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Manière de voir: les deux mythes de Belle-Rose –Quatre-Bornes

1 juillet 2017, 08:38

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Manière de voir: les deux mythes de Belle-Rose –Quatre-Bornes

Quand Roshi Bhadain a fait l’éloge des habitants de Sodnac, Quatre-Bornes, comme des gens intelligents, il a peut-être signé son arrêt de mort électoral et politique. Comme Bhadain, d’autres Mauriciens croient dans le mythe tenace selon lequel c’est Sodnac qui «fait» les élections dans la circonscription de Belle-Rose–Quatre-Bornes.

Puisque la candidature de Bhadain inspire l’alignement d’Arvin Boolell chez les travaillistes et possiblement celle de Nita Juddoo ou de Vijay Makhan, ou encore de Satish Boolell, chez les Mauves, une telle démarche est inspirée d’un autre mythe encore, c’est-à-dire que la composante de la population qu’on appelle Baboojee-Maraz (BM) détermine le verdict de l’électorat du nº 18.

Les mythes sont créés par des perceptions qui ne sont pas nécessairement ancrées dans les réalités. Pour ce qui est du mythe de Sodnac, ce quartier de Quatre-Bornes pèse définitivement moins lourd dans la balance démographique que cité St-Jean, Belle- Rose, La Source, Berthaud et les rues adjacentes à Ollier. La grande majorité des électeurs habitent dans ces quartiers. Ils sont pour la plupart de modestes salariés sinon des ouvriers. Pourtant, le jour du scrutin, les candidats ont tendance à passer davantage de leur temps à l’école Sir Veerasamy Ringadoo, à Sodnac.

L’autre mythe : diamonds cutting diamonds. Voilà que le futur candidat Bhadain invite et le Parti travailliste (PTr) et le Mouvement militant mauricien (MMM) à aligner son semblable sociologique pour la partielle. D’où vient ce mythe ? Une tradition historique ? En 1967, le PTr y aligna Sachitanandsing (Eden) Balgobin. En 1976, ni le Labour ni le MMM n’y alignèrent de candidat BM. Mais en 1982, le PTr (Thumba Naik) et le MMM (Kailash Ruhee) vont créer un template pour cette circonscription.

En 1983, le tout nouveau parti, le Mouvement socialiste militant (MSM), présente Anil Gayan dans la circonscription et le MMM revient avec Kailash Ruhee. En 1987, le template est respecté. Cette fois-ci, le MSM y aligne Balkrishna Gokulsing et le MMM, Anju Bhagat née BM mais mariée à un Vaish.

En 1991, la machine de guerre MSM-MMM présente Kailash Ruhee et le PTr Gokulsing, qui avait changé de camp. En 1995, le MSM abandonne le template et aligne Raj Gaya. La nouvelle alliance PTr- MMM respecte le template et Dan Bhima est élu.

Aux élections de 2000, le MSM-MMM présente Sushil Khushiram et le PTr-PMSD, Kailash Ruhee. En 2005, les partis souscrivent au template en présentant Nita Deerpalsing et Sushil Khushiram. En 2010, le MMM et le PTr respectent toujours le template avec Vijay Makhan pour le MMM et toujours Nita Deerpalsing chez les travaillistes. En 2014, enter le grand Bhadain pour le MSM et Nita Deerpalsing est candidate de nouveau.

Sur quoi est construit ce fameux template ? Les données sociologiques et démographiques de la circonscription indiquent des réalités qui remettent fondamentalement en question les mythes entretenus par les partis politiques traditionnels. En fait, comme lors de l’élection de Barack Obama aux États-Unis ou encore celle de Donald Trump, il suffirait à des stratèges de bien étudier les réalités sur le terrain et construire à partir de là une nouvelle majorité ou au moins une composante dominante.

Émanant des spécialistes des élections, surtout quand le pays est appelé aux urnes, des chiffres sont publiés dans les journaux mauriciens sur les réalités sociologiques des différentes circonscriptions du pays. Ces listes sont établies à partir des registres électoraux. En se basant sur le patronyme des votants, on peut toujours dresser leur profil.

De tels exercices laissent croire que c’est la composante hindi-speaking qui domine dans le nº 18, avec 37 % des votants. Ces 37 % sont sous-divisés en 14 % Vaish, 9 % Ravived, 8 % Baboojee-Maraz et 6 % Rajput.

La partie non-hindi-speaking comprend 12 % de tamouls, 4 % de télougous et 3 % de marathis.

La deuxième plus importante composante de cette circonscription, c’est la population générale avec 29 % des votants. Les musulmans font 12 % et les Mauriciens d’origine chinoise, 3 %.

Une seule fois dans l’histoire électorale du nº 18, un parti politique avait tenté un regroupement de toutes les «minorités» contre la composante hindi-speaking alors associée aux travaillistes. Ce fut aux élections générales de 1967 quand le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) remporta les trois sièges de Belle-Rose et de Quatre-Bornes, qui, avant le regroupement en une entité, avaient traditionnellement voté travailliste mais qui avaient commencé à ressentir l’offensive du Parti mauricien depuis 1963 déjà.

Dans la joute qui s’annonce dans le nº18, il serait intéressant de savoir quelle stratégie le PMSD va adopter et si le MSM participe à la partielle, quel sera son plan de guerre. Vont-ils think the unthinkable ?