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Avenirs communs
Un groupe hôtelier qui affiche des profits ! Ce n’était pas arrivé depuis un moment déjà et dans le ciel corporate, ça a fait l’effet du coup de tonnerre qu’on entend avant les pluies bienfaisantes dont il est souvent annonciateur. Les résultats au 31 décembre 2021 du groupe Lux sont une sacrée bande-annonce pour la reprise économique de 2022, même si les profits (Rs 100 millions pour le semestre et Rs 453 millions pour le trimestre) sont en partie portés par les résultats des Maldives, de la Réunion et de la vente de villas à Lux Grand-Baie.
Il y aura donc un avenir pour le tourisme, alors qu’ils étaient nombreux à désespérer après les évènements malheureux de décembre qui venaient miner les attentes de ce mois phare de l’activité économique ? La liste rouge écarlate pour la France, la fermeture d’accès stupide pour l’Afrique du Sud, la fermeture de sortie sèche de la Réunion n’ont pas aidé, en effet. Un soupir de soulagement peut maintenant s’entendre chez de nombreuses personnes, dont les employés, pour sûr, les banques, la bourse, le MIC, le ministère des Finances, les fournisseurs de services et de produits de consommation, le secteur para-touristique. Remercions les touristes eux-mêmes, pour terminer, puisque c’est finalement leur appétit pour des vacances balnéaires dans notre pays qui rend tout le reste possible…
Mais enfin quel gâchis que nous ayons tenu le pays et son secteur hôtelier fermé pendant 18 longs mois, au motif de soi-disant se protéger du Covid alors que nous n’échappions quand même pas – ce qui était largement prévisible - ni aux contagions, ni aux mortalités. Nous aurions accéléré l’achat de vaccins et la vaccination et ouvert l’aéroport vers la fin de 2020, que nous aurions évité bien des désagréments d’ordre financier…
Il faudra toujours se rappeler à ce propos que la vague de mortalités «excessives» dues au coronavirus date du mois d’août 2021, soit deux mois entiers AVANT l’ouverture des frontières aux touristes ! Les chiffres de l’OMS indiquent d’ailleurs des faits identiques quant aux mortalités officiellement dues au Covid : juillet : 2 morts ; août : 14 morts ; septembre : 56 morts ; octobre : 123 morts ; novembre : 381 morts ; décembre : 192 morts ; et janvier : 52 morts au 28/01/22. La bonne nouvelle est donc que la «pointe» des mortalités est derrière nous puisqu’elle date de novembre. Voilà un autre ingrédient non négligeable qui aidera à doper un peu l’économie en 2022, d’autant que l’on va aussi, enfin, ouvrir l’école le 2 février !
Est-ce que cela va suffire pour endiguer et défaire les vents contraires qui soufflent en bourrasque sur tant de dossiers et tant d’indices économiques ? On ne peut que le souhaiter et on le saura bientôt.
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D’autres secteurs économiques débutent cette année avec quelques vents favorables, même si les indications sont indirectes. Ainsi les offres d’emploi, nous dit Business Magazine, qui cite des agences de recrutement, sont particulièrement positives pour les technologies de l’information et de la communication (TIC), le tourisme et l’externalisation (BPO). On pourra aussi, sans doute, compter sur un regain d’intérêt pour le secteur financier du Global Business maintenant que nous ne sommes plus (ou presque) sur des listes noire ou grise qui nous collaient désagréablement à la peau. Encore que les velléités de la MRA pour taxer certains dossiers à coup de millions de dollars ne vont pas aider dans ce monde où ce qui va bien reste discret et ce qui va mal se chuchote activement, y compris planétairement.
Les espoirs de construire sur l’intelligence artificielle, la technologie financière, le blockchain, l’impression 3D, la biotechnologie ainsi que la production de médicaments et de vaccins, avec essais cliniques à la clé, paraissent ambitieux dans un pays qui ne peut assurer son service d’eau 24/7 et qui connaît malheureusement des pannes de secteur occasionnelles sur son réseau électrique. De meilleures chances peuvent s’entrevoir pour l’économie verte, le gaming, une économie circulaire, l’industrie du chanvre, la gestion des déchets, peut être un port de meilleure réputation puisque bien plus productif… ?
