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Et si on revenait à l’enfance…

20 octobre 2023, 14:55

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Et si on revenait à l’enfance…

On dit souvent que vieillir, c’est retourner au stade de l’enfance. Malgré toutes les réformes, notre problème en matière éducative reste entier. À la fin du primaire, la majorité des enfants ne savent toujours pas lire ou écrire. Et la cassure s’opère entre l’élite admise dans les bons collèges, une grande partie va grossir les rangs des «ti» collèges et, enfin, certains laissés-pour-compte mal encadrés par leurs parents – eux-mêmes délaissés durant leur enfance – finiront par abandonner le milieu scolaire. C’est un cercle vicieux.

C’est une grosse perte pour le pays qui se coupe ainsi d’une grosse partie des futures générations. Einstein lui-même, enfant, était considéré comme un attardé. Il ne faudra pas s’étonner, comme aujourd’hui, des répercussions négatives. Une autre école, celle de la déformation, s’ouvre à eux qui ne seraient même pas des rescapés de l’éducation pourtant gratuite.

Dès le plus jeune âge

Vous n’êtes pas sans savoir qu’à l’âge de quatre ans, le cerveau de l’enfant n’a pas encore atteint toutes ses facultés. On peut dire qu’il est en pleine croissance et qu’il peut alors absorber un nombre de notions telle une éponge. C’est là qu’intervient l’importance de l’école pré-primaire ou maternelle. Ces écoles, qui ont poussé comme des champignons, n’ont que trop longtemps servi de garderies d’enfants que les parents ne savaient où mettre.

Il faut se réjouir que les autorités aient corrigé le tir en rendant gratuites les écoles pré-primaires, d’une importance capitale dans la formation de l’enfant, même sous forme de jeux. L’éveil avec ses mille découvertes va marquer l’enfant. L’éclosion de bourgeons du savoir. Il faut contrôler et insister pour que tous les parents, même les plus démunis, inscrivent leurs enfants au pré-primaire.

Cette première bataille n’est pas encore gagnée. Reste l’éternel problème de la formation de ceux et celles qui vont les encadrer. Leur formation, voire leurs salaires et leur sélection, doit être plus poussées. Imposer le silence aux turbulents ne suffit pas. Il existe des méthodes de pensée qu’ils doivent inculquer à l’enfant, des outils pédagogiques qui vont faciliter la prochaine étape qu’est l’entrée au secondaire.

N’oublions pas au passage que tous les enfants ne sont pas au même niveau selon leurs origines sociales. Il existe ce que l’on appelle les late developers. D’où la nécessité d’un nombre limité d’enfants par classe. Une attention particulière à chacun ? L’égalitarisme est un leurre, mais l’instituteur doit ici assumer une lourde responsabilité. Pas question d’isoler les cancres au fond de la classe.

Enfin chez les grands

L’enfant doit déjà posséder certaines notions de base qui vont faciliter ce passage délicat de la petite enfance à l’enfance tout court. Bien préparé, il n’y a aucune raison pour que, graduellement, il ne s’adapte pas à ce nouveau milieu, à de nouvelles matières et surtout à de nouvelles méthodes d’enseignement où il ne devra compter lentement, mais sûrement, que sur lui-même parfois.

À nouveau, le système va buter sur un nouvel obstacle. La formation des instituteurs du début jusqu’à la fin du cycle primaire. Soyons vieux jeu. Et si on revenait aux chiffres d’échecs relevés durant les dernières décennies. Pas question de revenir à d’anciennes méthodes d’enseignement bel et bien dépassées. Mais tout n’est pas à rejeter, l’eau du bain et l’enfant avec. Vous remarquerez que les anciens se souviennent encore de ce qu’ils ont appris au primaire ou encore de ce qu’ils ont retenu, voire du nom de l’enseignant qui les aura marqués.

Ces souvenirs d’antan chez les nouvelles générations ont disparu. L’enseignement n’est en presque rien personnalisé, enjolivé, recalibré pour faire mieux comprendre aux écoliers dont le cerveau est maintenant presque formé des nouveautés. Comment expliquer que les anciens ou très anciens se remémorent leur passage au primaire.

Souvenons-nous de la Primary Teachers Training School. Beaucoup avaient déjà choisi d’embrasser la carrière d’instituteur alors que de nos jours, on le devient, comme policier d’ailleurs, akoz ki afer. Pas la peine de s’en prendre aux instituteurs du primaire qui se débrouillent comme ils peuvent après une formation formelle. Les plus motivés s’en sortent ; d’autres patinent et tombent parfois dans la routine.

Il n’y aura pas de diminution du nombre d’échecs si on ne remet pas en cause la formation de ces instituteurs. Ça prendra du temps, coûtera plus cher, laissera quelques-uns au bord de la route, mais il est dans l’intérêt de l’enfant que l’instituteur qui va les initier et les aider à franchir des caps fondamentaux (lecture, écriture, calcul) ne peutse contenter d’une formation… primaire. Du jour au lendemain, il se retrouve devant des classes plutôt bondées et agitées, des parents trop empressés de les remettre en cause au lieu de s’en prendre à leur chérubin. Rien n’est plus néfaste que la culture de l’enfant roi !

La formation des formateurs

Qui forme les formateurs qui doivent modeler presque ces instituteurs qui vont parfois se retrouver devant des enfants démunis, sans aide parentale aucune. L’instituteur parfois mal préparé à ce métier exigeant va s’occuper surtout des élèves motivés que l’on retrouve aux premiers rangs et qui participent aux activités de la classe. D’autres délaissés vont accumuler des années de retard non comblés et finissent même par se remettre en cause.

Il suffit parfois d’une étincelle pour subitement voir s’écarquiller les yeux d’un prétendu vaurien. Et puis, tout le monde n’a pas l’argent pour payer la private tuition en dehors des heures normales de classe. Pourtant, ces habitudes sur lesquelles on ferme les yeux pourraient être contournées en passant par un outil accessible à tous mais pas toujours bien utilisé : la télévision.

L’enfant passe déjà des heures au téléphone. Il existe des créneaux réservés à l’enseignement à la télé mais il faudrait revoir ces méthodes audiovisuelles. Des instituteurs qualifiés pourraient rendre ces programmes plus attractifs. L’objectif est d’intéresser l’élève, le motiver, l’éveiller, le faire participer. Si l’élève se montre récalcitrant, c’est aux parents de réagir et d’obliger l’élève s’il le faut, surtout si ces programmes deviennent plus digestes. Ce ne sont pas les video games ou plus tard, les réseaux sociaux qui vont changer la situation.

Personne ne détient les clés pour stopper l’hémorragie d’analphabètes que pond notre système scolaire. Le ministère semble se décarcasser, mais n’est-il pas temps d’emprunter d’autres voies en privilégiant le pré-primaire et le primaire ? Le maître mot reste la formation quoiqu’il en coûte. Tout reprendre à la base ?

Bat ar born?