Notre compatriote tient les rôles de Scar et de Mufasa dans la production allemande du «Roi Lion» à Hambourg. Il profite de ses congés au pays pour monter, en temps record, un concert où s’enchaînent les tubes de Broadway. C’est ce soir, au Caudan Arts Centre. L’occasion de retrouver une autre voix, celle chaleureuse, de Carol Lamport.

ll joue à la fois le méchant et le gentil. À Hambourg, en Allemagne, notre compatriote, Cédric Nayna, tient en alternance les rôles de Scar et de Mufasa dans la production Disney «Le Roi Lion». Le temps d’une pause, il est de retour au pays pour un projet musical. Rendez-vous ce soir, 13 avril, au Caudan Arts Centre, pour «Show Devant !».

Cédric Nayna y retrouve Carol Lamport. «Quand j’ai organisé une levée de fonds pour financer mes études de chant en Allemagne, elle a accepté d’y collaborer. Nous avions donné un concert à Eureka». Cela remonte à six ans. L’année précédente, il avait aussi tenu le rôle du méchant dans l’adaptation locale de «Sister Act» en 2016. Une production où il avait croisé Carol Lamport.

Une fois son cursus terminé en Allemagne, «avec distinction», en 2021, Cédric Nayna a tenu à remercier tous ceux qui l’ont aidé. Parmi, il a repris contact avec Carol Lamport. «Je lui avais demandé si elle serait de la partie si jamais je faisais un concert à Maurice. Elle m’avait tout de suite dit oui». Deux ans plus tard, ce projet est sur les rails.

D’abord initié à distance, «Show Devant!» a pris ses quartiers au Caudan Arts Centre, jeudi. Le défi : «nous n’avons que trois jours de répétitions avant le spectacle». Histoire dans l’histoire, c’est aussi le préambule de «Show Devant !» : «Cédric Nayna doit monter un spectacle de dernière minute. Il fait appel à Carol Lamport, artiste locale pour l’aider à faire ce concert. Les voilà sur scène pour une première rencontre, qui ne se passe pas comme prévu. Eski zot pou kapav relev défi-la ?»

Notre compatriote s’amuse de ce «nice gamble», qui sera joué, avec des rebondissements, des changements de costumes et des standards des comédies musicales. Il va interpréter la chanson de Mufasa «totalement revisitée» du «Roi Lion», en hommage à Dev Virahsawmy. «Dans le spectacle, je dis pourquoi. Il y a une raison très forte», se contente de dire l’artiste, qui souhaite garder la surprise.

«Je fais ce show uniquement pour faire le show. Je ne cherche rien d’autre». En tant que producteur, Cédric Nayna s’est engagé à reverser les recettes à l’association Vent d’un rêve, «après avoir payé tous les participants. Ce n’est pas parce que c’est un concert caritatif que les musiciens ne seront pas rémunérés. Je ne tire aucun bénéfice de ce spectacle. Je ne prends pas de cachet, au contraire, j’investis».

Revers de la médaille, cette initiative risque d’être «une one off». Si cette fois, la production du «Roi Lion», «m’a permis de venir, j’occupe une position difficile à remplacer parce que je joue les deux frères Scar et Mufasa». A raison de huit représentations par semaine, devant 2 400 spectateurs par séance. Il a signé «jusqu’en 2025» dans une production, qui est à l’affiche «depuis 22 ans à Hambourg». Une designer lumière du «Roi Lion» en Allemagne, Deborah Columbo, sera à la console pour «Show Devant !»

Avant d’entamer une carrière musicale en Allemagne, Cédric Nayna a été, tour à tour, prof, voix off pour des pubs locales et directeur artistique pour les voix off. «Apre monn plin. J’ai eu envie d’étudier à l’étranger». Cela n’a pas été simple de s’installer en Allemagne. «Il faut prouver que l’on est vraiment très bon. Dans le monde des comédies musicales, même les Allemands ont du mal à trouver du travail». Un milieu ultra-compétitif où Cédric Nayna a été retenu pour le rôle de Scar, après des auditions ouvertes à l’international, parmi «plus de 1 500 professionnels».

À 30 ans, il estime que l’une de ses qualités, c’est qu’il «apprend très vite. Je suis polyvalent». Au secondaire, Cédric Nayna, qui a fréquenté le collège St Mary’s, s’est «ennuyé énormément. Je me sentais exclu». Et les activités musicales scolaires ? «Ce n’était pas assez intéressant pour moi.» Il commence le chant «très tard», à 16 ans, d’abord dans un groupe de prières, puis au sein de la chorale d’Opera Mauritius avec Katrin Caine. «Elle a cherché des sponsors pour que je puisse suivre des cours de chants». Comme le jeune homme venait de perdre son papa, c’était une façon de le consoler de sa perte.

*«Show Devant !», à 19 h 30, au Caudan Arts Centre. Places entre Rs 600 (seconde), Rs 700 (première) et Rs 900 (VIP).

Absence de reconnaissance dfficielle

Expérience vécue. «Quand j’ai cherché des financements pour mes études de chant à l’étranger auprès du ministère des Arts, un conseiller m’a dit : ‘nous ne pouvons pas vous aider, peut-être que vous devez faire des prières’». Cela s’est passé en 2018. Cédric Nayna ne l’a pas oublié. «Ce ministère ne m’a jamais aidé. En tant qu’artiste mauricien, je suis aujourd’hui arrivé très loin. Je hisse haut le drapeau mauricien mais je n’ai jamais eu de reconnaissance officielle. Et franchement, je n’en ai pas besoin.» C’est la société Eclosia qui a contribué à payer les études de chant de Cédric Nayna à la Stage School de Hambourg.