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Vient de paraître
Eddy Caramedon: L’hommage à l’ami policier tué par son fils
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Eddy Caramedon: L’hommage à l’ami policier tué par son fils
Reconstituer les jours heureux de l’adolescence avec un ami disparu. Raconter le malheur qui frappe une famille, quand un fils tue son père. C’est pour que l’on n’oublie pas un ami, un mari, un père, un soldat, qu’Eddy Caramedon publie «L’ami caporal Lindsay Lapeyre».
Un sordide parricide. Celui d’un policier, Lindsay Lapeyre, assassiné par son fils, accro aux drogues synthétiques. Un fait divers qui s’est produit il y a bientôt cinq ans, en mai 2019, à Flic-en-Flac. Eddy Caramedon en fait une histoire d’amitié, un devoir de mémoire au nom de l’adolescence partagée avec ce père parti brutalement. Un moment hors du temps pour retrouver le complice des années d’insouciance. L’ami caporal Lindsay Lapeyre, le nouvel ouvrage d’Eddy Caramedon, sera lancé le mercredi 3 avril au Hennessy Park Hotel.
Le récit s’achève par la Lettre à Ernest. Une lettre que le personnage principal, qui comme l’auteur se prénomme Eddy, adresse au fils incarcéré après son crime. Un fils à qui Eddy a souhaité rendre visite en prison. Mais des circonstances imprévues l’en ont empêché. Au présumé meurtrier, Eddy le narrateur écrit: «J’aurais voulu connaître le meilleur portrait de ton père que tu as gardé dans un coin secret de ton esprit.» Pourquoi Eddy Caramedon l’auteur n’a pas attendu de rencontrer Ernest avant de mettre un point final à l’ouvrage? «Il fallait que ce soit publié parce que les gens oublient ces histoires-là rapidement. J’ai achevé l’ouvrage avec cette lettre, quitte à reprendre peut-être ce récit quand le verdict sera annoncé.»
L’auteur affirme qu’il n’a pas abandonné l’idée de rendre visite au fils de Lindsay Lapeyre, Ernest, en prison. Dans ses démarches administratives initiales, l’auteur a eu l’aide de la mère du présumé meurtrier et épouse de la victime, Rosalaine Lapeyre. «Elle s’est montrée très coopérative.» Deux pages, au milieu du livre, sont consacrées aux photos de famille. On y voit Lindsay Lapeyre en uniforme d’apparat. Ou encore le jour de son mariage avec Rosalaine. Un autre cliché montre le couple fêtant ses 30 ans de mariage. Il y en a aussi une du couple avec ses quatre enfants. Si la mère de famille a encouragé Eddy Caramedon dans ce projet d’écriture, ce n’est pas le cas de la fille de la victime. En apprenant pour la première fois ce que souhaitait raconter l’auteur, elle s’est montrée hostile à un livre racontant le drame intime vécu par la famille Lapeyre. Eddy Caramedon le décrit sans équivoque dans L’ami caporal Lindsay Lapeyre.
L’auteur a poussé l’hommage jusqu’à aller visiter les lieux du crime, la maison des Lapeyre à Flic-en-Flac, qui est désormais en location. Une boucle bouclée pour l’auteur et son ami, tous deux de Vacoas. Une image retient l’attention dans le récit : celle des deux collégiens faisant la route à pied du collège à la maison l’après-midi. En passant devant la caserne, l’un d’eux est fasciné par les soldats de la Special Mobile Force. Des années plus tard, Lindsay Lapeyre deviendra un soldat aux ordres de Raj Dayal, ancien commandant de la SMF.
Le parricide dont a été victime Lindsay Lapeyre, c’est pendant qu’il est à Paris qu’Eddy Caramedon l’apprend.* «J’ai appris par les journaux et par quelqu’un qui m’en a parlé. Cela m’avait beaucoup bouleversé.»* L’idée d’écrire cette histoire ne lui vient «pas sur le coup, mais après une semaine. Il fallait que je parle de Lindsay avec qui j’ai vécu mon enfance et mon adolescence». L’auteur souligne qu’il n’a pas fait «un gros volume. Je souhaite que le lecteur entre rapidement dans cette histoire».
