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Ça va aller, mais nous pouvons faire mieux si…

6 février 2022, 07:32

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Ça va aller, mais nous pouvons faire mieux si…

Nous avons eu de la chance avec Batsirai !

Nous avons réceptionné un maximum d’eau pour remplir nos réservoirs et recharger nos nappes phréatiques, même si la douleur est vive de voir autant d’eau s’en aller vers l’océan ! Il y a relativement peu de dégâts matériels, ce qui ne nécessitera pas de budget particulièrement important pour la reconstruction. Tant mieux, par les temps qui courent ! Mais nous avons, tout de même, reçu un avertissement que les cyclones, c’est encore possible et qu’avec un peu de malchance, ce ne sont pas des vents de 150 km/h que nous aurions essuyés, mais ceux de 260 km/h estimés présents plus près du centre… C’est une occasion pour nos planificateurs, à tous les niveaux, de se poser la question à nouveau : «Si nous devons affronter pire, sommes-nous prêts ou est-ce toujours le fatras style Wakashio ?»

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Je ne suis aucunement mêlé à l’organisation des élections et, encore moins, au comptage des votes, mais ceux qui s’y connaissent vous diront qu’il est quasiment impossible de frauder de manière significative dans notre système actuel, les yeux des partis engagés et ceux de leurs agents étant partout, aux aguets. On avance parfois que l’on a fait voter quelques morts, on évoque la ‘personnification’ par des personnes malveillantes, mais tout cela reste non documenté ou marginal. Remarquez que pour un conspirationniste qui se respecte, il suffit de postuler que TOUS les agents des adversaires (100 %) sont achetés pour permettre ainsi à un complot d’opérer sans gêne…

Ce qui ne me paraît pas être particulièrement crédible…

Il est évident que 73 bulletins de moins dans les votes comptabilisés entre le jour des élections et le jour du ‘recount’ dans la circonscription no 19, ça ne fait pas 100 % sérieux. Cela fait tout de même 99,74 % sérieux, ce qui est 0,26 % de trop d’«à-peu-près». C’est certain ! Cependant, même si les 73 votes de moins avaient tous été, théoriquement, en faveur de Jenny Adebiro, elle n’aurait toujours pas gagné ! Il faudra donc mettre cet item au compte de l’erreur humaine ‘non matérielle’. Comme les deux bulletins de vote pourtant validés qui ne portaient pas le sceau de la commission électorale ? Je suis prêt à le croire aussi ! Une étude publiée par l’université de RICE, au Texas, en 2012, postulait d’ailleurs que le comptage manuel POUVAIT générer des erreurs de jusqu’à 2 % (*). Ceci ne veut évidemment pas dire que c’est tout le temps le cas, ni que ce taux est acceptable… En fait, si 2 % d’erreur est possible, c’est extrêmement rare (voir (***).

Un bulletin de la circonscription no 1 qui se retrouve dans une urne du no 19 cela ne peut pas, par contre, quelle que soit la circonstance, relever de la magie. Un scénario plausible verrait cependant un électeur du no 1 prendre son bulletin, le remplir et ne pas le déposer dans l’urne, le mettant, par contre, dans sa poche. Plus tard ce même électeur donne ce bulletin à un électeur-complice au no 19, qui le dépose dans l’urne, ce qui permettrait à ce dernier de sortir du bureau de vote du no 19 avec un bulletin légitime qu’il déposera négligemment ‘dans la nature’. C’est faisable puisque l’on ne fouille pas l’électeur à sa sortie du bureau de vote, que je sache.

Reste à trouver la motivation pour un tel scénario. Si ce n’est pas l’attrait de réaliser un défi un peu spécial, que l’on se serait posé à soi-même, car il y a de vrais risques et donc de vrais frissons, il resterait la tentative délibérée de semer dans le système quelques aberrations a priori «impossibles» pour éventuellement faire douter du résultat. Et comme l’on ne peut connaître les résultats à l’avance, cette initiative pourrait bien provenir d’un camp comme de l’autre…

À lire les comptes-rendus d’un select committee du Parlement britannique de 1998 (**), il semblerait que le souci de fraude aux élections ait toujours existé, surtout, je présume, pour ceux qui perdent les élections et encore plus quand le résultat est ‘inattendu’ pour le perdant. Trump et son ‘big lie’ en est un exemple type ces jours-ci, mais les demandes de ‘recounts’ ou d’audits commandités par lui en Arizona, en Géorgie, au Wisconsin, au Nevada, au Michigan ou ailleurs n’ont rien changé du tout en fin de compte.