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Ce qui se passe en Ukraine a de quoi faire peur, cent mille soldats russes étant massés aux frontières de ce pays. La Crimée et le Donbass ayant déjà été subrepticement «kidnappés» en faveur de la Russie dès 2014, Poutine tente systématiquement depuis de déstabiliser l’Ukraine afin de la ramener dans l’orbite russe. La situation est évidemment extrêmement complexe même si l’on ne se réfère qu’à l’histoire plutôt récente depuis la déportation des Tatars par Staline en 1944, le transfert symbolique de la Crimée de la République socialiste fédérative soviétique de Russie(!) à la République socialiste soviétique d’Ukraine(!) en 1954, et à la déclaration d’indépendance de l’Ukraine et de la Crimée en 1991, à la suite de la chute de l’empire soviétique (*)
Poutine a au moins un point dans son argumentation qui me paraît logique : si des missiles balistiques russes étaient jugées inacceptables à Cuba, à 150 kilomètres des États-Unis en 1962, pourquoi est-ce que le souci serait maintenant différent pour la Russie ? Peut-on comprendre que les Russes ne souhaitent donc pas voir de missiles à leurs portes, notamment dans des pays qui faisaient encore partie de la Russie jusqu’en 1991 ? Ainsi, les vapeurs de Poutine à propos du danger éventuel de missiles en Géorgie, en Ukraine, en Lettonie, en Lituanie ou en Estonie ne sontelles pas compréhensibles ?
Ce qui différencie les deux contextes cependant n’est pas à négliger non plus. Pour commencer, la Russie a déjà des voisins immédiats affichant des missiles nucléaires et qui ne sont pas nécessairement dans sa «zone d’influence». La Chine et la Turquie (comme membre de l’OTAN), par exemple, même s’ils sont plutôt amicaux ces jours-ci. D’autre part, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie sont déjà des membres de l’OTAN. Alors un de plus ou un de moins…
La vraie question se situe peut-être d’abord à ce niveau ? Si l’OTAN insiste sur son droit de recruter tous les pays qu’elle veut, n’aurait-elle pas intérêt à garantir à la Russie qu’elle ne déploiera pas de missiles balistiques ou nucléaires dans les pays limitrophes à la Russie – ne serait-ce que pour respecter le parallèle cubain ?
Et rapidement après, il y aura certainement un intérêt mutuel à reprendre des discussions sérieuses sur le contrôle des armes nucléaires (New START, INF) ; cette fois-ci en incluant la Chine qui est restée en marge de toute discussion, préférant jouer, contrairement à la transparence des Russes et des Américains dans START, à un certain degré d’opacité, et donc d’essayer de bénéficier de l’indécision des autres faces à son équation au moins partiellement inconnue… Cependant, à 2021, la Chine n’aurait possédé que 350 têtes nucléaires contre 5 550 pour les Américains (qui n’en déploient que 1 357) et 6 257 pour les Russes (qui n’en déploient que 1 456). Ils en possédaient 70 000 à eux deux, en 1984… (**). On a donc fait du sacré progrès depuis.
Ce n’est pas la seule lueur d’espoir. Le 3 janvier, de manière totalement inattendue, le P5 des nations nucléaires du Conseil de sécurité – Chine, Grande-Bretagne, Russie, France, États-Unis – émettait un communiqué conjoint prônant l’arrêt de la propagation des armes nucléaires, ayant reconnu que «a nuclear war cannot be won and must never be fought». (***)
Il était temps de le reconnaître explicitement !
Si seulement on pouvait maintenant convaincre et y inclure l’Inde, Israël, le Pakistan, la Corée du Nord, l’Iran… avant que ce virus-là aussi n’échappe au contrôle de l’humanité !
D’autant que ce virus nucléaire est sans vaccin et sans remède possible…
(*) https://www.aa.com.tr/fr/politique/chute-de-lempire-sovi%c3%a9tique-il-y-a-30-ans-seffondrait-un-mastodonte-g%c3%a9opolitique/2458138
(***) https://www.ft.com/content/c591d7e1-00f0-44d2-98f9-49f2574d2c37
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