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Zones inondables
État des lieux : Endroits à risque négligés et solutions en attente
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Zones inondables
État des lieux : Endroits à risque négligés et solutions en attente
Les maisons effondrées à Tranquebar, spectacle toujours déchirant.
Les inondations du dimanche 21 avril ont remis en lumière l’importance cruciale de rendre public le «Land Drainage Master Plan», un rapport détaillé rédigé par des experts australiens sur les zones inondables de Maurice. Malgré une interpellation parlementaire du leader de l’opposition démissionnaire Xavier-Luc Duval le 16 juin 2022, le ministre des Infrastructures publiques Bobby Hurreeram avait refusé de jouer la carte de la transparence. À ce jour, de nombreux habitants se demandent si leur maison se trouve dans une zone rouge, zone potentiellement submersible. En 2022, la Land Drainage Authority avait déjà publié une liste des 306 zones inondables classées sur une échelle de 1 à 5, dont 62 à haut risque. Cependant, ces informations n’ont pas été largement diffusées, laissant la population dans l’incertitude des risques réels. Ci-contre une liste actualisée des zones inondables pour mieux comprendre l’ampleur du problème.
Des appels d’offres lancés toujours en attente
En décembre 2022, des appels d’offres avaient été lancés pour les régions de Tranquebar – Morcellement Raffray – Baie-du-Tombeau (rue Macadam, St-Malo) – Terre-Rouge (Kestrel Lane, Cité Nelson Mandela) – Cottage Phase 2 – Camp-Thorel – Flacq (Central Flacq, Cité Hibiscus, La Source) – Bramsthan – Morcellement Sans-Souci, Montagne-Blanche – St-Hubert – Malakoff Phase 2 – Avenue Berthaud, Quatre-Bornes – Coromandel – Débarcadère, Poste-de-Flacq – Morcellement de Chazal. Seuls 12 % des projets de drains dans ces zones ont été achevés au cours des trois dernières années financières, selon le rapport de l’Audit. En mars 2023, des appels d’offres avaient été lancés pour les endroits suivants: Cité Richelieu – Vallée-des-Prêtres – Camp La Cloche – Elizabethville, Baie-du-Tombeau – Fond-du-Sac Phase 2 – New Grove – Bambous-Virieux – Anse-Jonchée – Bois-des-Amourettes – Rivière-des-Créoles – Vieux-Grand-Port – Grand-Sable – NHDC Grand-Bel-Air – Petit-Bel-Air – Rivulet Délice, Grand-Bel-Air – Providence – La Louise, Quatre-Bornes – Boulodrome, Rivière-Noire – Dakri phase 2 – Monneron, Port-Louis – Allée Mangues, Poste-de-Flacq. Ces projets sont toujours au stade de conception.
Bobby Hurreeram: «539 projets sur 1 742 achevés»
Au Parlement mardi, le ministre des Infrastructures nationales a fait savoir que pendant cinq ans, un total de 539 projets de drains, représentant environ Rs 3,8 milliards, ont été complétés sur les 1 742 projets du «National Flood Management Program». 114 autres projets, d’une valeur totale de Rs 3,3 milliards, sont en cours, tandis que 150 projets estimés à Rs 2,8 milliards sont en phase d’appel d’offres. De plus, la LDA a répertorié 306 zones sujettes aux inondations, dont 62 ont été désignées comme à risque élevé. Dans ces zones à haut risque, 20 projets ont été finalisés, 13 sont en cours de réalisation et 10 autres sont en phase d’appel d’offres. Le ministre n’a pas manqué de contredire le bureau de l’Audit en affirmant que les 34 projets «mal rapportés» dans le dernier rapport, sont en fait de nouveaux projets pour 2022-23 engagés par la NDU. En effet, le rapport de l’Audit indique que sur les 968 projets de drains planifiés par la NDU, seuls 34 ont été réalisés, représentant seulement 4 % du total des projets pour un coût global de Rs 457 millions. Cela signifie que les résidents des zones à risque n’ont pas bénéficié de l’installation de drains appropriés dans les délais prévus pour l’exercice 2022-23. En 2021-22, la LDA a alloué 55 projets pour un montant de Rs 7,685 milliards, dont 26 ont été identifiés comme situés dans les zones à haut risque d’inondations. Deux ans plus tard, aucun projet n’est achevé et seuls deux ont atteint l’étape de la construction.
