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Radical electoral reform: A recipe for civil war
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Radical electoral reform: A recipe for civil war
C’est un vieux débat. Le système électoral mauricien a suscité bien de controverses avant l’accession même du pays à l’Indépendance. Le système comme légué par les Britanniques n’a pas changé depuis les élections de 1967. Les moeurs auraient, par contre, évoluées mais il s’agit là d’un autre débat.
Le principe fondamental de first past the post est universellement appliqué dans les pays ayant connu la colonisation britannique. A Maurice, on a ajouté la provision spéciale de désignation de best-losers. C’est-à-dire que sont nommés au Parlement non seulement les élus mais aussi un maximum de huit candidats battus mais ayant réalisé une bonne performance. Ce mécanisme ainsi que le vote obligatoire de trois candidats a pour objectif d’assurer autant que possible la représentativité des quatre ‘communautés’ reconnues dans la Constitution.
La nécessité d’assurer la plus large représentativité possible avait été intériorisée par les dirigeants politiques de l’ère coloniale. En effet, la plus grande leçon d’exclusion au moment du vote avait été apprise à la proclamation des résultats des élections générales de 1948. Le suffrage était alors limité et il fallait designer un total de 19 élus dans cinq grandes circonscriptions, à savoir Port-Louis, Plaines-Wilhems/Rivière-Noire, Grand- Port/Savanne, Pamplemousses/ Rivière-du-Rempart et Moka/Flacq.
A ces élections de 1948, AUCUN candidat musulman – même pas dans la région de Port Louis – ne fut élu. Pourtant à Port-Louis, les candidats musulmans s’appelaient Abdool Razack Mohamed, Cassam Mamode Nazroo et Ajum Dahal – de fortes personnalités et nullement des figurants folkloriques.
De 1948 aux élections de 2019, comment la situation a-t-elle évolué en termes de représentation ? En 2019, hors de Port-Louis, deux candidats musulmans seulement furent élus et cela en régions rurales. Il s’agit de Zahid Nazurally dans le n°10 et d’Ismael Rawoo dans le n°13. Deux circonscriptions urbaines qui généralement font élire chacune un candidat musulman, les n°ˢ 15 et 19, ont produit des résultats différents en 2019. Dans le n°15, on a élu deux hindous et un ‘Population Générale’ (PG). Le candidat travailliste Cader Sayed Hossen est battu par le MSM Gilbert Bablee. Au n°19, on fait élire deux PG et un hindou. Le candidat MSM, Fazila Jeewa Daureeawoo, sort en 5ᵉ position.
Pourtant de 1948 à 2019, que de leçons apprises en mauricianisme authentique et intégral, en unité nationale, en valeurs républicaines.
On n’a pas tort toutefois de s’interroger sur le système électoral. C’est ainsi qu’un événement majeur devait amener les Mauriciens à douter d’une sérieuse aberration résultant de notre système. Il s’agit du premier 60-0 de 1982. On se demanda alors comment le Parti travailliste qui avait obtenu 26 % des votes dans le pays se retrouva avec zéro siège au Parlement. En 1995, sir Anerood Jugnauth scora une moyenne 20 % des votes dans les 20 circonscriptions mais n’obtint aucun siège.
Les 60-0 engendrés par le mécanisme de first past the post – ce qui favorise un verdict de winner takes all – inviteraient certainement à favoriser l’introduction d’une petite dose de proportionnelle dans notre système électoral.
Deux autres aberrations – le transfugisme et le financement irrégulier et frauduleux du scrutin – n’étant pas engendrées par le système électoral lui-même mais favorisées par nos moeurs politiques inviteraient elles aussi à réfléchir sur des mesures correctives. On pourrait mettre fin au phénomène achat de transfuges en installant un mécanisme rendant obligatoire la démission de l’élu n’étant plus loyal envers son parti. Si c’est un bestloser, un autre nommé du parti viendrait le remplacer.
Le financement des élections reste un problème très complexe. Par exemple, pourrait-on contrôler les contributions faites aux partis et retrouver toutes leurs factures de paiement ? Des dépenses pourraient toujours être encourues officieusement par des bailleurs de fonds ou des partisans friqués.
Concernant le financement occulte, nos partis politiques pourraient bien s’inspirer du fonctionnement des Political Action Committees (PAC) aux États-Unis, la première démocratie systémique et supposément transparente du monde alors que l’Inde est la première démocratie du point de vue démographique. Les PAC américains fonctionnant hors des structures des partis officiels ramassent à la pelle des fonds destinés à soutenir des candidats ou des causes particulières. Les PAC ne sont redevables à aucune autorité.
Donc, si on légifère à Maurice pour contrôler officiellement le financement des partis, une compagnie pourrait bien faire une contribution par chèque dans la transparence totale. Et la même compagnie contribuerait officieusement avec du cash. D’autre part, rien ne pourrait empêcher un gros «contracteur» de milliers de logements sociaux ou fournisseur de médicaments genre Molnupiravir de dépenser énormément mais discrètement pour soutenir un parti politique. Existe-t-il une agence fiable et crédible à Maurice pour pouvoir contrôler les contributions aux partis et les dépenses réelles des candidats ?
Il serait toujours souhaitable d’éliminer les aberrations ou les imperfections du système. Mais bien réfléchir avant d’introduire une réforme électorale radicale et irréfléchie qui pourrait entraîner de graves conséquences au niveau du tissu social même du pays. Et déclencher même des heurts comme on les a vécus vingt ans de cela. Le système électoral, malgré ses imperfections, a assuré la stabilité sociale dans le pays depuis l’Indépendance. Toutefois, il ne faudrait pas se voiler la face et reconnaître qu’une certaine mentalité indécrottable serait bien ancrée dans le pays comme le prouvent les résultats des élections de 2019.
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