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Où en sommes-nous ?

25 juin 2023, 09:05

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Où en sommes-nous ?

Décidément ! On croyait ferme avoir fait l’économie d’un bras de métro vers Côte-d’Or ; le projet revisité s’arrêtant au village de St.-Pierre qui, contrairement à Côte-d’Or, aligne au moins... 16 000 habitants. Mais voilà que resurgit le projet mirifique du World Trade Centre et de la Smart City de Côte-d’Or… dans le sillage de la destruction projetée de l’Emmanuel Anquetil Building à Port-Louis ! 

Tout devrait se tenir, peut-on supposer ? D’aucuns pourraient même souhaiter une ‘vision’ quelque part ? M’enfin ! 

Si 16 000 habitants peuvent justifier une connexion au métro, combien sont-ils les villages et patelins à qui l’on peut considérer accorder un raccordement permanent au métro ? Il est cependant vrai qu’être au no 8 ne relève pas de la bénédiction de tous… 

Le but est cependant transparent. On s’arrête à St.-Pierre pour le moment seulement, le temps, peut-on supposer, de ‘développer’ suffisamment autour de Côte-d’Or, grâce à la tour du World Trade Centre qui aurait, maintenant, moins que les 50 étages que l’on proposait au départ, et grâce aussi aux industries de biotechnologie et de pharmaceutique qui se profileraient à l’horizon. À moins qu’il n’y ait une confusion entre le Côte-d’Or, qui avoisine les bureaux de l’ICAC, (et où l’on attend, en août, le démarrage du Côte-d’Or Data Technology Park (*) annoncé depuis 2020) et l’autre ‘Côte-d’Or’ du National Sports Complex ? Ne devrait-on pas rebaptiser l’un des deux Côte-d’Or pour éviter cette confusion ? Et réhabiliter plutôt que détruire l’Emmanuel Anquetil Building, au prétexte d’y installer… une mini-forêt ? 

Mais le point majeur est le suivant. Le gouvernement voit grand et parle costaud, mais il voit peut-être trop grand pour ce que représente l’attractivité véritable du pays ? Notre image sérieusement écornée ces dernières années (**) rassure-t-elle ? N’avons-nous pas les yeux plus gros que le ventre ? Ou la cervelle ? 

Ainsi, il est vrai qu’avant l’abandon de l’indice Ease of doing business en septembre 2021, Maurice progressait tellement fort sur ce critère, qu’il s’était rangé à une spectaculaire 13ᵉ place sur 190 pays en 2020 ! Cependant, cet indice, que nous avons eu en point de mire permanent et malaxé avec diligence, avait des limites évidentes et était par peu trop théorique. Monter une compagnie, selon l’indice, était peut-être relativement plus facile que l’opérer, et notre score était admirable, à juste titre, pour l’efficience avec laquelle on payait nos taxes (5ᵉ mondial !) Ou que l’on obtenait un permis de construction (8ᵉ mondial !), mais il est notoire que la réalité était toute autre pour le commerce hors-frontières (72ᵉ mondial, et l’on ne parle même pas de l’efficience portuaire !) ou l’accès au crédit (67ᵉ mondial). Il faut aussi noter que le 11ᵉ critère retenu par la Banque mondiale pour son indice de 2020 (***), c.-à-d. la flexibilité des lois sur l’emploi et les licenciements était totalement occultée au décompte final, ce qui ne pouvait qu’aider le score consolidé ! La Banque mondiale compile évidemment son indice, soulignonsle, pour favorablement guider l’investisseur plutôt que le travailleur ! 

Ainsi, cet indice ne parle pas des difficultés à recruter de la main-d’oeuvre et de nos lois du travail qui ne sont pas très favorables à l’investisseur, ne parle pas de la productivité nationale et de l’inadéquation de nos ressources humaines, des coupures d’eau, de l’inefficience portuaire, du manque d’équité dans le traitement des permis et des licences si vous critiquez le gouvernement, de nos jeunes qui veulent fuir le pays pour éviter le népotisme, des scandales de tous genres, etc., aspects dont tout investisseur potentiel peut pourtant prendre connaissance à travers la moindre conversation hors des salons feutrés de ministères et de l’Economic Development Board. 

Un pays qui n’a pas encore réussi à régler son problème de chiens errants ou de fuites d’eau ou encore de traitement de déchets, malgré certains efforts, peut-il vraiment aspirer à convaincre les grands de la pharmaceutique ou de l’intelligence artificielle ou de l’économie bleue ou de la biotechnologie ‘grise’ à croire que la plateforme mauricienne est véritablement celle qu’il leur faut pour se développer ? 

