de Maurice ont ouvert des brèches.

D’abord, lorsqu’il a refusé de dévoiler l’accord signé entre Maurice et la Grande péninsule à la Hyderabad House, à New Delhi, samedi. (Il s’est ensuite empressé de s’en remettre au Conseil des ministres). Pourquoi ? Autant rendre publiques les conditions de l’accord touchant les Mauriciens d’Agalega, comme d’ailleurs, si les deux pays amis n’ont rien à cacher.

Ensuite, que doit-on comprendre quand Pravind Jugnauth en profite pour rappeler que Maurice ne remet pas en question la présence des militaires américains à Diego Garcia dans sa lutte pour la souveraineté des Chagos ? Que l’armée indienne pourra elle aussi, tôt ou tard, occuper Agalega ? Sous la condition que l’Inde ne touche ni à notre souveraineté ni à notre intégrité territoriale ? Autant nous le dire directement.

Quoi qu’il en soit, l’aménagement tous frais payés par les Indiens d’une piste d’atterrissage, d’une jetée et autres infrastructures (d’ailleurs, on aurait souhaité avoir plus de précisions ici aussi) à Agalega, ressemble étrangement à du déjà-vu. Souvenez-vous. Les Américains et les Britanniques ont eux aussi affirmé qu’il était question, au départ, de construire uniquement une «communications station» à Diego Garcia. Ensuite, qu’est-ce qu’on a découvert ? Qu’ils ont menti. Comme ils ont également menti sur la souveraineté.

C’est une évidence que l’Inde ne dépensera pas des millions de roupies pour une piste d’atterrissage et une jetée rien que pour les beaux yeux de nos 300 compatriotes d’Agalega. Puis, tant qu’on y est, la délégation mauricienne aurait pu plaider pour la construction d’un hôpital équipé pour que les femmes n’aient plus à faire le périple pour venir accoucher à Maurice. Ou encore celle d’un collège pour permettre aux élèves de terminer leurs études secondaires au lieu de devoir attraper des bus en marche ici.

Le fait est que l’Inde a désormais un autre point d’ancrage – après l’île Assomption aux Seychelles (l’archipel a accepté de louer une de ses îles à bail aux Indiens qui y construiront des infrastructures militaires, y compris remettre en état la jetée et la piste d’atterrissage) – dans cette partie de l’océan Indien afin de s’armer face à la stratégie chinoise dans la région.

Déjà depuis 2015, lors de la tournée du Premier ministre indien, Narendra Modi, à Maurice et aux Seychelles, le «Times of India», citant des sources officielles indiennes, a écrit qu’avant la concrétisation de l’accord pour développer les deux îles, les droits ont été négociés des mois durant (sous le gouvernement de l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam, en l’occurrence pour Maurice). Toujours selon le journal, l’objectif indien était déjà tout tracé : que l’«Indian Ocean was going to be India’s Ocean»

En attendant que les autorités jouent carte sur table, cette chanson du groupe Zanfan losean, dont les membres sont des natifs et habitent Agalega, devrait pousser à la réflexion :

«Mo kontan twa Agalega mo zoli ti zil. Mo pou sagrin si mo perdi twa mwa kot monn aprann viv.

Dan sinplisité laba mo dir mwa mo viv dan trankilité. Sa yenn kado bondié finn doné bizin protez li.»