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Don saoudien de USD 6 millions

Des éclaircissements sur la gestion réclamés

12 septembre 2024, 11:00

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Des éclaircissements sur la gestion réclamés

Le maulana Shamim Khodadin (au centre), entouré d’autres religieux, était face à la presse hier.

Alors que le flou plane toujours sur le statut d’un don financier du gouvernement saoudien de USD 6 millions destinés aux mosquées à Maurice, des questions sur le manque de transparence sur sa gestion sont soulevées. Lors d’une conférence de presse hier, le maulana Shamim Khodadin est revenu sur un document faisant état des changements proposés par le gouvernement mauricien à un accord avec le gouvernement saoudien relatif au déboursement et à la gestion de cette somme.

Le document, divulgué par le maulana Khodadin et dont des copies ont été remises à la presse, révèle qu’en octobre 2023, le ministère des Arts et du patrimoine culturel aurait proposé que l’accord – approuvé par le State Law Office – soit signé entre l’Islamic Cultural Centre Trust Fund (ICCTF) et le gouvernement saoudien. Selon cette proposition, le don financier serait alors transféré sur un compte bancaire de l’ICCTF.

De plus, en novembre 2023, le Secretary to Foreign Affairs aurait suggéré au gouvernement de mettre en place une loi pour verser tous les dons provenant de pays étrangers dans le Consolidated Fund. Il aurait également suggéré qu’une fois ces accords convenus, ils soient signés entre le gouvernement saoudien et le ministère des Arts et du patrimoine culturel, au lieu de l’ICCTF. Sollicité sur l’authenticité et le contenu du document, le ministère des Affaires étrangères n’a pas souhaité commenter cette affaire.

Soulevant des questions, le maulana Khodadin a lancé un appel au Premier ministre pour qu’il apporte des éclaircissements sur le statut de l’accord et la gestion des fonds. Il a affirmé avoir écrit plusieurs lettres au Premier ministre dans ce sens, mais n’avoir reçu aucune réponse. Il a également réclamé que le don financier soit plutôt versé au Waqf Board et géré par celui-ci, pour des raisons de transparence. Il est à noter que le Waqf Board est légalement mandaté et compétent pour de telles tâches. Il gère 245 mosquées et connaît bien les dépenses et défis financiers auxquels les directions des mosquées sont confrontées.

Par ailleurs, l’ICC n’est mandaté que pour l’organisation d’activités culturelles et de pèlerinages. Or, l’ICC, qui relève du ministère des Arts et du patrimoine culturel, a fait l’objet de plusieurs controverses en raison de son manque de transparence. En 2019, un rapport du ministère des Finances avait recommandé que l’organisation du hadj soit transférée à une autre institution. L’année dernière, des cas allégués de favoritisme dans l’attribution des visas avaient été dénoncés, des membres de la famille d’un agent du ministre Avinash Teeluck ayant été privilégiés au détriment de pèlerins méritants.

Après la publication d’un article de l’express en août 2023, l’ex-président de l’ICC, Samad Sairally, avait démissionné. La liste des pèlerins détenteurs de visas n’a jamais été rendue publique par le ministère. Yousuf Salehmohamed, proche de l’ambassadeur Showkutally Soodhun et senior advisor de ce dernier lorsqu’il était ministre, est l’actuel président de l’ICC. «Le conseil du Waqf est légalement mandaté et dispose de personnes compétentes pour distribuer équitablement le don financier. L’ICC, en revanche, est politisée et un accord signé par le ministère des Arts et du patrimoine culturel, dont le versement de l’argent au Consolidated Fund, sera soumis à un manque de transparence, de responsabilité et à l’ingérence politique. Est-ce un ministre qui prendra les décisions concernant les dépenses ?» a affirmé le maulana Khodadin.