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Nine-Year Schooling
Chronique d’un échec annoncé…
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Nine-Year Schooling
Chronique d’un échec annoncé…
Le système de «Nine-Year Schooling» est entré en vigueur en 2017 dans le cadre d’une réforme éducative visant à favoriser l’épanouissement total des enfants et à éliminer le stress et la compétition au primaire. Six ans plus tard, le constat est accablant, car les objectifs fixés n’ont pas été pleinement atteints.
Cette réforme pour éliminer le stress et la compétition, en remplaçant les examens du Certificate of Primary Education (CPE) par le Primary School Achievement Certificate (PSAC) en Grade 6, suivis de ceux du National Certificate of Education (NCE) au niveau du Grade 9, se voulait ambitieuse. Cependant après six ans, le stress et la compétition sont toujours présents, et affectent les élèves. La réussite aux examens du PSAC et un taux de 65,4 % pour la cuvée 2021-22 aux examens du NCE remettent en question l’efficacité de cette réforme. Les élèves doivent passer par six examens nationaux (Grades 4, 5, 6, 9, School Certificate et Higher School Certificate) entre huit et 18 ans.
L’abolition du CPE pour un système moins compétitif a certes raté ses objectifs car le PSAC, soulignent des enseignants, maintient le système de classement des élèves, souvent implicite, malgré la régionalisation du processus. Les élèves continuent d’être sous pression pour entrer dans les écoles très demandées, créant ainsi un environnement compétitif dès le plus jeune âge. «Ce rush vers les écoles très demandées témoigne du fait que la compétition demeure un aspect inhérent du système éducatif mauricien, malgré les changements. Les élèves doivent passer par six examens nationaux de huit ans à 18 ans. Alors que la réforme visait à réduire le stress des élèves, l’augmentation du nombre d’examens crée un fardeau supplémentaire pour les jeunes apprenants», explique une enseignante de sir Veerasamy Ringadoo Government School.
«Zoning» vs compétences
Le système de «régionalisation» est un autre sujet de préoccupation. Selon un ancien haut cadre de l’Éducation, ce système reposant sur les résultats scolaires, le choix parental et la proximité du lieu résidentiel sont voués à l’échec car il ne reflète pas la réalité. Selon lui, les résultats sont désormais fortement influencés par la régionalisation, ce qui a rendu complexe le processus de sélection des écoles. Auparavant, seuls les points obtenus comptaient, offrant ainsi une transparence aux parents et aux élèves sur les critères de leur placement dans un collège.
Cependant, la régionalisation a introduit une compétition féroce au sein des régions, limitant ainsi les choix disponibles pour les parents et les élèves. Les parents se retrouvent désormais confrontés à des attributions d’école qu’ils considèrent injustes pour leurs enfants. «Nous remarquons qu’il est devenu systématique que tous les élèves d’une école primaire d’une région spécifique qui obtiennent de bons résultats se voient attribuer le même collège chaque année. Finalement, pourquoi demander aux parents leur choix d’un collège quand le ministère va attribuer selon son choix à lui et à sa convenance», se demandent des parents.
National Education Certificate
Pour les examens du NCE que les élèves passent en Grade 9, le taux de réussite était de 65,4 % pour la cuvée 2021-22. À peine ont-ils fini avec le PSAC que les élèves se retrouvent dès le Grade 8 à se préparer pour une autre compétition féroce, les examens du NCE. La performance des élèves de l’Extended Programme est, par ailleurs, catastrophique d’année en année. Après six années d’études au primaire, ces jeunes n’ont pas pu acquérir le niveau requis en lecture, écriture et calcul, alors que l’Extended Programme s’est avéré trop exigeant pour eux.
La ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, a annoncé vendredi dernier un nouveau programme éducatif au niveau du Grade 10, le Technology Education Pathway. Cette annonce a été accueillie avec un mélange de curiosité et d’inquiétude car les élèves sont une fois de plus utilisés comme des cobayes. La ministre semble reconnaître implicitement les lacunes du NCE en introduisant cette nouvelle pédagogie pour des élèves de Grade 10. Est-ce un aveu que le NCE, dans sa forme actuelle, est un échec ?
Quel épanouissement ?
Auparavant, les élèves avaient une pause entre le CPE et la Form 5. Cependant, dans le système actuel, il y a des examens modulaires en Grade 5, menant au PSAC en Grade 6. À partir de 2020, les élèves de Grade 9 ont pris part au NCE pour obtenir une qualification académique, en plus des examens du School Certificate en Grade 11 et du Higher School Certificate en Grade 13. L’élève est donc évalué par des examens presque tout le long de son parcours scolaire. Les six objectifs ambitieux présentés par la ministre de l’Éducation dans le cadre du Nine-Year Schooling étaient les suivants : 1. permettre à tous les élèves de compléter un cycle de neuf ans (pouvant être prolongé de deux ans au maximum) d’éducation de base continue ; 2. fournir un programme de base commun pour libérer le potentiel de chaque enfant et développer de solides compétences pour un apprentissage tout au long de sa vie ; 3. placer les valeurs au cœur du processus éducatif ; 4. effectuer des programmes de soutien pédagogique pour améliorer les performances d’apprentissage ; 5. assurer le développement global de l’apprenant en introduisant d’autres composants interdisciplinaires, et 6. faire en sorte que l’évaluation soit axée sur le programme.
Cependant, le prix payé pour cette extension s’avère être un fardeau psychologique pour les enfants. Le stress lié à la pression académique a augmenté de manière exponentielle, entraînant des souffrances mentales parmi les jeunes. Le système éducatif actuel met trop l’accent sur l’apprentissage par cœur au détriment de la compréhension réelle. Les enfants semblent absorber les connaissances de manière superficielle, sans les assimiler réellement.
