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Centre équestre
Club Hippique de Maurice: patrimoine en danger
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Club Hippique de Maurice: patrimoine en danger
«Nous voulons continuer à vivre», soit le cri du coeur de Martine de Froberville, présidente du CHM.
Le Club Hippique de Maurice (CHM) parviendra-t-il à sauver sa peau ou bien vit-il ses dernières heures, lui qui a été prié de vider les lieux par le Mauritius Turf Club (MTC), à moins de racheter une bonne partie du terrain mis en vente par le club bicentennaire à Floréal ? Devant l’échéance du 4 mars, Martine de Froberville, la présidente du CHM, se dit «inquiète», mais préfère rester positive quant à une issue favorable pour toutes les parties concernées.
Moins d’une semaine. C’est le temps imparti au CHM pour confirmer son option d’achat sur 10 des 17 arpents de terrain mis en vente par le MTC pour éponger ses dettes, un espace qui abrite jusqu’à présent le centre Guy Desmarais, mais aussi le CHM, qui voit le spectre de l’éviction se profiler à l’horizon. Face à tous ses soucis financiers, il faut rappeler que le MTC ne disposait pas d’une panoplie de solutions sinon de mettre en vente une partie de ses actifs afin d’assurer sa survie. D’où la décision de vendre le centre Guy Desmarais, une décision soumise aux membres du MTC et approuvée par ces derniers en août 2022.
Préserver les emplois
Du coup, le «colocataire» historique du MTC à Floréal risque de se retrouver à la rue, s’il ne parvient pas à faire l’acquisition de ces 10 arpents de terrain sur lesquels il occupe déjà une partie. «Nous voulons continuer à vivre, mais il nous faut nous rendre à l’évidence que le CHM sera condamné à fermer ses portes si nous ne parvenons pas à débloquer la somme nécessaire pour l’achat du terrain. Nous n’avons nulle part d’autre où aller», se désole Martine de Froberville, présidente du CHM.
Il faut dire qu’une relocalisation s’avérerait fort coûteuse avec l’achat d’un nouveau terrain, sans compter la construction d’un nouveau centre hippique. Pour la présidente du CHM, cette option n’est tout simplement pas viable, contrairement au fait de récupérer une partie du centre Guy Desmarais avec ses infrastructures existantes, qui seraient remises à neuf, sans compter quelques améliorations avec la construction d’un Club House, par exemple.
«Il nous faut impérativement sauver le Club Hippique. D’abord pour préserver les emplois de la quinzaine de palefreniers qui sont avec nous, mais aussi pour prolonger notre histoire. Si on parle beaucoup du patrimoine qu’est le MTC pour les courses hippiques, il ne faut pas oublier que le CHM l’est tout autant en ce qu’il s’agit de la promotion du sport équestre à Maurice, une présence qui remonte à près de 75 ans», rappelle Martine de Froberville.
Demande d’extension
Le salut du CHM viendra du coup de la capacité d’«Allée Brilliant Properties Ltd» (ABP), une société mise sur pied pour faire l’acquisition du terrain mis en vente par le MTC, pour ensuite le relouer au CHM, ce qui lui permettrait de sauvegarder l’activité hippique tout en générant des revenus pour les actionnaires. «Au-delà de l’opération immobilière, Allée Brillant Properties est une aventure humaine, centrée sur la passion équestre, qui préservera un environnement de grande importance sociale au centre de l’île. De tels projets immobiliers sont rares, privilégiant la préservation de l’environnement et la qualité de vie. Ce sera un lieux ouvert à tous, comme l’est depuis longtemps le CHM, dont les portes sont ouvertes, pas seulement les jours de ‘A nou ale lafete souval», explique pour sa part une voix autorisée au sein de ABP.
Selon nos recoupements, il existerait, certes, un engouement pour le projet du CHM, mais les fonds recueillis jusqu’ici ne seraient pas encore à la hauteur de la somme de Rs 85 millions réclamée par le MTC pour céder ses 10 arpents dans la région de Floréal. Une part d’investissement minimale de Rs 100 000 est recherchée par ABP, qui promet un retour sur investissement de 2-4%, et ce dès la première année. Allée Brilliant Properties est joignable sur le 468 1011 ou le 5935 1981 pour tout potentiel investisseur.
L’option d’achat fixée par le MTC expire le 4 mars prochain. Selon toute vraisemblance, la somme requise ne sera probablement pas atteint, d’où la démarche du CHM de rencontrer des représentants du MTC durant le semaine pour essayer de négocier un nouveau délai. Sinon, le rideau risque fort de tomber sur le Club Hippique de Maurice.
Un peu d’histoire autour du CHM
Le Club Hippique de Maurice fut enregistré le 27 juin 1950, devenant le premier centre équestre du pays. Au tout début, il n’occupait qu’une parcelle de terrain en friche («terrain Minette») appartenant au Mauritius Turf Club. Il n’y avait alors sur place que deux chevaux appartenant à Raymond Ducray et Henri Ritter.
Ils furent rejoints par Pierre Larcher, Edgar Julienne, Guy Desmarais, Pierre Hugnin et Philippe Lagesse et ils décidèrent, tous, de monter une école d’équitation où toutes les règles de l’art équestre seraient respectées. Le premier Comité Central du Club venait de se créer avec Philippe Lagesse comme Président fondateur.
Le CHM envisage, à terme, d’occuper six arpents additionnels à Floréal avec l’aménagement de nouvelles infrastructures.
Un bâtiment fut construit sur de vieilles fondations. Philippe Lagesse, qui partait pour l’Europe, eut pour tâche de trouver un écuyer de premier ordre. Ce fut Pierre Chambry, écuyer du Cadre Noir, qui fut choisi. Par la suite, le club s’est agrandi en récupérant des chevaux de courses mis à la retraite.
Sous sa présidence en 1954, Guy Desmarais sera à l’origine des entraînements et de la remise en condition des chevaux de courses dans le climat plus frais de Floréal. D’où son appellation «le centre Guy Desmarais». Dans les années 90, le CHM sera le premier club à être enregistré auprès de la Fédération Équestre, la Mauritius Equestrian Sports Federation.
Depuis, le CHM n’arrêtera pas de s’agrandir, un poney club étant même créé pour devenir la pépinière de futurs champions. Aujourd’hui, le Club offre différentes activités dont le saut d’obstacle, le dressage, la voltige et la médiation équine. Il compte à son actif 250 membres, 64 chevaux, 16 poneys et il emploie 24 salariés, dont 15 palefreniers.
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