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Marche des fiertés

Tolérance vs acceptation

28 juillet 2024, 19:00

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Le jardin du Plaza avait enfilé son manteau arc-en-ciel hier pour la 18ᵉ édition de la Marche des Fiertés, organisée par le Collectif Arc-en-Ciel (CAEC). Une foule conséquente composée de membres de la communauté LGBT et alliés ont défilé pour revendiquer leurs droits.

Le thème retenu cette année : «Ouver to leker san laper.» Dans son discours de clôture, Dimitri Ah-Yu, président du collectif, a parlé à cœur ouvert en évoquant les problèmes que rencontre la communauté. «Même après notre victoire sur l’article 250, que nous avons célébrée ensemble ici l’année dernière, notre lutte est loin d’être terminée. Il nous faut obtenir d’autres droits ; de protection et de reconnaissance comme tous les Mauriciens. Oui, Maurice est de plus en plus tolérant. Mais être toléré ne signifie pas que nous sommes acceptés ! Être toléré ne veut pas dire que nous avons des droits, être toléré ne signifie pas que nous sommes libres!» Il a partagé son histoire personnelle, où il cherchait, avec son partenaire de l’époque, à acquérir une maison. «J’ai très vite réalisé que je ne pouvais pas faire comme les autres Mauriciens. Contracter un emprunt avec mon partenaire, construire une maison… toutes ces petites choses qui semblent insignifiantes pour d’autres mais si difficiles pour nous ont affaibli notre relation», a-t-il confié. Raison pour laquelle il affirme que la lutte se poursuit, par exemple, pour l’interdiction des discours de haine, l’instauration de l’union civile pour tous et la sensibilisation des forces de l’ordre et du personnel de santé. *«Il ne faut pas oublier que Maurice a signé des résolutions du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur l’orientation sexuelle et l’identité du genre. Et nous n’avons observé aucune action notable des gouvernements successifs à ce sujet. D’ailleurs, il est dommage qu’il n’y ait pas de représentant du gouvernement aujourd’hui.»*À noter cependant la présence des ambassadeurs de France, Frédéric Bontems, de la Grande-Bretagne, Charlotte Pierre, et des États-Unis, Henry Jardine, lors de la marche.

Les discours de haine, Saahir en connaît un rayon. Ce jeune homme, qui se définit comme homosexuel efféminé, avance que son parcours n’a pas été simple. «C’est toujours difficile. Mo gagn bann agresion verbal toulezour akoz nou diferan. Me se avek letan ek kouraz ki mo kapav zordi dir mo fier de seki mo ete.»

Nathalie Germain, membre fondatrice et secrétaire du CAEC, estime que la victoire constitutionnelle par rapport à l’article 250 du Code pénal a été une longue bataille, mais que le combat est loin d’être terminé. «C’est un pas qui nous permet d’avoir beaucoup d’espoir pour la suite. Certes, il y a eu une amélioration de la situation au fil des années. Mais il y a encore beaucoup de discriminations, beaucoup de haine, des problèmes à l’école et au travail. Il y a encore des gens rejetés par leur famille. J’aurais aimé que le collectif n’ait plus de raison d’être, car cela voudrait dire que tout va bien. Mais malheureusement, ce n’est pas le cas.»

Dans la foulée, elle lance un message à la nouvelle génération. «Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux et les applications, il est facile de faire des rencontres. Mais il est aussi important de se voir, de se rassembler, de parler des problèmes qu’on rencontre et qu’on traverse.»