À l’ère de l’intelligence artificielle
Un autre point crucial est la question de savoir ce que les élèves auront réellement appris à la fin de ce cycle éducatif intensif. Avec un programme surchargé et un accent important sur les examens, il est légitime de se demander si les élèves ont suffisamment de temps pour développer des compétences essentielles, telles que la pensée critique, la créativité et les compétences sociales. Une éducation de qualité ne se mesure pas seulement aux résultats des examens, mais aussi à la capacité des élèves à appliquer leurs connaissances dans des situations réelles et à développer des compétences. L’UNESCO reconnaît lui-même que les outils d’intelligence artificielle (IA) ouvrent de nouveaux horizons pour l’éducation. La publication d’un récent rapport de l’UNESCO observe que dans la plupart des pays, la validation d’un nouveau manuel scolaire demande bien plus de temps, de démarches et d’autorisations par rapport à l’introduction d’outils d’IA dans les établissements et les salles de classe. Bien que l’enseignement doive rester un acte profondément humain, ancré dans l’interaction sociale, dans plusieurs pays, de nombreux exemples d’outils et de plateformes éducatifs alimentés par l’IA sont utilisés avec succès.
L’IA est utilisée dans l’éducation de diverses manières, des chatbots qui fournissent une assistance aux étudiants 24/7 aux algorithmes d’apprentissage personnalisés qui s’adaptent aux besoins de chaque élève. Est-il donc vraiment nécessaire d’imposer un programme intensif de neuf ans à un jeune qui, dans quelques années, pourra obtenir toutes les réponses à travers l’IA ?
Hausse du taux de réussite au PSAC : Le double tranchant
En 2022, le taux de réussite aux examens du PSAC était de 80,63 % contre 77,4 % en 2021. Depuis 2018, où il était de 75,19 %, chaque année, sauf en 2020 (74,5 %), il augmente de 2 à 3 %. L’évaluation joue un rôle crucial dans ce système, mais la tendance à baisser le niveau des examens pour augmenter artificiellement le taux de réussite ne fait que masquer le véritable état de l’éducation. Les évaluations devraient être un reflet fidèle des compétences et connaissances des élèves, et non un moyen de masquer les lacunes du système éducatif. «Depuis le Covid, le niveau des questionnaires semble avoir subi une transformation significative. D’un côté, il est indéniable que cette nouvelle tendance offre des opportunités aux élèves avec des chances accrues de réussir leurs évaluations. Est-ce réellement le signe d’une amélioration des compétences et des connaissances des élèves, ou le reflet d’une adaptation des normes d’évaluation pour faire croire que le système marche enfin», souligne une enseignante d’un établissement privé.
Pluies et pandémie : Des cours à distance inefficaces
Face à l’arrivée imminente de la saison des pluies, le ministère de l’Éducation est confronté à un autre défi : comment assurer les cours quand les écoles seront fermées, en tenant compte des échecs passés dans l’éducation à distance, accentués par la pandémie de Covid-19 ? Malgré les tentatives de mettre en place un système d’éducation à distance ou des cours dispensés sur la MBC, le ministère a dû faire marche arrière à chaque fois, confronté à des obstacles insurmontables. Le nouveau système de surveillance des fortes pluies ne fait qu’ajouter à la complexité de la situation car les jours de fermeture d’écoles augmentent. Dans une tentative de résoudre ce problème, le ministère a essayé de réduire le nombre de jours de vacances pour compenser les journées perdues. Cependant, cette approche s’est aussi révélée un échec car, une fois les examens terminés, les élèves et même les enseignants ne se rendaient plus à l’école. La question qui se pose désormais est de savoir quelle direction le ministère va prendre. Va-til persévérer avec l’ancienne méthode de cours à distance sur la MBC, malgré les échecs passés et le manque d’efficacité du système ? Ou va-t-il prendre du recul, réfléchir aux expériences passées et élaborer une solution plus élaborée et innovante pour assurer la continuité des cours en périodes de fermeture des écoles ?
Langue Nationale : Affirmative Action demande que le kreol morisien soit inclus au HSC
L’organisation non gouvernementale (ONG) Affirmative Action est déterminée et ne cédera pas tant que sa voix ne sera pas entendue, comme affirmé dans une conférence de presse mercredi. Cette ONG milite activement pour l’introduction du kreol morisien (KM) dans le programme du Higher School Certificate (HSC) l’année prochaine. Cette revendication survient après la déclaration de la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, à l’Assemblée nationale, que cette matière ne pouvait être incluse dans le curriculum à ce niveau car il faut attendre les retombées de ceux qui ont participé pour la première fois au National School Certificate (NSC) pour évaluer la situation. La ministre a également évoqué le manque de textes littéraires en kreol, empêchant ainsi les jeunes de poursuivre en HSC.
Cependant, pour Affirmative Action, la ministre contredit les déclarations du Premier ministre, Pravind Jugnauth, au Festival kreol en décembre dernier. «On se souvient que le PM avait déclaré que le KM serait à l’agenda des examens du SC en 2023 et du HSC en 2025. Pourquoi ce changement ? Un Premier ministre peut-il renier ses propres paroles?» s’interroge le père Patrick Fabien. Selon lui, le gouvernement doit honorer ses engagements. Il a également rappelé l’épisode de l’introduction du KM aux examens du SC il y a deux ans. Affirmative Action avait dû prendre position et discuter avec les autorités concernées pour finalement trouver une solution. Quelques parents présents à cette conférence de presse ont exprimé leur désarroi face au découragement de leurs enfants face à la mesure annoncée par la ministre de l’Éducation. Ils espèrent que les autorités reviendront sur cette décision et que le KM sera inclus dans le programme du HSC l’année prochaine.
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