Ce projet d’écriture a été commencé durant le premier confinement. Eddy Caramedon est alors en France où il est installé depuis plusieurs décennies. C’est une fois que les frontières se sont rouvertes qu’il est revenu à Maurice pour voir Rosalaine Lapeyre et demander des autorisations. Il est reparti en France pour la réécriture. Eddy Caramedon confie : «Je ne peux pas rester au-delà de trois mois à Maurice. Après je m’ennuie. Cela fait trop longtemps que je suis parti. Quand je suis en Europe, je voyage beaucoup pour ma profession de musicien, dans cette ville bruyante qu’est Paris, à Londres, en Allemagne etc. Ici, à Vacoas, c’est mort. Même si je suis dans une superbe villa, je m’ennuie.» Car c’est le mouvement qui plaît à celui qui se qualifie de «grand marcheur».
Témoignage. Raj Dayal raconte celui qui lui avait sauvé la vie
Un lien indéfectible unissait Raj Dayal, ancien commissaire de police et ancien ministre, et Lindsay Lapeyre. Il raconte tout à Eddy Caramedon dans L’ami caporal Lindsay Lapeyre. L’auteur a eu l’occasion d’interviewer Raj Dayal le 6 novembre 2021. Il retranscrit cette conversation dans un chapitre du livre.
Le moment décisif : une opération anti-drogue où Raj Dayal et Lindsay Lapeyre sont sur le terrain. «Mon véhicule s’est retrouvé subitement face au principal antagoniste. Je l’interpelle avec sommation de se rendre, mais il se dirige vers moi en me pointant son pistolet sur le front, me demandant de déguerpir sinon il tire. En une fraction de seconde, comme un ange venu du ciel, la main de Lindsay est intervenue, lui déviant le poignet vers le haut, le tétanisant de sa force et lui dit(…) en créole: largue ça pistolet là, sinon mo pile toi et mo éclate toi lor coaltar (…) Moi je suis resté un instant ébahi, sonné de penser à l’impensable: que j’avais frôlé la mort! (…) depuis ce jour, les images de cette intervention héroïque de Lindsay ne se sont jamais détachées de mon esprit. Cela m’a amené à mesurer, avec une profonde philosophie, l’homme Lindsay derrière le soldat Lapeyre.»
Lindsay Lapeyre a aussi été responsable de la sécurité de Raj Dayal durant son mandat de ministre de l’Environnement. «Il était toujours sous le statut de caporal. Malgré les bâtons dans les roues, je ne m’étais pas dégonflé en réitérant ma demande près du commissaire qu’il soit promu sergent. Mais encore une fois, cette requête fut mise à l’écart de façon volontaire», témoigne Raj Dayal dans L’ami caporal Lindsay Lapeyre, un ouvrage publié à compte d’auteur.
Le mini-album «évasion»
Souvenir des anciennes paysannes dans une version «avec un petit air de symphonie. J’y ai mis beaucoup de violons, des arrangements pour grand orchestre». C’est ce que propose Eddy Caramedon sur le mini-album, intitulé Évasion. «Il doit y avoir une cinquantaine de versions scéniques de cette chanson», confie-t-il.
C’est avec cette chanson qu’il gagne le concours Découvertes de Radio France International en 1983. C’était il y a 40 ans. Depuis éprouve-t-il parfois une certaine lassitude à reprendre cette chanson qui l’a fait connaître ? «Il ne faut pas cracher dans la soupe», affirme Eddy Caramedon. «Je sais que je vais me coltiner cette chanson jusqu’à ma mort. Et même après.» Ce qui ne l’empêche pas de défendre d’autres chansons. «À mon retour en France, je vais me mettre à la réalisation d’un vrai album. Là, avec cinq titres, c’est un mini-album. J’alterne un coup la musique, un coup l’écriture de livre. Je n’aime pas rester planté là à ne faire qu’une seule chose. Il faut que je bouge.»
Le mini-album comprend un titre en anglais, I must go. Il date d’une vingtaine d’années. «Il était destiné à un autre chanteur mais cela ne s’est pas fait. J’ai refait les arrangements pendant la pandémie.»-
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