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Zimbabwe-sur-Mer
Jamais dans l’histoire moderne de Maurice les médias internationaux n’avaient aussi parlé de notre île. Dans le monde entier, les différents médias – télévisions, journaux, sites Web, médias sociaux – ont accordé une large place au naufrage du Wakashio, aux images de pollution dans le lagon et l’incompétence des autorités à pouvoir faire face à la situation avant l’échouement même du vraquier japonais.
Maurice n’avait jamais auparavant subi une telle publicité négative au niveau international bien qu’avant l’affaire Wakashio, l’inclusion de Maurice sur la liste noire des paradis fiscaux et centres de financement du terrorisme avait considérablement chiffonné l’image de marque de notre pays. Mais surtout égratigné plus que jamais par le ministre français Sébastien Lecornu quand ce dernier a tenu une conférence de presse à la Réunion après sa visite à Maurice en début de semaine.
Selon le ministre, comme rapporté dans l’express, quand «les autorités mauriciennes ont découvert le navire, il était déjà une épave». Ce fut un «jugement sans appel sur la capacité de surveillance maritime du gouvernement de Maurice». Toujours selon le ministre Lecornu, clairement totalement déçu des autorités mauriciennes, «le contrôle maritime mauricien n’a pas fonctionné comme il aurait fonctionné avec les Français».
Comme si il n’avait pas assez égratigné les autorités mauriciennes, le ministre Lecornu devait aussi «encore affirmer qu’un laps de temps significatif s’était déroulé entre le moment où le Wakashio a commencé à manifester un problème de direction et la réaction des autorités mauriciennes.» Jamais auparavant, un ministre d’une grande puissance, de surcroît un ancien pays colonisateur de Maurice, n’avait porté un tel jugement sur l’incompétence, l’inefficacité et l’impotence de notre gouvernement.
Et cela vient d’un ministre d’un pays qui fournit année après année le plus fort contingent de touristes pour Maurice. Si un ministre a décidé de faire une déclaration publique sur le régime de catastrophe à Maurice, qu’on ne dit pas en privé dans les milieux dirigeants des pays étrangers, surtout ceux de l’Occident ?
Et ces touristes fidèles qui ont adopté Maurice comme leur île de rêve et les visiteurs potentiels ? Comment vont-ils réagir devant le déferlement de toutes ces images sur le lagon fortement pollué d’une partie de l’île ? Un lagon qui a aidé à vendre à merveille pendant des décennies les trois ‘s’ du pays, à savoir le sun, le sand et le sea ? Certains pervers y ajoutent un 4e ‘s’.
Depuis quelque temps déjà, de nombreux internautes se font le devoir de dresser un parallèle entre Maurice et le Zimbabwe. Au Zimbabwe, l’ancien président Robert Mugabe avait fini par utiliser plusieurs recettes pour se maintenir au pouvoir malgré une gestion économique catastrophique. Il faisait sa Banque centrale imprimer des billets de banque pour les mettre au service du gouvernement. Au point où il fallait utiliser de milliers de billets de banque de son pays pour les échanger contre un dollar américain. Recette de Mugabe qu’on a adoptée à Maurice avec l’helicopter money. Autre similarité : Mugabe était implacable dans sa répression de l’opposition. Et il participait certes à des élections et il les remportait aisément.
Ceux qui avaient cru pendant un certain moment que Maurice était la Suisse sinon le Singapour de l’océan indien et de l’Afrique seraient sans doute en train de se poser la question si Maurice ne mérite pas plutôt le titre de Zimbabwe-sur-Mer.
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