Cependant, le cas américain (***) indique plusieurs pistes intéressantes de réflexion. D’abord, entre 2000 et 2019, sur 5 778 élections tenues par des États, 31 de celles-ci (0,54 %) ont requis un ‘recount’, dont 16 ont été déclenchés parce que la marge de victoire était de moins de 0,15 % au départ. C’est dire que le ‘recount’ en lui-même est rare, mais pas dramatique, d’autant qu’aux États-Unis, ces recomptages de voix se passent très rapidement après les élections, idéalement avant la prise de fonction du nouvel élu, contrairement à ici. En fait, 20 des 50 États déclenchent un ‘recount’ automatiquement si la marge de victoire est trop faible (généralement de moins de 0,5 %) et 43 États permettent à l’organisateur des élections ou à la cour de l’État d’ordonner un ‘recount’ s’il le juge nécessaire. La décision est très rapidement prise car l’idée est de conforter les électeurs au plus vite de la validité du résultat de leur vote. Il est à noter que dans ces 31 cas, le ‘recount’ établissait, en moyenne, un changement de vote de 0,024 %, ce qui dans notre plus grosse circonscription, le no 5, à Triolet, équivaudrait à environ… 12 votes ! Des 31 situations de ‘recount’, trois résultaient en un changement de vainqueur. Notons que dans certains cas, celui qui demande un ‘recount’ doit subir les frais de cet exercice, ce qui freine évidemment les demandes de recomptage abusives.

Si le cas des élections présidentielles vous intéresse, un rapport détaillé des universités de Stanford et de MIT a été publié (****) et sa lecture est édifiante quant aux grossières manœuvres de Trump.

Pour en revenir, cependant, à nos moutons locaux, les initiatives prises , comme des ‘computer rooms’ qui ne servent finalement à rien, sauf à augmenter les risques d’erreur (fortuites ou souhaitées) de transcription, ou l’annulation de l’obligation de montrer son NIC pour avoir le droit de voter ou, demain, l’utilisation du vote postal, doivent impérativement être expliquées longtemps à l’avance et approuvées par TOUS, bien sûr, avant d’être mises en route, faute de quoi, elles déclencheront d’inévitables doutes…

Il y a quelques réformes à apporter pour améliorer l’organisation de nos élections. La première d’entre toutes est, sans doute, de cesser de peupler la commission électorale d’individus qui ne peuvent qu’être perçus comme de nature partisane, à moins de s’assurer que TOUS les courants partisans majeurs n’y soient représentés. Mais clairement, il faudrait plutôt y privilégier la nomination d’hommes et de femmes indépendants et libres. Ils existent ! Le redécoupage électoral est plus délicat, mais certainement nécessaire pour donner un poids plus égal à chaque vote d’électeur.

Quant à l’idée de remplacer le comptage manuel des votes, comme actuellement, par des machines électroniques de vote sans ‘back up’ papier, bien peu pour moi… (*****). Si l’on peut en effet, vérifier comment agissent les préposés responsables de nos élections et, au besoin, leur demander des comptes, comment, par contre, vérifier et authentifier ce qui se passe dans la cervelle binaire d’un circuit électronique, que l’on peut facilement remplacer et qui pourrait même être commandé à distance ces jours-ci ?

Nos élections ont toujours été reconnus fiables, mais on peut mieux faire si on le veut ! Pour cela, il faudra resserrer les boulons, plutôt que de prendre le risque de tout décrédibiliser.

(*)https://www.sciencedaily.com/ releases/2012/02/120202151713.htm (**)https://publications.parliament.uk/pa/cm199798/ cmselect/cmhaff/768/76807.htm (***)https://ballotpedia.org/Noteworthy_recounts_in_the_ United_States (****)https://healthyelections.org/sites/default/files/2021-06/Recounts_Contests_Battleground_States.pdf (*****)https://indiaevm.org/