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Du privé et du public
Le secteur privé mauricien est à la croisée des chemins. Il représente 80 % de l’emploi dans le pays. Il aide largement à financer l’existence du secteur public, de ses employés, de l’état providence. Le pays dépend grandement de l’activité privée pour croître. Cependant, il vient d’être rudement secoué par le Covid-19, puisque ses ventes découlant de ses opérations stoppées nets durant le confinement et sérieusement ralentis, postconfinement, ne retrouveront pas les niveaux de 2019 de sitôt. Et il ne saurait imprimer des billets neufs à la place. Le gouvernement en est bien conscient puisqu’il a dû, pour empêcher des licenciements et des fermetures d’entreprises, intervenir, notamment à travers un «Wage Assistance Scheme» et des prêts adoucis à la SIC et à la DBM, notamment pour les PMEs. De plus, toute compagnie «systémiquement importante» dans le tissu économique local peut aller chatouiller les caisses de la MIC, filiale de la Banque centrale qui mobilisera, si tout va bien, Rs 80 milliards, à partir de l’excédent de liquidités se trouvant dans les circuits financiers.
Cependant, en parallèle de son constat de l’importance du secteur privé dans l’économie, le gouvernement décide, au même moment, de le faire passer à la caisse. S’il s’agit de faire payer une «Solidarity Levy» exceptionnelle pour une circonstance exceptionnelle, personne ne pourra trop en discuter, surtout pas moi et surtout si, comme promis, personne ne paiera plus que 25 % de ses revenus. Cependant, cette taxe exceptionnelle, si elle devait perdurer, mettrait un terme fracassant au label de «low tax jurisdiction» qui nous avait si bien servi pendant ces dernières années et qui était largement responsable d’avoir attiré des expatriés, ainsi que leurs capitaux, encouragé bien de nos jeunes diplômés à retourner au pays et convaincu de nombreux citoyens à devenir entrepreneurs.
Personne ne sait, à ce stade, ce que contiendra la «Finance Act», mais s’il devait contenir, comme dans le discours du Budget, une «Solidarity Levy» sans «sunset clause» et qui ne s’applique qu’aux citoyens mauriciens et que l’«effective tax rate» dépasse 25 %, les conséquences négatives seront colossales ! La taxe envisagée sur le chiffre d’affaires avait déjà passé un message de folie fiscale on ne peut plus clair ! Cette intention déclarée ne se concrétisera pas, apparemment, maintenant, mais la motivation derrière cette idée n’a cependant pas été gommée et a laissé voir des appétits bien réels ! Quant à la CSG, qui est, répétonsle, une «payroll tax», le gouvernement remplace le NPF, qui est un système de pension véritable, que l’on pouvait certes améliorer, par une contribution «Pay As You Go», qui ne permet que de respecter, in extremis, une promesse électorale illusoire et non chiffrée, mais qui laisse, après 2024, toute la charge et la responsabilité des déficits prévisibles sur les épaules de ceux qui travailleront, alors, «pour leurs vieux» ! Pour l’employeur, outre les 6 % payables sur la masse salariale de ceux touchant + Rs 50 000, il faudra, jusqu’à preuve du contraire, aussi penser aux 4,5 % du «Portable Retirement Gratuity Fund» ! Ça n’augmentera pas les chances de recruter ou d’accorder des augmentations… «Adding insult to injury», ceux qui vont voter POUR cette CSG au Parlement ne devront pas la payer, à moins d’une surprise ! Comme tous les employés du secteur public d’ailleurs, pénards avec leurs fonds de pension garantissant deux tiers de leur dernier salaire ! Autre ignominie de cette proposition, évoquée lors de la causerie de l’Association des actuaires du pays, au Caudan Centre, jeudi, les «self-employed» qui pour Rs 150 de contribution par mois (et s’ils ne sont pas «means-tested», puisque c’est apparemment trop difficile ou humiliant), recevront Rs 4 500 à leur retraite, à partir de 2023, qu’ils soient artisans d’occasion (Ok) ou professionnel à son propre compte (médecin, avocat, professeur de leçons particulières, notaire, ingénieur, etc… pas Ok). La pension de vieillesse, qui reste universelle, se paiera toujours à partir de 60 ans, quel que soit l’âge auquel on cessera de travailler… La volonté politique de réforme raisonnée semble faible.
