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Comment redevenir la voix des travailleurs ?
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Comment redevenir la voix des travailleurs ?
Le PTr et le MMM s’enorgueillissent de retrouver leurs racines et la lutte en faveur des travailleurs en accueillant, au sein de leur alliance électorale, le mouvement de gauche mené par le syndicaliste Ashok Subron. Cette tentative de réveiller ou réactualiser les valeurs de la gauche est loin d’être un phénomène purement mauricien. Une nouvelle gauche s’élève, tant en Europe qu’aux États-Unis. Elle se trouve, à bien des égards, au carrefour de l’histoire, confrontée à une économie en mutation profonde, où les vieilles recettes semblent désuètes et où l’impératif de productivité devient la boussole d’une prospérité à redéfinir.
Cependant, ce n’est qu’en affrontant ces défis de front qu’elle pourra s’imposer comme le véritable mouvement politique de demain, une alternative authentique et crédible face à l’extrême droite populiste qui, elle, surfe allègrement sur le mécontentement des foules.
Ce retour aux sources n’est pas simplement une question de stratégie électorale, mais un besoin réel et vital de retrouver les racines mêmes du combat social. En effet, l’histoire nous l’a montré plus d’une fois : c’est lorsque la gauche se tient aux côtés des travailleurs, des oubliés, des sans-voix, qu’elle (re)trouve sa force originelle. Pourtant, en ce moment même, le désarroi est palpable. La gauche vacille, parfois à court d’idées, parfois à la recherche d’un nouveau souffle ou de partenariats plus «pragmatiques», pour ne pas dire «réalistes»...
Nous l’avons vu en France, où le Nouveau Front populaire tente de réinventer le jeu politique. Au Royaume-Uni, le Parti travailliste vient de remporter une victoire éclatante, après quatorze ans de règne conservateur, donnant à la gauche une nouvelle occasion de prouver sa capacité à gouverner. Aux États-Unis, Kamala Harris, qui a pris le relais de Joe Biden, semble avoir franchi des pas inédits vers une politique industrielle et verte.
Mais ces victoires ne doivent pas masquer la réalité profonde : la gauche peine encore à convaincre.
Le message devient assez confus, les idéaux vacillent, et les bases ouvrières, autrefois le socle inébranlable des mouvements de gauche, semblent aujourd’hui se détacher au profit des élites éduquées, comme l’a si bien observé Thomas Piketty. Face à cela, une question s’impose : comment cette nouvelle gauche peut-elle retrouver sa voix et redevenir la voix des travailleurs ?
Loin des discours creux, ce qui manque à la gauche aujourd’hui, c’est une véritable reconnexion avec les réalités du terrain. L’ouvrier d’hier n’est plus celui d’aujourd’hui. Les secteurs manufacturiers, autrefois moteurs de l’emploi et de la classe moyenne, sont en déclin. Ce sont désormais les travailleurs des services, ceux du commerce de détail, des soins, qui forment la colonne vertébrale de nos sociétés. C’est à eux qu’il faut parler, pour eux qu’il faut agir.
Les anciennes stratégies ne peuvent plus être la réponse. La gauche doit se tourner vers l’avenir, vers des politiques industrielles repensées pour les services, des innovations technologiques qui ne visent pas à remplacer la main-d’oeuvre, mais à la renforcer, à lui donner les outils pour exceller, pour retrouver une dignité dans le travail. Ce ne sont pas seulement des salaires décents qu’il faut garantir, mais une place dans la société, un rôle valorisant, une reconnaissance sociale.
La gauche doit donc embrasser cette réalité nouvelle et se doter d’un programme ambitieux, centré sur la création d’emplois de qualité, sur l’innovation favorable aux travailleurs, sur un système qui met le capital humain au coeur de la productivité, analyse Dani Rodrik, Professor of International Political Economy at Harvard Kennedy School. Ce programme ne sera pas seulement une réponse à la montée de l’extrême droite, mais une promesse de redonner à chacun sa place dans un monde qui change.
C’est ainsi, et seulement ainsi, qu’une nouvelle gauche pourra réellement émerger, ici comme ailleurs, comme la force politique de l’avenir, digne de ses luttes passées, et prête à affronter les défis de demain, sans éteindre les braises d’hier...
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