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La voix de tout un peuple !
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La voix de tout un peuple !
La masse silencieuse s’est exprimée une nouvelle fois. Non pas aux élections, mais pour sauver nos lagons. Oui, Monsieur le Premier ministre, le peuple vous donne une véritable leçon d’engagement face à vos balbutiements dans le naufrage du Wakashio à Pointe-d’Esny. La voix de tout un peuple résonne au Mahébourg Waterfront, à Rivière-des-Créoles, à Falaise Rouge, aux abords des zones sinistrées et ailleurs dans le pays. Elle s’exprime à travers des gestes et des actions concrets.
Sachez, Monsieur le Premier ministre, que le peuple mauricien est souverain. Il a beau choisir ses dirigeants à coups de promesses ou d’affinités politiques, lorsqu’il s’agit de protéger le bien commun, il réagit avec force. Constatez le travail abattu par Eco-Sud, des militants écologistes, des activistes de Rezistans ek Alternativ, des individus et des ONG face à l’inaction des autorités. Vous remarquerez que nous ne possédons que ça : notre nature, nos plages, nos montagnes, notre pays comme patrimoine. Même s’il s’amenuise avec le béton et l’érosion.
Des mains, petites et grandes, depuis jeudi soir, s’attellent à ériger une barrière contre la nappe de fioul qui s’est déversée dans le Sud-Est. Ces petits gestes qui font bloc face à la marée noire. Soyons honnêtes, c’est une catastrophe écologique sans précédent et c’est aussi de l’incompétence de n’avoir pu prédire ce qui allait se produire. Face à l’attentisme, le peuple s’est affranchi pour sauver son environnent et l’héritage de ses enfants. Oui nos enfants et futurs enfants vont nous pointer du doigt si on ne leur laisse que des plages diminuées comme peau de chagrin et un écosystème réduit à néant.
Cher Monsieur le Premier ministre, ce n’est pas vous qui vouliez marcher la main dans la main et croire qu’ensemble tout est possible ? Or, cet élan de solidarité est entaché d’un règlement, émis suite à une Emergency Environment Declaration pour décréter des zones Restricted Areas, vendredi.
Cette «gazetted Regulation» laisse planer un doute : vise-t-elle à limiter ou freiner les volontaires qui veulent s’aventurer dans ces zones pour la bonne cause ? Ce document aurait dû être plus explicite et demander aux Mauriciens de joindre leurs forces aux ONG plutôt que de brandir une épée de Damoclès avec une expulsion express et une amende, voire une peine de prison. Ceci est dépassé sous état d’urgence. Des mises en garde contre les dangers ne vont pas faire reculer les Mauriciens voulant apporter leur pierre à l’édifice.
Aujourd’hui, nous assistons à ce que notre peuple sait le plus faire : montrer sa solidarité face à un danger imminent.
Un rapide coup d’oeil dans le rétroviseur montre que lorsque les dirigeants et les administrations sont englués dans la bureaucratie, le peuple agit. En attendant les rapports des experts, le Mauricien est libre de choisir ce qui lui semble juste. Le 30 mars 2013, lorsque le pays était touché par des inondations sans précédent où 11 personnes ont perdu la vie, la solidarité mauricienne s’est mise en place sans demander l’autorisation. Les régions de Pailles, Grande-Rivière Nord-Ouest, Tranquebar, le long du ruisseau du Pouce et autres agglomérations de Port-Louis n’avaient pas été décrétées Restricted Areas. L’ancien PM n’a pu que parler d’acte de Dieu et de la marge d’erreur des prévisions météo à aveugle faute de radar.
Idem lorsque le pays était en pleine crise sanitaire, le PM actuel avait décrété un total lockdown avec les commerces qui ont dû fermer, afin de réduire la circulation du virus. Le pays était sous cloche, pourtant les ONG, individus et entreprises se sont mobilisés pour la distribution de vivres pour les nécessiteux. Même si la distribution des packs promis par le gouvernement a pris quelques jours, la solidarité mauricienne a une fois de plus parlé.
Les Mauriciens ont la fâcheuse tendance à faire de l’ombre aux politiciens lors des actions citoyennes. Une fois en action, rien ni personne ne peut les arrêter. Voyez ces bouées fabriquées avec des aiguilles, du fil de nylon et de la paille pour contenir le fioul, car vos booms étaient inefficaces ou insuffisants. Voilà la preuve que le peuple n’est pas simple spectateur, mais aussi acteur. Monsieur le Premier ministre, vous avez vous-même donné l’exemple avec votre campagne afin d’embellir Maurice.
La voix du peuple doit être entendue lors des élections et hors des périodes électorales. Prenez note, les nuisibles ou les nuisances sont fiers de combattre ces nappes de fioul vraiment nuisibles à l’écosystème et qui représentent une nuisance pour le tourisme. Le peuple agit selon ses convictions et ses croyances.
Les politiciens et gouvernements vont et viennent. Chacun décide de la manière de mener les affaires du pays. Lors des élections, les Mauriciens semblent divisés, car ils croient dans une politique ou un leader. Mais une fois le scrutin terminé, ce qui nous réunit est tout ce qui compte. N’est-ce pas ça, l’harmonie ?
Ce qui cause le plus de tort, c’est que le peuple part du principe qu’il est dirigé par un gouvernement responsable qui tient à coeur les préoccupations de ses concitoyens. Ce n’est pas la première fois, ni la dernière, qu’un gouvernement viole son contrat de confiance avec ce peuple dit admirable. Oui, il est admirable dans son comportement et le respect des règles. Mais cette confiance qu’il vous a offerte le 8 novembre 2019 s’effrite au fil du temps.
Je ne vous demande pas de plonger, ni de réparer la coque, ni de retirer la nappe vous-même, mais des moyens et aussi plus de souplesse de votre part. C’est la moindre des choses.
Car nous avons nos bras, notre courage et notre solidarité pour sauver ce qui reste de la côte sud-est de nou mama later.
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