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Foot, art techno, Poutine et Wakashio

30 juillet 2023, 09:26

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La Coupe du monde de football féminin qui a démarré promet de belles empoignades dans un sport qui s’est beaucoup popularisé récemment. Ce qui nous aura valu un débat renouvelé sur les disparités salariales entre les footballeurs masculins et féminins.

À mon humble avis, des salaires égaux pour des contributions similaires, cela coule de source, mais comment et pourquoi rémunérer des footballeuses aussi fortement que des footballeurs si leur version du jeu est moins populaire et donc moins ‘commerciale’ ? Il va de soi que la parité peut même être dépassée si le football féminin devenait plus populaire que la variété associée à Messi, ou Mbappé… Par ailleurs, maintenant que les plus forts salaires du monde subiront l’influence des porte-monnaie saoudiens (qui ne s’ouvrent même pas encore pour ces dames, de toute manière…), la parité restera improbable.

Une autre explication partielle de la disparité des rémunérations entre footballeuses et footballeurs à la Coupe du monde procède du fait que la FIFA, consciente de sa responsabilité de populariser le jeu féminin, a délibérément choisi de favoriser, pour le moment, le développement des fédérations féminines mondialement, plutôt que de concentrer les revenus de la présente Coupe du monde, en faveur du groupe, beaucoup plus restreint, de joueuses d’élite actuellement en Australie et en Nouvelle Zélande ! Ce qui est logique puisque, contrairement au football masculin, beaucoup plus implanté et donc plus mature, le potentiel de progression est nettement supérieur pour le football féminin.

C’est ainsi que même si la Coupe du monde de foot féminin va générer cette année quatre fois plus de revenus commerciaux qu’en 2019, passant à USD 110 millions, et que le foot masculin ne produisait que 10 % de revenus de plus en 2022 par rapport à 2018, le fait est que la Coupe du monde du Qatar a généré USD 440 millions, soit quatre fois plus que l’équivalent féminin de cette année…

Tout est presque dit !

Sauf qu’il faut aussi souligner que les chances que ce qui est payé aux sportives se rapproche ou fasse jeu égal avec les rémunérations masculines sont nettement plus élevées quand les deux sexes sont en compétition côte à côte, même si les épreuves restent séparées. C’est ainsi qu’après Wimbledon en 2007, les quatre tournois du Grand Chelem – Australie, Roland Garros, Wimbledon et US Open – offrent autant de prize money aux femmes qu’aux hommes… Cela paraît aussi être le cas aux Jeux Olympiques, pour les pays les plus éclairés, le CIO, rappelons-le, ne donnant aucun prix en espèces à ses participants, théoriquement tous… amateurs.

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J’ai emmené mon petit-fils voir la ‘House of Digital Art’ à Port-Louis. Tout y est bien fait. Tout y est magique ! Reconnaissons d’abord le lieu : cour intérieure aérée qui s’ouvre sur deux rues, dont Edith Cavell, au cœur de Port-Louis, plutôt qu’un autre building de plusieurs étages qui maximiserait les rentes ? Faut le faire ! Ensuite, chapeau bas à un agencement de classe à l’intérieur du ‘10play’. Un déferlement d’images et de sons qui enrobent, constamment ; un croissant de lune en équilibre précaire, mais renouvelé ; des dunettes de sable qui recomposent des clapotis de lumière au gré d’interactions avec le visiteur ; c’est apaisant et stimulant à la fois, mais c’est surtout beau ! Mon coup de cœur ? L’histoire des mappes du monde racontée avec précision et douceur.

Il y avait une queue à l’entrée. Presque uniquement des jeunes ! Qu’Astrid Dalais et ses partenaires avaient d’évidence délogés, il est vrai seulement pour un temps, des moiteurs collantes de TikTok et de Facebook. A voir absolument.

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Le culot de M. Poutine est incroyable ! Ayant décidé, le 17 juillet dernier, de ne pas renouveler l’accord qui permettait aux céréales ukrainiennes de traverser la mer Noire, la Russie, qui contrôle cette mer Noire, annonce qu’avec une récolte record et l’essentiel du blé exportable mondial, soit environ 12,5 millions de tonnes à l’heure actuelle, elle projette de prendre le relais, offrant même du gratuit aux pays pauvres de l’Afrique de tous ses fantasmes économiques (sans exploitation de type colonial, bien sûr…). Comme par hasard nous sommes à la veille du sommet Russie – Afrique qui s’est ouvert à St Pétersbourg le 27 juillet. Il faut souligner que la Russie était déjà, depuis longtemps, le premier exportateur mondial de blé et qu’en 2023- 24, elle augmentera sa part du marché global de 11,3 % à 13 %.

