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Oui, il y a nuance…
Les courses de chevaux, c’est la poule aux œufs d’or. Personne n’a dit le contraire jusqu’ici. Ni les opérateurs du betting, ni le MTC et encore moins l’Etat ! Pourtant, tout le monde s’en plaint. C’est un paradoxe énorme qui trouve son origine dans un différend fondamental entre l’organisateur des courses et l’Etat. Cette guerre ouverte ne date pas d’hier. Elle n’a pas été déclenchée par la GRA de Gulbul ou de Bheekarry, mais plutôt en mars 1999 avec la publication d’un White Paper par le gouvernement d’alors.
Au centre d’un premier gros désaccord : la conviction de l’Etat que «there are at present two recognised racing organisers, namely the Mauritius Turf Club (MTC) and the Compagnie Mauricienne d’Hippodrome (CMH)». D’où l’ambition des autorités gouvernementales d’instituer une Mauritius Turf Authority, convaincues qu’elles étaient que «there is a broad agreement that the system does not operate in the manner it should». A cette époque, la CHM – alors que le projet au Domaine Les Pailles avait déjà franchi le stade de présentation – était déjà détentrice d’une licence que lui avait accordée – pour des raisons inavouées – le gouvernement de SAJ quelques années plus tôt.
Le Livre Blanc publié par le gouvernement avait pour objectif d’expliquer «the policy proposals of Government to ensure that horse racing continue to grow as a popular pastime and that the inescapable business activity associated with it e.g. betting is conducted in the most transparent manner possible». C’est de là que sont parties les premières envolées entre l’Etat et le MTC puisque l’organisateur des courses n’avait pas tardé à donner la réplique au gouvernement deux mois plus tard dans un document qui fait, entre autres, état d’une «gross over-reaction» à une situation qui est très largement sous contrôle et du risque que représenterait la Turf Authority telle qu’envisagée «à long terme pour l’indépendance et la bonne marche du Club».
Depuis, durant les 20 ans qui ont suivi, le MTC et l’Etat n’ont jamais regardé dans la même direction. Ce qui a inévitablement débouché sur le refus systématique des autorités à faire plus que ce qu’elles faisaient déjà, ayant échoué dans leur tentative de ramener le MTC au rôle d’un acteur passif sur l’échiquier hippique.
A-t-on voulu savoir le pourquoi de cette résistance, alors qu’une industrie hippique épanouie rapporterait encore plus à l’Etat ? La réponse se trouve peut-être dans un des discours de l’ancien président Gilbert Merven. Prononcé début 2013 lors de l’assemblée générale annuelle du Club. «J’ai l’impression que la majorité d’entre nous ne fait aucune différence entre le MTC en tant que club privé et l’industrie hippique. Aux yeux des autorités, ce n’est pas le cas et c’est là justement où le bât blesse. Les autorités veulent bien aider l’industrie des courses, mais ne trouvent aucune nécessité à aider le MTC en tant que club privé. Il y a là une importante nuance. C’est à nous de corriger cette ambiguïté. D’où la nécessité d’amender nos statuts nous permettant d’agir pleinement comme une entreprise active et souveraine.»
Mais existe-t-il vraiment une volonté à la rue Eugène Laurent de «corriger cette ambiguïté» ? Le MTC est-il prêt à franchir le Rubicon et répondre aux exigences de la Companies Act ? Ou veut-il toujours se cacher derrière ses statuts – protecteurs pour un club privé, mais dépassés pour un organisateur des courses qui se veut moderne – tout en souhaitant, en même temps, une helping hand de l’Etat ?
C’est pourquoi ce n’est pas demain la veille que le MTC et l’Etat feront converger leurs efforts vers un objectif qui garantirait une solution durable à leur conflit.
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