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Now a GAFI blank cheque?

23 octobre 2021, 09:14

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Now a GAFI blank cheque?

Deux grands coups marqués par LaKwizinn dans la soirée du jeudi 21 octobre. Tout d’abord, les fidèles s’agglutinant à l’écran de la MBC ont sans doute apprécié la maîtrise de l’hindi de Kobita Jugnauth. Ce qui a le plus surpris les fans, c’est que son accent semblait naturel comme si c’était une langue qu’elle pratique couramment. Pravind Jugnauth lit des phrases en hindi dans un accent qui ne colle pas.

L’autre coup aura été la sortie de Maurice de la liste grise du Groupe d’Action financière (GAFI). La juridiction mauricienne n’est plus soupçonnée de blanchiment d’argent. Inévitablement, Pravind Jugnauth a sauté sur l’occasion pour s’autoglorifier. Ce serait comme si le gouvernement avec toutes ses institutions dont l’ICAC viennent d’obtenir un certificat de virginité politique.

Chastised, then chastened: Maurice l’a échappé belle. Cela réconforterait tous les Mauriciens qui croient dans l’avenir de leur pays et de leurs enfants, indépendamment des préjugés politiques et partisans. Il est vrai que le gouvernement a beaucoup œuvré ces derniers mois pour rassurer les pays occidentaux que nous sommes loin d’être un État-voyou. Devrait-on s’attendre que le gouvernement affiche la même détermination à promouvoir la bonne gouvernance et le bon respect de toutes nos traditions démocratiques ? Que le combat contre la corruption devienne encore plus énergique ? Et que nous gérions l’argent public dans la plus grande transparence ?

Le scenario du pire serait qu’enhardi par le verdict du GAFI, le gouvernement devienne encore plus arbitraire.

Un élément constant à retenir ces dernières années, c‘est qu’au niveau des dépenses du gouvernement, l’argent – le paissa – ne pose pas problème. On aurait l’impression que le gouvernement n’a de comptes à rendre à personne et qu’il n’est pas tenu à respecter les règles financières et économiques de base. On croirait qu’il existe une mine d’or au service du gouvernement. Où trouver Rs 6,5 milliards pour financer les nouvelles grilles salariales recommandées dans le dernier rapport du Pay Research Bureau (PRB) ? No problem, Babu.

En fait, ces Rs 6,5 milliards représentent quel pourcentage des Rs 80 milliards qui ont été allouées à la Mauritius Investment Corporation qui joue au Père Noël aux entreprises privées du pays ? Si le gouvernement n’a pas hésité à dépenser un milliard avec des contracteurs douteux dont Rs 476 millions pour des respirateurs défectueux, pourquoi hésiter à dépenser six fois plus à l’intention des 85 000 employés de l’État ? On n’a pas hésité une seconde à dépenser plus de Rs 400 millions pour des spots publicitaires de quelques secondes, avec le nom du pays mal écrit, sur le stade vide de Liverpool.

Les Mauriciens ont bien intériorisé l’idée qu’avec ce gouvernement, quand il est question de dépenser, on ne badine pas. D’ailleurs au moment même de l’installation au pouvoir des Jugnauth fin 2014, on devait apprendre que la mise en place d’un système de tramway irait de l’avant. Pourtant, avant les élections, le MSM avait écrit une lettre au Premier ministre Narendra Modi pour le dissuader d’aller de l’avant avec le projet. Maintenant, on y ajoute même une extension à Ébène.

Grands projets de tramway, petits projets d’arrêt d’autobus, rien n’arrête les distributeurs de contrat, surtout pas par un manque de fonds. Comme on le dirait en anglais, big cash, petty cash: all is grist to the mill. Ainsi, un arrêt d’autobus à Albion avec quatre feuilles de tôle et six poteaux en bois et un système de drainage d’eau aux abords, nécessitant quelques petits coups de pioche, a coûté Rs 1 600 000. On a dépensé Rs 95 millions au stade George V pour le transformer non pas en une piste de football digne de ce nom mais marécage pouvant accueillir une cressonnière.

Le financement de cet arrêt d’autobus avec quatre feuilles de tôle reflète bien un état d’esprit qui a fait ses preuves ailleurs. Par exemple, avec les Rs 19 milliards pour un projet de Safe City dont les caméras mystérieusement ne fonctionnent pas à un moment crucial d’une enquête policière. Ou encore les Rs 12 milliards qu’on vient d’allouer à Air Mauritius de Ken Arian. Auparavant, on a ‘jeté’ Rs 5 milliards sur le stade de Côte-d’Or. On ne parlera pas des Rs 20 milliards déboursées pour avoir si méchamment démantelé le groupe British American ni des Rs 6 milliards de Betamax.

Si la décision du GAFI est vraiment vue comme un certificat de virginité et que le gouvernement amorce un nouveau départ, tant mieux pour le pays. Le problème du gouvernement, c’est qu’il a trop de petits princes, de ‘triangueurs’ et de chasseurs de contrat (remember Pack & Blister) qui collent à ses basques. Le cri de jubilation de Navin Beekarry de l’ICAC après l’événement GAFI laisse planer bien de soupçons sur ce qui pourrait se tramer demain.