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Potsam Express, le licking de PJ et la teinture «corbeau» de SAJ
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Potsam Express, le licking de PJ et la teinture «corbeau» de SAJ
Aux termes des amendements apportés aux lois sur l’information et la communication par le biais de la Judicial and Legal Provisions Act, quiconque qui, en parodiant Metro Express, parlerait de Potsam Express ou de C… Express, risque d’être condamné à dix ans de prison. L’indignation des habitants de Rose-Hill a été bien profonde quand des matières fécales ont envahi leur cour suivant de fausses manœuvres de Larsen & Toubro qui ont provoqué la rupture d’un principal conduit du système de tout-à-l’égout. Mais si dans un profond mouvement de colère, un habitant ose qualifier le projet de Potsam Express, ceux «annoyed» par ces remarques pourraient bien faire initier des poursuites judiciaires.
De même, après que Kalyan Tarolah a exhibé différentes parties de son anatomie par le truchement d’outils de communication, gare à celui qui oserait qualifier le député du MSM de «petit». L’honorable membre qui avait tenté de jouer au grand séducteur serait bien «annoyed» par des remarques sur ses limitations. L’auteur risquerait de fortes amendes et dix ans de prison. Et si un internaute déniche une ancienne photo de sir Anerood Jugnauth à la crinière blanche et la compare au new-look «noir corbeau» de 2018, il risquerait la prison. Le ministre mentor, connu pour son attitude «ar mwa pena katakata», pourrait bien faire une déclaration à la police pour avoir été annoyed.
Quand il s’agit de Pravind Jugnauth qui aime parler tous sali, cigare ou licking of other parts, gare au psychologue amateur qui ayant mal maîtrisé les grandes théories de Freud tenterait de jouer au petit malin. Si Lakwizinn se sent annoyed face à de telles remarques, mobilisation immédiate des hommes de Mario Nobin, fouilles minutieuses au domicile de l’internaute, saisie de ses appareils, comparution en cour et opposition à une demande de remise en liberté sous caution.
Voilà les risques de graves sanctions qui existent sur le papier pour les internautes. Dépendant de la volonté des Mauriciens de résister à cette tentative de museler la liberté d’ex- pression, la nouvelle loi pourrait bien être condamnée à n’exister que sur le papier. Car il sera techniquement très difficile pour le gouvernement et la police de sévir suivant chaque commentaire sur Facebook qu’un ministre ou autre nominé de Lakwizinn aura jugé annoying. Combien de policiers seront-ils déployés à cette tâche ? Qu’adviendrait-il aux autres fonctions de policing dont la lutte contre la drogue, le contrôle du trafic routier, les vols et hold-up, les agressions, la traque contre les étrangers en situation irrégulière ? Combien de cas seront soumis devant les tribunaux ?
Bien sûr, on assistera à quelques attaques ciblées comme dans le cas de Shameen Korimbocus, qui est baséà Dubaï, principauté qui pourrait bien être tentée de faire plaisir au gouvernement mauricien en raison de ses vastes intérêts économiques, dont les dessertes de la compagnie Emirates. Mais le régime mauricien parviendra-t-il à dompter les autres internautes hyperactifs, dont le pugnace et inimitable Paul Lismore ? Dans son dernier post sur Facebook, Paul Lismore annonce que rien ne va changer pour lui. «Well, I don’t intend to stop writing. Nothing will stop me mocking those who have a big stick up…» écrit-il.
Comment les autres Mauriciens vont-ils réagir ? Il est fort possible que certains tenteront de paralyser le système, en trouvant des moyens de faire renvoyer leurs procès au-delà des prochaines élections, tablant sur un changement de gouvernement qui pourrait tout annuler, la législation comme les poursuites. Il est aussi à prévoir que quelqu’un ayant un locus standi entame un procès pour contester la constitutionnalité des récents amendements. Cette affaire pourrait finir par être portée devant le conseil privé de la reine.
La tentative de Lakwizinn de limiter la liberté d’expression pourrait aussi avoir un effet négatif sur l’image de marque du pays auprès des organisations internationales, dont des instances des Nations unies très vigilantes et aussi critiques envers Maurice ces derniers temps. Il faudrait aussi voir les réactions des instances qui donnent des notes à Maurice, dont la Fondation Mo Ibrahim. L’Executive Secretary de cette fondation a déclaré à l’express, dans une interview publiée hier, que «si la liberté d’expression est restreinte, Mo Ibrahim en prendra compte». Des organisations comme l’OCDE, l’Union européenne et le Département d’État américain pourraient elles aussi réagir de même que les instances africaines chargées de faire des peer reviews sur Maurice.
C’est surtout de la diaspora mauricienne qu’on devrait attendre les réactions les plus vigoureuses. La grande majorité des Mauriciens sont établis dans des pays civilisés où aucun gouvernement n’oserait tenter le coup de bâillon dont a été victime notre compatriote Shameen Korimbocus à Dubaï.
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