Publicité
Studio de radio devenu poste de police ?
Par
Partager cet article
Studio de radio devenu poste de police ?
D’après des témoignages, on ne comptait pas moins de 20 policiers aux abords des locaux de Top FM au moment de la présence du patron de la Special StrikingTeam (SST) au studio de cette radio privée. À son arrivée même, en ce mercredi 14 juin, Ashik Jagai se faisait remarquer par son convoi de trois véhicules. Seul le déplacement du Premier ministre nécessite en général trois véhicules. On rapporte aussi la présence d’une demi-douzaine de bouncers ‘privés’ dans les environs de la radio.
Pourquoi un tel déploiement d’effectifs ? À aucun moment, la sécurité du chef de cette brigade ‘d’élite’ au service de l’establishment politique risquait d’être compromise à Top FM. On croit comprendre qu’une démonstration de force était nécessaire pour faire comprendre que c’était un personnage hors du commun qui participait à une émission radio. Véritable ego trip.
Celui qui a conçu l’idée que l’officier de police le mieux indiqué pour donner une réplique cinglante et dévastatrice à toutes ces critiques qui s’accumulent sur les dérives mafieuses et violentes de cette institution ne pouvait être autre que l’assistant-surintendant de police (ASP) Ashik Jagai. Quelqu’un qui compte 35 années de service, dont 31 à la brigade antidrogue. Et pour mettre toutes les chances de son côté, l’ASP Jagai s’est fait accompagner de deux avocats du privé, qui ont tenté un grand coup de document – qualifié de fey lisou – visant à faire déplacer le centre de gravité de l’affaire Kistnen.
Il paraît que la radio a été très accommodante envers Jagai car même le président des États- Unis ne va pas dans une station de télévision avec des gardes du corps l’accompagnant sur le plateau et tentant même d’interrompre les journalistes. Un événement majeur dans l’histoire des médias mauriciens. Ce qui fait, qu’avec le comportement de Jagai sur le plateau – avec sa véhémence verbale – ses tentatives de parler plus fort que le journaliste lui-même, on avait l’impression que le studio avait été transformé en poste de police. Il ne manquait plus qu’une ‘confession’ signée de l’animateur.
Jagai s’est réfugié derrière la formule sub judice à chaque fois qu’il a été cornered par le journaliste Murvind Beetun, mais au lieu de corriger la mauvaise image que les Mauriciens entretiennent de la police d’aujourd’hui, il s’est présenté comme la preuve vivante que l’institution chargée d’assurer la sécurité de la population et de combatte les délits serait loin d’être irréprochable et que le pays souffre d’un profond malaise nécessitant une remise en question fondamentale et radicale.
Comment expliquer qu’on contourne les magistrats quand il faut émettre un mandat de perquisition ou d’arrêt et qu’un officier de police s’en charge ? L’illustration la plus dramatique de cette dérive autoritaire typique d’un État policier, c’est le mandat de perquisition ‘vierge’ avec la signature d’un officier supérieur retrouvé chez un petit policier. Avec ce mandat, le constable aurait pu se rendre chez le Directeur des poursuites publiques (DPP) pour fouiller sa maison et l’arrêter par la suite. Au moins dans le cas de la tentative d’arrestation de l’ancien DPP Satyajit Boolell, c’est un magistrat qui avait signé le warrant.
Si un simple constable était en mesure d’avoir accès à un mandat de perquisition dûment signé, mais vierge, on pourrait imaginer l’étendue des ressources dont dispose la SST. Aussi longtemps que la SST s’engage dans le combat sans pitié contre les trafiquants de drogue, les Mauriciens s’en sentent rassurés. Surtout que cette brigade soit dirigée par un homme de poigne et d’expérience comme Ashik Jagai. Comme tout humain, Jagai connaît néanmoins des faiblesses. C’est ainsi que malgré une présence de 31 ans dans la brigade anti-drogue, il n’aurait jamais croisé Franklin. Pourtant une grande personnalité, ce Franklin, dont la réputation dépasse les rivages de Maurice pour impressionner les Réunionnais aussi…
Publicité
Les plus récents