N’est pas Vincent Lagarde qui veut… 

*** 

On a encore arrêté Akil Bissessur et sa compagne. Cette fois, son frère aussi est à l’ombre. Les trois resteront certainement en cellule jusqu’à ce que la cour et le Directeur des poursuites publiques se prononcent sur le dossier à charge provisoire élaboré par la police et la Special Striking Team (SST). 

C’était, cette fois, sur une tentative de controlled delivery d’un colis postal adressé au frérot que la SST a agi, même qu’Akil Bissessur n’a pas voulu prendre livraison dudit colis, ayant assuré à son «facteur-policier » qu’il n’avait rien commandé du tout. La police aurait au moins intérêt à s’assurer qu’il y avait un timbre allemand valablement estampillé sur le colis et que la poste allemande puisse lui confirmer qui a confié ce colis à la Deutsche Post AG… 

À la dernière arrestation de Me Bissessur, la police n’a pas pu convaincre la cour de sa thèse, n’a pas trouvé d’empreintes digitales ou d’ADN sur les items saisis lors de la fouille et n’a jamais partagé les vidéos promises. Sur la base de ce déficit de crédibilité au départ, le reasonable suspicion de la police devra probablement être plus solide cette fois ? On espère qu’ils ont aussi pris la précaution de fouiller les maisons correctement, sous la supervision filmée des occupants pour contrer les accusations possibles de planting ; s’agissant cette fois-ci d’un téléphone ‘cloné’ et de ti-papié. Il ne faut pas spéculer plus que cela à ce stade et la SST, qui joue à quitte ou double sur ces arrestations, doit être jugée, une fois encore, sur les faits qui constitueront son dossier. 

*** 

«Seuls les criminels ont peur de la Special Striking Team», nous déclare le PM au Parlement. J’ai une nouvelle pour le PM. Je ne suis pas un criminel. Comme de nombreux citoyens. Mais j’ai peur de la SST ! Et encore plus depuis ce qui s’est passé à Top FM. Ou en suis-je ? Cette peur ferait-elle de moi… un criminel ? 

*** 

De tous les services gracieusement offerts par le gouvernement à ses habitants, l’éducation est le service clé. En effet, si notre système éducatif – de la maternelle au tertiaire – frisait l’excellence, notre nation serait pourvue en citoyens compétents, intègres, travailleurs, ce qui permettrait l’implantation de plus d’activités nouvelles porteuses de richesse et de satisfaction professionnelle. Quand le système d’éducation tourne bien, on devrait avoir, en corrélation directe, moins besoin d’hôpitaux publics, de policiers, de prisons, de services et de transferts sociaux enfin, de tous les services qui deviennent nécessaires quand ça dérape dans la société.

Or les signes provenant de l’éducation nationale ne sont pas rassurants. L’Extended Programme produit 98 % d’échecs. Les examens de Cambridge sanctionnent des credits en School Certificate avec jusqu’à 35 %, parfois 30 %, voire 25 %, de bonnes réponses ! Le pourcentage de nos élèves qui passent le cap du tertiaire ne progresse pas assez. Sommes-nous sur les bons rails ? Comment se compare-t-on internationalement, puisque nous souhaitons être attractifs aux investisseurs qui, eux, comparent avant de choisir ? 

Le test connu comme Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), organisé tous les trois ans par l’OCDE (****), est le moyen privilégié de nous situer planétairement sur le plan éducatif et puis, d’année en année, de constater nos progrès ou nos difficultés, ce qui nous permettrait d’améliorer l’ordinaire. 88 pays ont pris ce test jusqu’ici, dont Maurice, mais, fait surprenant, notre pays ne s’est soumis au test qu’une fois en 2010 et n’a jamais publié ses résultats ! L’exercice ne coûte pourtant pas aussi cher que Safe City (Rs 16 milliards) ou Côte-d’Or (Rs 6 milliards) ou même le salaire du CEO de l’Independent Commission Against Corruption ou de la New Social Living Development Ltd, coûtant seulement 70 000 euros/an, pour les trois ans de 2023 à 2025. 

Il est encore temps de faire le bon geste pour savoir où nous en sommes, constater les défis et progresser à l’avenir ! C’est capital !

(*) https://landscopemauritius.com/wp-content/uploads/2020/06/EOI-Cote-dor-data-Technology-park-park-25-June-20-Final.pdf 
(**) https://lexpress.mu/blog/423744/problemes-dimage 
(***) https://www.doingbusiness.org/content/dam/doingBusiness/country/m/mauritius/MUS.pdf 
(****) Que notre ministre des Finances courtise et veut rejoindre, à raison, pour plus que le seul prestige.