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Électorat éclairé ou dupe ?
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Électorat éclairé ou dupe ?
Jetons un œil sur la scène politique locale. Avec la prolifération de partis politiques ces derniers temps, on pourrait facilement croire que nous vivons dans un laboratoire de démocratie vivante, une perception tout à fait honorable, oserait-on avancer à première vue. Toutefois, examinons de plus près la situation et cherchons à comprendre les motivations qui animent les promoteurs de ces entreprises, car à bien voir, c’est bien d’entreprises dont il s’agit.
Un premier constat s’impose. Mis à part les partis dits traditionnels ou «mainstream», la nomenclature utilisée par la plupart de ces formations «fek né», ou en gestation, met en avant un supposé nationalisme en se servant, de façon ad lib, du nom du pays sous différentes orthographes… et bien sûr accompagné de descriptifs tels que En avant, One, Rassemblement, Linion, Muvman, etc. Est-ce pour bien faire comprendre et promouvoir l’objectif final de leur entreprise respective ou faute d’autres appellations disponibles, déjà prises par des formations plus anciennes ?
À vrai dire, ce phénomène de prolifération, surtout à l’approche d’une joute électorale, n’est pas nouveau. En effet, chaque fois que les élections sont annoncées ou approchent, une myriade de soi-disant partis politiques voient le jour, ou, pour utiliser une expression bien ancrée dans notre jargon, poussent comme des champignons après une averse. Il suffit de vérifier le registre approprié auprès du bureau de la Commission électorale pour constater que chaque exercice électoral national a vu naître un nombre considérable de formations politiques sur la liste, dépassant parfois la trentaine.
Évidemment, chaque chef déclaré de ces formations a sa propre motivation pour se lancer ainsi dans l’arène. Certains le font pour des raisons de surenchère politique, d’autres pour nuire aux formations «mainstream», ou encore pour des raisons d’orgueil personnel, voire par pure frustration de n’avoir pas pu obtenir une investiture au sein des principaux partis. De même, certains candidats dits indépendants ont un compte à régler avec un candidat d’une des principales formations, et ils sont tactiquement inscrits sur le bulletin de vote par l’un des partis en lice. Tout cela crée du désordre et de la confusion auprès de l’électorat. Mais ainsi va le jeu de la démocratie, et l’on ne peut que se réjouir qu’au moins sur ce tableau, il n’y ait pas de restriction, du moins pas encore.
Chaque formation issue de la dernière rosée est libre d’ambitionner de gagner la joute et de prendre le pouvoir. Ce n’est pas un délit, et c’est permis de rêver. Ce n’est pas un crime. De plus, il n’y a pas de taxe sur cela, du moins pas encore, Dieu merci ! Le même rêve anime également les indépendants. Il est vrai que dans certains cas où la bataille est serrée, un candidat indépendant peut faire perdre son élection à un candidat d’une des principales formations en grignotant quelques poignées de votes, comme cela s’est déjà vu par le passé.
Mais revenons à ces récents groupuscules qui s’agglutinent les uns aux autres en espérant dégager une synergie viable, croyant dur comme fer qu’ils sont les envoyés providentiels pour sortir notre cher pays du gouffre où il se trouve. Ils oublient que certains de leurs membres ont contribué à l’y envoyer. Déjà, l’arrogance est de mise. Certains pensent qu’ils ont le profil type pour aspirer aux plus hautes fonctions de notre système politique. D’autres, plus téméraires, avancent qu’ils n’ont rien à faire avec l’opposition parlementaire, car, tenez-vous bien, ils ont été alliés dans le passé. Tiens ! Voilà qu’un groupement nouvellement fédéré est allé réveiller un parti dont l’existence avait été oubliée, dirigé par un octogénaire, alors qu’on nous parlait de dinosaures politiques qu’il fallait absolument faire partir. Si ceux-là souffrent d’amnésie volontaire, le peuple, lui, ne saurait oublier que certains d’entre eux ont été ministres dans un gouvernement dirigé par un octogénaire encore plus âgé, qu’ils ont été en alliance avec d’autres partis également. Puis, ils ont quitté le parti qui les avait fait élire et devenir ministres, en essayant de faire croire qu’ils ne pouvaient plus tolérer la décadence et les scandales qui entachaient leur parti, promettant au peuple de nombreuses révélations.
À l’approche des élections, une myriade de soi-disant partis politiques poussent comme des champignons après la pluie, dit l’auteur
À la question posée, la réponse était que les dossiers compromettants étaient en sécurité dans le Cloud et qu’ils seraient dévoilés au grand public en temps voulu… et depuis ? C’est la proverbiale «Anne, ma chère Anne, ne vois-tu rien venir ?» Alors même qu’ils évitent de s’expliquer sur certaines affaires louches qu’ils traînent et qu’ils cachent, comme la fameuse séquestration à laquelle l’un d’eux avait participé ! Et qu’en est-il de l’argent retiré, avec une rapidité qui ferait envier Lucky Luke, d’une banque dont la licence d’opération allait être annulée, avec les conséquences que nous connaissons ? Il y a bien d’autres squelettes dans leur placard, qui, sûrement, feront surface à mesure que l’échéance approche.
Passons. Mais attendez, n’y a-t-il pas certains membres d’un groupe avec des aspirations, certes légitimes, mais loin d’être réalistes, qui ont fait le tour de plusieurs partis politiques avant d’essayer maintenant de se faire passer pour de bons grains ? Ne serait-il pas de bon conseil qu’ils fassent une introspection ou reviennent sur leur passé qui n’est pas si lointain, avant de prétendre qu’ils incarnent une pureté politique irréprochable ?
Et nous, l’électorat ? Sommes-nous appelés à avaler tout cela et à confier notre destin à ces mains-là ? Que Dieu nous en préserve !
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