Rajoutant l’acte à la parole, M. Poutine bombarde le port maritime principal de l’Ukraine à Odessa, détruisant entrepôts et grues servant à l’exportation. Autrement dit, la Russie se permet présentement de canonner son concurrent principal dans la région pour l’empêcher d’exporter, mais exportera elle-même ses excédents de production alors que sa raison principale pour ne pas renouveler l’accord céréalier négocié par la Turquie et les Nations unies, était justement que le boycott de l’Ouest ne lui permettait PAS d’exporter ses propres céréales ! Or, elle ne semblerait pas particulièrement gênée à remplacer les exportations ukrainiennes !

Pour y faire bonne mesure, la Russie a, en plus, bombardé un port ukrainien basé sur le Danube, près de la frontière roumaine, pour tenter de gêner même les exportations fluviales des Ukrainiens… On ne s’arrêtera donc à rien dans cette confrontation, qui reste très inégale, malgré les armes reçues de l’Ouest ?

Il faut rappeler que l’Ukraine était le premier exportateur mondial d’huile de tournesol, et le quatrième exportateur de blé et de maïs, avant l’invasion russe. Il faut aussi souligner que, selon le journal Le Monde, l’Ukraine a jusqu’ici vu sa production céréalière être réduite de moitié par rapport à la récolte 2021-22 et qu’il est prévu des réductions additionnelles sur la saison 2023-24 de 6 millions de tonnes de blé (-34 %) et de 10 millions de tonnes de maïs (-40 %). Il faut finalement savoir que le prix d’une tonne de blé à la veille de l’invasion était de USD 390, qu’il atteignait un pic de USD 522 en mai 2022 pour ne retomber que lentement par la suite. Qui gagne ? Qui paie ?

Si l’Ukraine était l’agresseur dans cette guerre, on applaudirait sa déconvenue ! Mais ce n’est pas le cas et c’est l’agresseur qui, grâce à de meilleures récoltes, pourra engranger des dividendes multiples, y compris en améliorant son image (et ses leviers !) vis-à-vis de l’Afrique de ses appétits récents. L’autre bénéficiaire de circonstance, grâce à de meilleures récoltes, sera la communauté européenne qui exportera plus de blé et qui en importera aussi plus de l’Ukraine par voie terrestre, ayant déjà absorbé 50 % de l’offre céréalière ukrainienne depuis le début du présent conflit.

L’immoralité de faire des affaires avec un agresseur établi, responsable de crimes de guerre et disposé à tout casser dans le pays qu’il a envahi ne pesant pas bien lourd ni pour la Chine, ni pour l’Inde, gageons que nos amis africains, dont le ventre a, encore plus, besoin d’être ‘rempli’, sauront aussi rationaliser leurs décisions éventuelles ? Le haut-le cœur viendra de qui ?

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C’était, cette semaine, le 3e anniversaire du drame du Wakashio. L’occasion pour un plateau réunissant Alain Malherbe, Ivann Bibi et Bruneau Laurette de faire le point. Et de rappeler le désastre absolument honteux des autorités supposément responsables de prévenir de tels incidents et d’intervenir, le cas échéant, pour minimiser leur impact.

La conclusion principale est clairement celle d’une absence hallucinante de professionnalisme ! La Coast Guard est première responsable parce qu’elle n’est jamais intervenue pour éloigner le Wakashio, malgré ses moyens – radios, radars, vedettes, Dornier et hélicoptères compris ! Leur premier contact avec le Wakashio est à 20 h 06, alors que le naufrage a déjà eu lieu à 19 h 25 ! Après le naufrage, les cafouillages ont été nombreux, les remorqueurs très absents et la démission du Port Master stupéfiante.

Bruneau Laurette nous rappelle, en passant, que notre port abrite stocks de fuel et dépôts de fertilisants qui, si nous ne pouvons contrôler nos eaux territoriales contre des forces maléfiques, comporte de gros risques… explosifs. Alain Malherbe affirmera, quant à lui, que la MPA, à la minute, n’a ni chairman, ni directeur général, ni Port Master, ni ingénieur, ni directeur de HR, ni directeur administratif, ni directeur d’audit… À la Coast Guard, la direction indienne, de qui nos hommes sont supposés apprendre, aura été lamentable, y compris devant la cour d’investigation Hamuth.

Que l’on ne s’y trompe pas ! La priorité de l’heure n’est pas d’enquêter sur qui a fuité des documents, photos et enregistrements extrêmement gênants ; mais surtout, après les rapports du Panama, de Forbes et des Français et les nombreux naufrages subséquents, de rendre public le rapport de Hamuth, qui est dans les mains du gouvernement… depuis décembre 2022 !

Allez ! Courage ! Puisqu’il faut bien, rationnellement, rendre des comptes et assumer, avant de pouvoir améliorer, n’est-ce pas ?