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Changement…

17 septembre 2024, 18:00

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Avec l’extrême difficulté avec laquelle deux partis dits «mainstream» tergiversent pour accorder trois tickets sur 60 au mouvement écosociologiste, il est indéniable qu’aujourd’hui, le peuple mauricien se trouve dans une sorte de no man’s land politique, égaré entre un pouvoir qui pratique à fond l’Ethnic Politics avec le soutien des socio-culturels et une opposition qui n’offre qu’un écho lointain de promesses souvent vides.

À force de naviguer entre ambitions personnelles et compromis de couloirs, les dirigeants ont-ils perdu de vue la boussole nationale ? La question se pose, et elle est légitime : les électeurs, jadis porteurs d’espoir et d’attentes, ne sont-ils pas devenus les reflets passifs de ces mêmes politiciens qu’ils désavouent en silence ?

Cette frustration croissante, palpable à chaque coin de rue, prend racine dans les fausses espérances. Le métro, projet ambitieux et porté en triomphe, n’a été que mirage dans la lutte contre la congestion urbaine. La MBC, autrefois vitrine d’un pluralisme médiatique, s’est muée en machine de propagande monotone, et voilà que le Media Trust, jadis bastion de la formation journalistique, sert aujourd’hui des intérêts troubles. Les prix du carburant flambent, la loi sur la liberté d’information est enterrée. Le tourisme, poumon économique de notre île, peine à retenir nos jeunes, qui préfèrent s’embarquer sur des navires de croisière, loin des promesses de la terre natale.

Et que dire de cette opposition, trop souvent perçue comme l’ombre de ce qu’elle devrait être ? L’idée d’un «60-0» électoral, autrefois brandie comme épée de Damoclès, s’efface peu à peu. Mais l’espoir que suscitent les réunions publiques et les vagues de dissidence numérique est-il suffisant pour renverser la tendance ? Les chiffres, certes, ne mentent pas, mais qu’en est-il de la qualité de cet engagement politique ? Dans cette guerre de positions, trop souvent, on ne débat plus des idées, on attaque l’adversaire. Les véritables enjeux sont noyés dans des querelles stériles, dignes de ces vidéos satiriques qui pullulent sur les réseaux sociaux.

Maurice, plus de trois décennies après la chute du mur de Berlin, continue d’ériger des murs invisibles entre ses communautés, ses circonscriptions, ses blocs politiques. Malgré les appels à l’unité, malgré les cinquante-six ans d’indépendance, les tactiques communautaristes et les divisions ethniques persistent. Et pendant ce temps, les questions fondamentales – celles qui dépassent le cap des cinq ans, celles qui façonnent l’avenir de notre nation – sont reléguées au second plan.

Dans ce paysage fragmenté, où les voix modérées peinent à se faire entendre, il semble que le centre politique soit déserté. En continuant à soutenir aveuglément les grands blocs historiques, en perpétuant ce cycle où Jugnauth succède à Ramgoolam, et vice versa, nous nous condamnons à une démocratie bancale, prête à basculer. Les dynasties se succèdent, les visages changent, mais les véritables réformes, elles, se font toujours attendre. Est-ce changement ou immobilisme…