Ces endroits à fort risque qui ont connu un répit
Soulagement à Fond-du-Sac. Des travaux infrastructurels ont permis d’atténuer la situation durant les inondations même s’il reste encore à faire par les autorités. Gokhoola a aussi connu d’importantes inondations dans le passé. Il figure aujourd’hui sur l’échelle 2 en termes de vulnérabilité. Pourtant pendant des années, les habitants ont été durement touchés par les accumulations d’eau. Deux gros projets de drains complétés en 2021 dans le cadre des «flood mitigation measures» ont cependant offert un répit. Tout comme à L’Amitié. A Amaury, une partie des travaux a été complétée alors que la construction d’un drain à ciel ouvert en béton armé sur environ 400m dans les champs de canne à sucre de la Cité EDC, est toujours en cours. Bien que les drains ne représentent pas une solution à 100 %, leur construction et les mesures de prévention des inondations dans ces zones à risque ont apaisé les habitants autrefois aux prises avec des inondations dévastatrices.
Tranquebar
Les inondations de dimanche dernier ont causé l’effondrement d’une maison à Tranquebar et mis en danger d’autres maisons du voisinage. Et pour cause, l’endroit est considéré zone à risque, sur une échelle de 4 en termes de vulnérabilité. Les fondations ont cédé sous les inondations consécutives dues aux fortes pluies qui se sont abattues sur le pays. Depuis décembre 2022, l’appel d’offres a été lancé pour la construction de drains dans cette région, mais seule une petite partie des travaux a été complétée et l’irréparable s’est produit.
Ruisseau Créole/Ruisseau du Pouce/ Casernes/ Rue la Poudrière
Ces quartiers de la capitale figurent sur l’échelle 4 en termes de vulnérabilité depuis 2021. Selon le rapport de l’Audit, les projets pour Ruisseau du Pouce, la région Mgr Leen et les Casernes sont toujours au stade de conception. D’autre part, les infrastructures identifiées comme faisant partie des causes des inondations dans le centre-ville sont toujours présentes malgré les recommandations du comité qui préconisait leur démolition. Il s’agit des structures installées sur le Ruisseau du Pouce, et du bâtiment abritant un restaurant et deux parkings aménagés sur un canal servant à l’évacuation des eaux pluviales.
Place d’Armes/Caudan
Le 30 mars 2013, les inondations à la Place d’Armes et au Caudan avaient fait 11 morts. Le 15 janvier dernier, avec le cyclone Belal, cet endroit était une fois de plus submergé et le Caudan Waterfront envahi par des eaux boueuses et des détritus tandis que les routes n’étaient plus visibles et les véhicules submergés. Dimanche dernier, le même scenario s’est produit avec les pluies torrentielles. Or, 11 ans après, rien n’a été fait. Le projet de drains allant de la Place d’Armes jusqu’au Caudan est encore à l’étape de soumission, selon le rapport de l’Audit. De même pour le projet additional outlet de la Place d’Armes à Caudan, confié à la Road Development Authority (RDA). Il faut noter qu’en 2021, la Place d’Armes figurait sur l’échelle 2 en termes de vulnérabilité, voulant dire que cet endroit selon la LDA est moins vulnérable.
Vallée-des-Prêtres
Cette localité au nord de Port-Louis figure sur l’échelle 5. Le manque de drains, les rues non asphaltées et l’absence de ponts suscitent l’indignation des habitants de Vallée-des-Prêtres. Malgré leurs appels répétés au fil des années à des améliorations, aucune action n’a été entreprise jusqu’à présent. Chaque fois que les grosses pluies s’abattent sur le pays, ils ne sont pas épargnés. Malgré les promesses annoncées, la Drain Infrastructure Construction Ltd (DICL), à qui la responsabilité a été confiée, n’a pas atteint ses objectifs pour atténuer le problème d’inondations dans diverses régions. Selon le rapport de l’Audit, 17 projets de construction de drains sont au design stage et Vallée-des-Prêtres en fait partie.
Albion
Ce village de la côte nord-ouest est confronté à d’importantes accumulations d’eau pendant la saison des pluies, un problème qui s’est aggravé avec le développement de nouveaux lots résidentiels, nécessitant un système de drainage efficace et robuste. Dimanche dernier, les habitants d’Albion ont été durement touchés par des inondations. Albion figure parmi les 968 projets de drains prévus par la National Development Unit (NDU), dont les travaux n’ont pas été réalisés. Depuis mai 2023, une enquête était en cours sur l’ensemble de cette région pour y mettre en place des mesures de prévention et d’atténuation des inondations. Un consultant allait même être nommé mais le projet est toujours en suspens.
