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Cinéma

Dans «Le Règne animal», l'amour au temps des mutations

30 septembre 2023, 07:41

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Dans «Le Règne animal», l'amour au temps des mutations

Un drôle d'oiseau atterrit mercredi le 4 octobre dans les salles de cinéma avec «Le règne animal», film français inclassable et ambitieux à la frontière du fantastique, de la comédie dramatique et du récit d'initiation.

Très remarqué à Cannes, où il a fait l'ouverture de la sélection «Un certain regard», le film imagine un monde où une partie des humains a commencé à muter vers une forme animale, du poulpe au loup.

Confronté à la mutation de son épouse, François (Romain Duris) tente de faire face, tout en s'occupant de son fils de 16 ans Emile (Paul Kircher).

Lorsque les autorités décident de transférer la mère mutante dans un centre de soins fermé, le père et son fils quittent leur vie parisienne pour la suivre, s'installant dans un camping du sud-ouest de la France.

L'une des forces du «Règne animal» est d'éviter les poncifs du film post-apocalyptique: il est question d'une épidémie mystérieuse et incontrôlable, mais jamais d'un monde qu'il faudrait sauver de la catastrophe. «Le monde est simplement plus diversifié, moins réglé», explique le réalisateur, Thomas Cailley, à l'AFP.

Les mutations font partie d'un nouveau quotidien dont comme François, tout le monde semble s'être accommodé, pas particulièrement étonnés de voir surgir un poulpe géant au supermarché ou un oiseau bondir entre deux voitures dans les embouteillages.

«J'aime le mélange des genres», confie le cinéaste, qui avait déjà signé «Les combattants» avec Adèle Haenel en 2014.

«Le Règne animal» mêle les genres «à la façon de poupées gigognes», ajoute-t-il. Et l'arrivée d'animaux mutants est une façon d'étudier «comment les gens se positionnent moralement» par rapport à l'altérité. Et résonne avec l'effondrement sans précédent de la biodiversité que l'on connaît.

L'adolescent dont le corps se transforme, le parachutage dans un nouveau collège, l'arrivée d'urbains dans un monde rural: «Le Règne animal» joue en permanence de ces contrastes.

Romain Duris, tout en retenue, apporte une belle profondeur au rôle du père, à laquelle répond Paul Kircher, jeune acteur en pleine ascension après avoir été révélé dans «Le Lycéen» de Christophe Honoré. En second rôle, Adèle Exarchopoulos ajoute une touche d'humour en gendarme du coin.

Le film doit aussi sa poésie à une photographie travaillée.

Le réalisateur a fait appel à une série de techniques, depuis des dessins réalisés par l'auteur de BD Frederik Peeters, jusqu'à des effets de maquillage, de plateau ou numérique mélangés.

Sans compter un long travail de chorégraphie avec les comédiens, qui se sont appropriés cris et mouvements des volatiles, dont une prestation mémorable de l'acteur Tom Mercier en homme-oiseau.