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Vaccination contre le Covid-19
Dérogations et polémiques
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Vaccination contre le Covid-19
Dérogations et polémiques
La conversation sur le vaccin du PM vient des voix attribuées à Kobita Jugnauth et Zouberr Joomaye.
C’est l’une des bandes sonores mises en ligne par «Missie Moustass» mercredi. Dans cette séquence, il est question du «booster dose» de Covid-19 du Premier ministre. Une voix attribuée à Kobita Jugnauth demande à une voix attribuée à Zouberr Joomaye de ne pas vacciner le Premier ministre avec le Johnson & Johnson sinon «li pou mor» et qu’il faut qu’il ait une troisième dose de Pfizer, qui était alors exclusivement réservé aux enfants. S’ensuit une discussion sur une dérogation et avoir «nou dimounn» pour cet exercice. La troisième dose de Pravind Jugnauth a été son seul vaccin qui n’était pas médiatisé.
Chronologie
Le 5 mars 2021, Pravind Jugnauth, en compagnie de plusieurs autres parlementaires, a reçu sa première dose de vaccin contre le Covid-19, marquant le début de la campagne de vaccination. Le Covishield, vaccin d’AstraZeneca fabriqué en Inde sous licence du laboratoire, a été utilisé. Puis, le 20 mai, il a reçu sa deuxième dose. Toutes ces sorties étaient très médiatisées. Entre les deux doses du Premier ministre, d’autres vaccins ont été reçus et utilisés.
Une autre étape importante de la campagne de vaccination à Maurice a été l’autorisation du mix vaccinal par le comité de vaccination, présidé par le Dr Zouberr Joomaye, début août 2021. La booster dose commence à s’inviter dans le débat à ce même moment, car il était déjà pratiqué dans d’autres pays. Pour rappel, à la fin de ce mois-là, lors de la conférence de presse du High Level Committee, il avait expliqué que faire un vaccin autre que celui prescrit, que ce soit en deuxième ou troisième dose, était un délit.
Le début de l’administration de la troisième dose date du 23 septembre, et les premiers à y avoir eu droit étaient ceux vaccinés au Sinopharm. Ils ont reçu une troisième dose du même sérum. Ceux ayant reçu le vaccin d’AstraZeneca ont eu une dose supplémentaire du même vaccin jusqu’à épuisement du stock, puis, c’est le Johnson & Johnson qui avait été utilisé pour compléter le cycle vaccinal. Ceux qui avaient été vaccinés au Covaxin, le vaccin développé par la compagnie indienne Bharat Biotech, ont été vaccinés au Johnson & Johnson comme deuxième dose de rappel.
Le 7 octobre, lors d’une allocution télévisée, le Premier ministre avait annoncé que les doses de vaccins Pfizer obtenus des États-Unis, le 23 septembre de la même année, seraient réservées aux mineurs. Le 14 octobre, lors de la pose de la première pierre d’un dispensaire à Plaine-Verte, le Premier ministre avait affirmé qu’il ferait sa troisième dose de vaccin pour donner l’exemple.
C’est le 5 novembre que les parlementaires du gouvernement et de l’opposition ont eu leur booster dose. Le Premier ministre n’était pas au pays. Il participait à la COP26 en Écosse du 31 octobre au 13 novembre. Il n’avait donc pas participé à l’exercice. Les parlementaires, vaccinés au Covishield, ont eu une dose de Johnson & Johnson.
«Li enn Premie minis apre tou»
Quand est-ce que Pravind Jugnauth a fait sa troisième dose ? Pas de réponse, car l’événement n’a pas été médiatisé. Pas de photos ni de déclarations, même s’il a exhorté la population à faire la booster dose à plusieurs reprises lors de ses sorties. Dans la bande sonore de Missie Moustass concernant la vaccination du Premier ministre, il ressort que Pravind Jugnauth «pe gagn traka tansion vwayaze tousala», raison pour laquelle il faut qu’il lui soit administré une troisième dose de vaccin.
Comme les inquiétudes dans cette bande sonore tournent autour de décès en cas d’administration de Johnson & Johnson, la voix attribuée à Kobita Jugnauth dit qu’il est «enn Premie minis apre tou. Donn li sa twraziem doz Pfizer-la». À cette époque, ce vaccin était toujours réservé aux enfants. «Mo’nn tann dir ena dokter pe donn gran dimounn Pfizer», dit la voix attribuée à Kobita Jugnauth. Puis, il est question d’une dérogation.
Tout porte à croire que la dérogation était dans l’optique de permettre à Pravind Jugnauth, qui, selon les règlements mis en place par le High Level Committee qu’il présidait lui-même, d’être vacciné avec un vaccin auquel les adultes n’avaient pas droit à ce moment-là car le Pfizer avait été autorisé comme booster dose pour les adultes de 40 ans et plus le 7 janvier 2022.
Dérogation «tro fasil fer» et qui, selon la conversation, ne pose pas de problème car la personne qui fera le vaccin viendra au bureau du Premier ministre. Il suffit de trouver «enn nou dimounn» pour administrer le vaccin réservé aux enfants au chef du gouvernement et de l’inscrire sur la carte de vaccination de Pravind Jugnauth. Mais il ne faut pas dire à cette personne de ne rien dire.
Est-ce que le Premier ministre a eu sa dérogation? Quel vaccin lui a été administré? On n’en sait rien. Mais c’est le 8 août 2022 que le Premier ministre a fait sa vaccination suivante en public, lors du lancement de la campagne pour la deuxième «booster dose». Sollicité à ce sujet, le Prime Minister’s Office a fait savoir que cette information est du domaine médical. Le Dr Zouberr Joomaye est resté injoignable.
Le formulaire obligatoire
Depuis le début de la campagne de vaccination, le formulaire obligatoire avait fait polémique. Maurice était l’un des très rares pays à avoir une clause qui dédouanait l’État en cas de décès et de complications et ce, même pour les enfants. Maneesh Gobin était venu à la télévision pour dire que c’était une procédure normale en médecine et il avait mis en garde ceux qui parlaient de clauses abusives. Il avait affirmé que les risques des vaccins avaient été évalués avant leur mise sur le marché. Si cela n’est pas remis en question, toujours est-il qu’au plus haut niveau de l’État et à la tête du comité de vaccination, c’était un autre discours et l’un des vaccins proposés n’inspirait tellement pas confiance qu’une dérogation semble avoir été faite pour le Premier ministre.
Pour en revenir au formulaire, Kris Valaydon avait expliqué qu’un document signé sous la contrainte n’avait aucune valeur légale. «Lorsque le consentement est vicié, c’est-à-dire lorsqu’il a été donné par une personne sous contrainte et sous pression, sous quelque menace, le contrat n’existe pas et il est cassé en cour, car illégal», avait écrit le légiste sur sa page Facebook. «L’État a l’obligation de prendre ses responsabilités vis-à-vis du citoyen.»
Karvi Arian, avocat, avait, lui, fait ressortir que l’État ne pouvait pas se défiler, clauses ou pas, devant des «fautes lourdes» et avait rappelé que devant la cour, un État n’était pas considéré comme un défendeur normal dans des actions légales civiles.
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