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Le spectre du dopage

8 juin 2018, 12:02

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L’affaire Gameloft-EPO en 2016 – dont le dénouement se fait toujours attendre alors que les circonstances dans lesquelles le cheval avait été tampered with n’ont jamais été connues même si le Mauritius Turf Club pense avoir reconstitué le puzzle – avait ébranlé l’industrie hippique mauricienne. D’autant que c’était la première fois qu’un coursier avait été testé positif à l’EPO.

Moins de deux ans plus tard, un double cas de dopage survenu en l’espace de 15 jours vient gâcher le début de la saison 2018. Ce qui a causé une onde de choc, qui atteint de plein fouet non seulement l’écurie Rousset, la première victime de ces tristes événements, mais aussi le MTC et toute l’industrie des courses dans leur ensemble. Ce qui s’est passé dans l’enceinte de l’écurie Rousset peut se répéter au sein d’autres établissements. Car personne n’est à l’abri du dopage qui a de tout temps existé. Le temps des viandes avariées consommées par les athlètes grecs et les vertus stimulantes du ginseng dont profitaient les Chinois est révolu. Place de nos jours aux stéroïdes anabolisants, aux moyens scientifiques poussés et dont l’utilisation trompe la vigilance des autorités.

Les moyens interdits mis en place dans le monde du sport pour augmenter les capacités physiques ont évolué depuis la première ébauche d’action antidopage en Europe dans les années 60, à la suite de la mort du Danois Knut Jansen à Rome. Les premiers tests eurent lieu en 1968 à Mexico.

A Maurice, précisément au Champ de Mars, vu l’ampleur que prenait le dopage, le MTC, alors esseulé dans ce combat, en prenait note et, à coups de millions de roupies, il fit de son laboratoire – qu’il cèdera plus tard pour Rs 20 millions à QuantiLab (une erreur ?) – l’un des plus sophistiqués de la région. Du reste, une bonne partie des recettes annuelles de l’organisateur des courses est gommée par le combat contre le dopage à travers les blood tests effectués sur tous les partants d’une journée de courses. Quelque Rs 110 millions en cinq ans !

Mais il existe encore des moyens pour contourner cet exercice de contrôle. On en a eu la preuve. Double preuve même ! Les blood tests ne peuvent tout révéler. Maxamore et Aspara avaient tous deux subi ces tests avant de participer à leurs courses respectives qu’ils avaient, du reste, survolées. Des tests subséquents post-race ont démontré qu’ils n’étaient pas drug free au moment de fouler la piste. Des lacunes existent, mais on croit savoir que le MTC ne peut malheureusement aller au-delà de ce qu’il fait déjà pour des raisons purement financières. Voilà pourquoi il fallait résister à la vente du laboratoire.

Quand on sait que le gouvernement refuse de renvoyer l’ascenseur pour soulager la filière hippique – si ce n’est que la critiquer à tort et à travers –, la compensation ne pourra que venir du côté de la sécurité. Là également, rien n’est comme avant, comme dans les années 80 par exemple. La surveillance, à un certain moment, était devenue tellement rigoureuse que de nombreuses voix s’élevaient dans un passé pas trop lointain contre le traitement accordé aux chevaux, qui étaient privés de leur liberté tant ils étaient mis sous cadenas lors de leur période under surveillance.

Maxamore et Aspara ne peuvent être traités comme des cas isolés, car ils viennent rappeler au MTC et à tous ceux impliqués dans l’industrie des courses que le dopage guette toujours. Prêt à s’infiltrer à tout moment, quels que soient les moyens de prévention adoptés par ceux qui le combattent.

Les événements de la semaine dernière, qui ont conduit à l’arrestation d’un palefrenier, qui exerçait aussi comme gardien d’écurie, et à celle de deux autres personnes, dont un policier affecté à la VIPSU, ont aussi débouché sur le retrait forcé de tous les partants de l’écurie Rousset pour, selon un communiqué de l’entraîneur Gilbert Rousset, «protéger au maximum l’intérêt des turfistes et l’intégrité des courses».

Fallait-il en arriver jusque-là lorsqu’on sait que le MTC avait donné des garanties que tous les partants de cette écurie (testés négatifs après leur retrait) allaient subir des examens approfondis avant d’être autorisés à participer à la 10e journée ? L’écurie Rousset et le MTC ont-ils dû céder à des pressions externes ?

Plus les courses avancent, plus les prérogatives semblent changer de main !