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Vient de paraître
Breejan Burrun: précieuse presse
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Breejan Burrun: précieuse presse
Breejan Burrun
250 ans à la une. La presse, l’une des plus anciennes institutions du pays. Autant respectée qu’attaquée. Critiquée par les lecteurs (c’est de bonne guerre), les autorités (parfois c’est la guerre), par les vétérans qui l’ont faite, par ceux qui la font. Tous ces soubresauts et plus encore. C’est ce que retrace Breejan Burrun dans 1773-2023 250 ans à témoigner de nos vies. L’ouvrage, publié par Pamplemousses Éditions, a été lancé au Hennessy Park Hotel, le mercredi 20 décembre.
Sur la couverture, une pastille clame : «Raconter l’histoire de la presse, c’est raconter l’île Maurice.» Une idée que creuse Alain GordonGentil en préface. «Nous savons vivre quelques fois en peuple pendant les heures ouvrables et en communauté dans l’intime. En cela, nos journaux nous ressemblent. Ils disent sans cacher, mais ils savent aussi cacher en feignant de dire.» Pour Alain Gordon-Gentil (prix Nicolas Lambert pour l’ensemble de sa carrière journalistique), la presse est aussi le lieu où se mettre «à l’abri de l’abrutissement des réseaux sociaux et de nos Pravda télévisuelles toujours en action».
L’ouvrage de Breejan Burrun nous invite à bord du train de la mémoire, qui s’arrête d’abord en gare de l’Histoire. «La première imprimerie est introduite à l’Isle de France à l’initiative de Pierre Poivre, premier intendant du gouvernement royal», écrit l’auteur. Introduction qu’il qualifie de «bénédiction» avec une «production prolifique de plus de 300 publications (lois et documents officiels, almanachs, pamphlets, journaux, mémoires scientifiques et littéraires)» jusqu’à 1810. Un succès que l’auteur attribue au «soutien du gouvernement en place, non seulement de Poivre mais aussi de ses successeurs», ainsi qu’à la «présence d’une élite intellectuelle dans la colonie».
Impossible de ne pas citer «l’initiative personnelle» de Nicolas Lambert pour la parution du premier journal, Annonces, Affiches et Avis Divers pour les Colonies des Isles de France et de Bourbon en janvier 1773. Le prix Nicolas Lambert, crée par la défunte Association des journalistes de l’île Maurice, récompense des productions journalistiques qui se sont distinguées au cours de l’année écoulée. Une distinction qui est désormais décernée par le Media Trust.
Au fil des pages, les noms de journaux défilent. Le Cernéen, qui a disparu après 150 ans d’existence, La Balance, qui naît en 1832, «éphémère porte-parole de la population de couleur», Le Mauricien, La Sentinelle, «que lança en 1843 le jeune publiciste Rémy Ollier, pour appuyer les revendications de la communauté libre de couleur».
L’histoire de la presse mauricienne, c’est aussi le bal des signatures. Danses d’un verbe insolent, de polémiques acerbes, d’égratignures à se faire un sang d’encre. L’auteur consacre tout un chapitre à Léoville L’Homme et à sa «brillante carrière». Il n’oublie pas Raoul Rivet et Gabriel Martial. Leur point commun : «la politique dans le sang».
Bond dans le temps, pour évoquer les «débuts de l’express». L’auteur cite Le récit d’un journal (et d’un pays), ouvrage paru, cette année, à l’occasion des 60 ans de l’express. Le Dr Philippe Forget, directeur et rédacteur en chef de l’express entre 1963 à 1984, est le trait d’union pour faire resurgir «le 3 avril 1984, mardi noir pour la presse mauricienne». Jour du sit-in des journalistes devant l’Hôtel du gouvernement et l’arrestation de 43 d’entre eux, venus protester contre le projet de loi Newspapers and Periodicals (Amendment) Bill et la garantie de Rs 500 000 que l’État voulait imposer à la presse écrite.
La censure, les «mesures vexatoires» contre la presse et le scandale de la caisse noire d’Air Mauritius «entre 1981 et 2001 qui éclabousse la presse» sont également évoqués. Le compteur de l’auteur s’arrête là pour la presse écrite. Il s’intéresse alors à la presse audiovisuelle régulée par l’Independent Broadcasting Authority. Une partie factuelle sans référence aux amendements légaux concernant, par exemple, la durée courte du permis d’opération des radios ni les pénalités administratives.
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