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Doing a disservice to India

25 août 2018, 08:24

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Le gouvernement, de par ses maladresses engendrées par sa stratégie de clientélisme électoral, fait un immense tort au prestige de l’Inde, aux yeux de la population mauricienne. C’est ce qu’on pourrait conclure à la lumière d’un communiqué émis récemment par le haut-commissariat de l’Inde à Port Louis.

La ministre des Affaires étrangères de l’Inde, Sushma Swaraj, l’a dit au leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval : son pays n’a aucun agenda caché ou secret dans ses accords avec Maurice. Duval pouvait alors se permettre d’extrapoler pour affirmer que c’est du côté mauricien qu’on couvrait d’une chape de confidentialité les accords conclus avec la Grande péninsule. Les Indiens sont venus confirmer leur position par le biais de ce communiqué du haut-commissariat de Maurice : ils n’ont rien à cacher. Toutefois, puisque le gouvernement mauricien cherchait à maintenir la confidentialité, l’Inde ne pouvait mettre Port-Louis en porte-à-faux et révéler la nature de ces accords.

Avec sa politique d’opacité totale, Port- Louis met l’Inde dans une fâcheuse position, surtout sur Agalega. Avec tout le mystère entretenu par Port-Louis sur deux grands projets d’infrastructure à être entrepris à Agalega par les Indiens, le gouvernement ne fait qu’alimenter des théories de conspiration les plus fantaisistes. On voit déjà à Agalega une grande base aéronavale avec des destroyers et des sous-marins ancrés dans la rade et des bombardiers et des chasseurs atterrissant et décollant d’une piste aérienne de trois kilomètres presque comme celle de Diego Garcia. Le pays n’étant pas totalement exorcisé d’une campagne anti-Inde menée pour récolter des gains politiques et électoraux, il n’est pas difficile d’imaginer ce que pense une très large frange de la population d’une implantation militaire indienne sur Agalega.

Les Indiens pourtant prennent pas mal de précautions dans leurs dealings avec Maurice. Ce n’est pas par quelque réflexe frivole que la ministre Swaraj a tenu à rencontrer Duval, Paul Bérenger et Navin Ramgoolam lors de sa visite à Maurice. D’après les traditions protocolaires mauriciennes, les visiteurs de marque ont une rencontre programmée avec le leader de l’opposition. Mais Paul Bérenger et Navin Ramgoolam ? L’Inde a voulu faire comprendre qu’il n’est pas le bienfaiteur du MSM mais voudrait se placer au-dessus de nos querelles. Le MSM, par contre, s’est comporté en agent exclusif de l’Inde. Ainsi, en reprenant des images d’archives sur les visites à Maurice de l’ancien Premier ministre indien Atal Bihari Vajpayee, la MBC s’est couverte de ridicule en trafiquant les enregistrements vidéo pour en exclure l’ancien Premier ministre Ramgoolam qui recevait le leader indien. D’autre part, la décision d’orner littéralement le pays de drapeaux indiens dans le cadre de la conférence internationale sur le hindi s’inspirait d’une grossière manoeuvre diplomatique. C’était une rencontre internationale avec des participants venus de plusieurs pays, pas uniquement de l’Inde. C’est seulement pour les visites d’un chef d’État ou de gouvernement qu’on sort les drapeaux du pays concerné. De plus, la décision de mettre les drapeaux de Maurice en berne au même titre que ceux de l’Inde après la mort de Vajpayee n’était pas justifiée.

Comme si les maladresses n’étaient pas suffisantes, on a récolté une grosse perle de la bouche du ministre mentor quand il a présenté Maurice comme le «fils» de l’Inde. Cette déclaration a provoqué une grande réaction d’hostilités envers l’Inde et sir Anerood lui-même. Des internautes lui ont fait remarquer que tous les Mauriciens ne sont pas d’origine indienne. On a demandé au ministre mentor si vraiment il sentait une telle affection filiale pour l’Inde, pourquoi conserve-t-il encore son titre de «sir» comme chevalier de Sa Majesté britannique ?

Jouer la carte hindi et indienne pourrait s’avérer tentant surtout qu’on entrevoit à l’horizon l’ombre des élections générales. Après tout, Maurice réclame systématiquement l’introduction du hindi comme une langue des Nations unies. Ce qui quand même donne un trait particulier à la diplomatie mauricienne surtout que les Indiens eux-mêmes apprennent systématiquement l’anglais afin de se faire accepter comme médecins, informaticiens et gestionnaires dans les pays les plus avancés du monde.

Leçon d’histoire du recours à la carte indienne : en 1976, quelques mois avant les élections générales, Mme Indira Gandhi, alors Première ministre de l’Inde, visita Maurice, afin de booster les chances de sir Seewoosagur Ramgoolam, menacé par le MMM hyper-agressif. Quand les résultats des élections furent proclamés, on apprit que le Parti travailliste avait perdu des sièges dans toutes les circonscriptions rurales, à l’exception des n°s 5 et 11. Il y fallut d’une alliance postélectorale avec le PMSD pour que le Labour reste au pouvoir.