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Manière de voir
Comment Modi a géré ses deux atouts majeurs
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Manière de voir
Comment Modi a géré ses deux atouts majeurs
Pas le moindre attentat, pas le moindre impair diplomatique, tout semblait réussir au Premier ministre indien, Narendra Modi, lorsqu’il a accueilli à New Delhi le Sommet du G20 le week-end dernier.
Les Mauriciens qui ont suivi le déroulement de différents aspects de l’événement allant de l’accueil des chefs de délégation par l’hôte indien, l’aménagement de la principale salle de conférences et la mise en place d’espaces super-garnis et équipés destinés à chaque pays participant en ont été éblouis.
Tout semblait superbement conçu et exécuté. La visite au samadhi de Gandhi, le banquet de la présidente, encore une fois, l’accueil des chefs d’État et de gouvernement et des épouses, la remise des cadeaux par Modi qui étaient des chefs-d’œuvre réalisés par des artisans traditionnels des différentes régions de l’Inde.
Lors du banquet, au vu même de la prestation des serveurs vêtus comme au temps des maharajas, on croyait vivre dans un palais royal. Les Indiens ont conservé l’étiquette et la démarche qui primaient lors des banquets des vice-rois durant l’ère britannique.
Et tout cela sous le règne de Modi, jadis un marchand de thé ? Modi est resté modeste, sans fard. Comment a-t-il créé et géré le sommet de Delhi ? Modi a réussi superbement à exploiter les deux atouts majeurs de l’Inde, pays de paradoxes. En effet, on compte en Inde des administrateurs et des scientifiques capables d’explorer la face cachée de la Lune. Mais le pays dispose aussi d’une vaste armée d’artisans et de travailleurs manuels qu’on mobilise facilement pour la réalisation des projets grandioses, à la Bollywood. C’est ainsi que les Indiens ont réussi à tout mettre en place en termes d’infrastructures et de logistique avant le sommet du G20. L’abondance des ressources humaines mais aussi une gestion intelligente et efficace du système ont contribué à assurer le succès de la rencontre internationale.
L’Inde et la Chine sont les deux seuls pays au monde qui pourraient réaliser un tel exploit. Les Occidentaux ne parviendraient pas à ajouter la dimension humaine et culturelle en organisant des rencontres. Par ailleurs, le fait que le dirigeant chinois Xi Jinping ait décidé de ne pas assister personnellement au sommet de New Delhi en y déléguant plutôt son n°2 a fait l’affaire de Modi au lieu de diminuer l’impact de la rencontre. En effet, Modi a profité de l’occasion pour s’affirmer comme le chef incontournable. La présence de Xi Jining à New Delhi aurait forcément focalisé une bonne partie des regards sur le dirigeant chinois, surtout s’il avait profité de l’occasion pour organiser des rencontres bilatérales avec certains des grands chefs, à commencer par le président américain Joe Biden lui-même.
Comme démontré lors du sommet de Delhi, la diplomatie indienne a réussi quelques grands coups dont l’inclusion de l’Union africaine dans le G20, de même que le resserrement des liens avec l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l’Égypte. La Turquie aussi était de la partie. La diplomatie indienne, depuis l’avènement de Modi, a réussi à trouver de larges avenues de coopération économique mais aussi dans la mobilisation de ressources humaines avec ces pays. Évidemment, le souci d’isoler davantage le Pakistan ne serait nullement étranger à la nouvelle articulation de la politique étrangère de l’Inde.
Modi devrait également s’estimer heureux de pouvoir mettre à l’œuvre ses ministres les plus en vue dont Subrahmanyam Jaishankar, responsable de la diplomatie, et Nirmala Sitharaman, ministre des Finances. La prestation de ces deux ministres issus du Sud de l’Inde aura été remarquable lors des travaux du G20. Quant à Jaishankar, il est l’architecte de la nouvelle diplomatie qui a réussi à mettre l’Inde dans la cour des grands.
Dans la cour des grands, c’est aussi l’opportunité qu’a offerte Modi à Maurice en invitant Pravind Kumar Jugnauth au sommet du G20. Maurice devrait pouvoir profiter de cette «exposure» sans précédent pour mieux vendre ses atouts à l’étranger. Saura-t-on le faire ?
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