Le secteur privé ne se montre pas sous son meilleur profil quand un de ses membres «réussis», Mr Roopesh Hematlall, fait le mur pour ne pas se soumettre à 14 jours de quarantaine, ou qu’un autre, Mr Thierry Lagesse, veut «casser la gueule» à un policier aux Casernes ou se soustraire à ses responsabilités fiscales normales. Ou que la MCB, respectée jusquelà, choisit de ne pas publier son «MCB Focus» pendant 12 longs mois, pour ne prendre, selon certains, personne à rebrousse-poil, pendant une période controversée. Mais il a le mérite d’exister, ce secteur privé, qui est, en général, bien plus efficient que le secteur public à conditions égales (non monopolistiques, par exemple) ; qui est sans doute plus efficace pour piloter du CSR – depuis kidnappé par une bureaucratie étatique de plus ; qui est le secteur qui prend des risques avec son propre argent – pas celui des autres ; qui, généralement, évite les projets de prestige sans rendements… Espérons seulement que la «Finance Act» ne vienne pas démotiver un secteur qui a bien besoin de carburer si le pays souhaite progresser. Une question cependant : Pourquoi le secteur privé se défend-il aussi mal, alors que sa voix a besoin de se faire entendre et respecter ? D’autant que la pensée centralisée et unique n’a jamais fait de bien à personne… Demandez donc à l’Association des actuaires, et pensez CSG !
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Si notre pays a démontré quoique ce soit de positif au cours de ces derniers mois, il faudrait bien y inclure notre maîtrise du Covid-19 et la démonstration que nous pouvons, comme un peuple, être à la fois solidaire et discipliné quand on le souhaite. Quand on compare nos trois derniers mois de confinement à Maurice, le respect général du couvre-feu, les élans de solidarité vis-à-vis des moins fortunés, la conduite exemplaire des «frontliners», une équipe, au ministère de la Santé, dynamique et compétente – qu’il s’agisse de Covid-19 ou de malaria d’ailleurs, le respect de l’alphabet et les queues bons enfants devant les commerces ; j’aurais tendance à dire que tout n’est pas perdu, malgré les quelques «gran nwar» qui refusaient distanciation sociale ou masque, les évictions de squatters authentiques, une MBC plus veule que jamais, le comité disciplinaire pour le professeur Narsinghen et la tentative aberrante de remplacer, au MSB, la professionnelle qu’est Mme Nanuck par la… qu’est Mme Bhoygah. C’est vrai qu’une petite île a plus de chance de contrôler une épidémie contagieuse, mais quand l’on voit le leadership des «gran nwar» que sont Trump, Putin, Bolsonaro et autres, on peut sans doute se permettre une réelle parenthèse de fierté, d’autant qu’elles ont été rares récemment. L’ouverture des frontières demandera la même approche, forgée à la fois dans la discipline et l’empathie. Cette ouverture est nécessaire, mais elle ne sera pas sans risque.
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Frisson ! Le rapport sur le crash d’un A 320 de la PIA au Pakistan le 22 mai parle de faute professionnelle au niveau des pilotes. C’est le 10e accident majeur de la PIA ! Dans son sillage, un tiers de ceux qui sont aux commandes, soit 150, sont mis sur la touche, pour cause de «fausses licences» de pilote ! Le mal est plus général : en cinq ans, 466 autres employés avaient présenté de fausses qualifications à la PIA, qui souffre, pas de surprise, de l’interventionnisme de l’État et de l’armée. Résultat ? Le ratio employé par avion est le deuxième plus élevé au monde ! Et, en faillite, elle a encore besoin de sérum.
La PIA est bien pire qu’Air Mauritius, bien sûr, mais, selon IATA, elles font toutes deux partie des 25 % de compagnies aériennes contrôlées par des gouvernements plutôt que des compagnies privées. Pendant que l’on considère sérieusement de privatiser la PIA, à Maurice, on insiste et on aligne encore Rs 9 milliards au budget national au motif, ce que tous répètent avec conviction, que MK est la «pierre angulaire» du tourisme. Or, ce ne seront jamais les concurrents qui manqueront à l’appel pour transporter les touristes, n’est-ce pas ? La question clé n’est donc pas d’ordre stratégique*, mais bêtement d’ordre financier : dans le monde concurrentiel difficile des trois prochaines années, MK peut-elle être gérée professionnellement et générer des profits ?
*Si l’on veut essayer une nouvelle route aérienne, on peut toujours établir un contrat d’essai motivant et payer une compagnie d’aviation. Ça coûtera sûrement moins cher que de rouler à perte ?
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