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Vient de paraître
Double face au monde
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Vient de paraître
Double face au monde
À l’endroit – ou est-ce qu’il nous la fait à l’envers ? – Poèmes pour panser le monde de notre ancien collègue Ronnie Antoine. Retournez le recueil et suivez les Retours vers Toi d’Izia Kianney. C’est le double voyage poétique, que propose Pamplemousses Editions. Le recueil a été lancé le lundi 2 octobre au Hennessy Park Hotel, Ébène.
Izia Kianney : de si discrets portraits
En titre, une lettre seulement, parfois deux. Pour évoquer une galerie de personnages, avec qui l’auteure a passé une heure, une vie. Avec qui elle a partagé des «instantanés d’humanité». La poésie n’est-elle pas recommencement ? Comme l’existence. Le premier recueil de poésie d’Izia Kianney (le nom de plume de Valerie Padayachy qui avait publié jusque-là des albums jeunesse) s’intitule Retours vers Toi. Il s’agit de poèmes en prose, qui s’achèvent par des haikus.
La maladie de l’amie rythmée par l’attente. «Que vienne le mot : rémission.» Le handicap rieur de Maé, petite fille atteinte de trisomie 21. La perte d’un être cher. «Pas la maladie… cette fois-ci. Que tu tenais en joue/ Mais un accident Implacable et méchant/ Au détour d’un matin désolant.» Le vécu est dans les plis de ces poèmes comme dans ces dessins, dont le défi est de croquer la forme avec une seule ligne continue. «La poésie c’est le noyau du tout. Savez-vous lire la poésie ?», a demandé l’auteure lors du lancement.
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Ronnie Antoine : poèmes faussement impuissants
Une désespérance qui regarde les choses en face. À force de les regarder, le regard en redessine les contours. Images violentes, univers de blessures, de sang, de flétrissures. La solitude de la nuit, de la ville, des montagnes. Espérer encore. Espérer malgré tout. Quand, «le safran du gerbera (…) cicatrise un sourire/ sur mon visage». Dans le premier recueil de Ronnie Antoine, les poèmes ont une fonction : «panser le monde», «panser la nuit», «tronquer la ville». Mais paradoxalement, l’auteur souligne l’impuissance des mots à panser, laisse encore à penser. «La poésie représente le meilleur moyen de lutter contre les forces de l’oubli, lutter contre la mort. Cette tentative est condamnée d’avance, les mots sont inadaptés à cette mission. Il faut leur faire violence, les contraindre à dire ce qu’ils ne sont pas faits pour dire. C’est de cette violence que naît l’étonnement, de l’étonnement devant le mot vient l’étonnement devant le monde. Le poème sert à s’étonner encore du monde. C’est dans la banalité du quotidien qu’on trouve les plus grands étonnements. C’est là qu’il faut chercher le poème», a-til affirmé lors de la cérémonie de lancement.
Ce paradoxe, de cet aveu d’impuissance qui cache mal une force plus que latente nous transporte crescendo vers la dernière partie du recueil. Intitulée Gorée, la photo de mains enchaînées ne laisse planer aucun doute. Les vannes sont grandes ouvertes, comme des veines. Pour hurler une furie par-delà le temps et l’espace, sans commune mesure avec la colère bon enfant du début du recueil.
«Je pisse à la gueule de l’histoire/ Je mâche votre pardon/ et je le défèque dans vos assiettes dorées/ ce cri, mon cri/ est un cri de rage»
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