Pointe-aux-Sables
Plusieurs localités, notamment Résidence Débarcadère et Résidence Richelieu, figurent parmi les zones inondables à Pointe-aux-Sables. Ces quartiers étaient sous les eaux lors des grosses averses de dimanche dernier. Les zones inondables sont classées par la Land Drainage Authority (LDA) sur une échelle de 1 à 5 en termes de vulnérabilité ; 5 désignant les plus vulnérables et 1 comme les moins vulnérables. Pointe-aux-Sables est sur l’échelle 5. Cependant la construction de drains et d’autres solutions durables dans ces high-risk flood-prone areas se font toujours attendre. Les appels d’offres pour la construction de drains dans ces régions n’ont même pas été lancés. Les années passent et se ressemblent pour les habitants. À chaque grosse averse, c’est la peur qui s’y installe.
Canal-Dayot
Les habitants avaient subi les inondations du 30 mars 2013 à cause des drains qui venaient d’y être construits. L’eau débordant de ces nouveaux drains avait causé d’énormes dégâts. En 2019, Canal Dayot a été déclaré «zone à haut risque d’inondation» par la LDA. En mars 2018, la NDU a été mandatée pour réhabiliter Canal-Dayot, avec l’élargissement et le nettoyage de la rivière ainsi que la sécurisation de ses deux lits avec de petites digues en pierre et la construction de drains dans le village. Malgré ces mesures, le 13 mars 2022, des pluies torrentielles ont provoqué à nouveau d’importantes inondations. La LDA a réalisé une nouvelle étude qui a recommandé le rehaussement d’un mètre sur environ 400 mètres du mur anti-inondation le long de la zone résidentielle de Canal-Dayot. La NDU avait recruté un consultant le 13 avril 2022 pour la conception, la supervision et la gestion des travaux de revalorisation de Canal- Dayot. Un entrepreneur avait été désigné le 23 mai 2022 pour l’exécution des travaux au coût de Rs 13,7 millions. Les travaux qui devaient débuter en juin 2022 n’ont jamais démarré. Le 15 septembre 2023, dans ses délibérations, le Conseil des ministres écrit que les travaux de réhabilitation de la NDU ont été stoppés en raison du refus d’accès à leur propriété de certains propriétaires. Précisant que sur 13, seulement neuf propriétaires ont donné leur feu vert à la NDU. Lors du cyclone Belal et encore dimanche dernier, les habitants se sont une fois de plus retrouvés sous les eaux.
Petite-Rivière
Depuis 2023, un système d’évacuation provisoire des eaux lors des grosses pluies est en construction pour éviter des accumulations et inondations. Petite-Rivière figure sur l’échelle 3 en termes de vulnérabilité. Deux complexes résidentiels construits par la NHDC avaient été inondés en janvier 2023. Dimanche dernier encore, l’accumulation de l’eau dans les rues a atteint plusieurs maisons et cours. À ce jour, des projets de construction de drains pour la localité ne figurent pas parmi ceux annoncés par la LDA.
Pailles/ Bell-Village
Ces localités sur l’autoroute de Port-Louis ont été grandement touchées par les pluies torrentielles de dimanche dernier. Le 15 janvier, les inondations à Pailles avait fait un mort. L’autoroute M1 à Camp-Chapelon et la route A1 près de l’autopont à Bell-Village étaient même fermées à la circulation après ses inondations. Ces deux localités figurent sur l’échelle 3 et 2 respectivement. À ce jour le problème reste entier, car aucun projet de drains ou d’autre système d’évacuation des eaux ne figure à l’agenda de la LDA.
St-Jean/Quatre-Bornes
La région ne figure pas sur la liste des zones inondables à très haut risque. Pourtant, ces deux dernières années ont vu l’inondation de la route bordant le cimetière de St-Jean. En novembre dernier, c’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Un pan du mur du cimetière s’est effondré inondant et détruisant des tombes. Il n’était pas encore reconstruit quand en janvier le mur d’en face s’est effondré et des maisons inondées, une tombe emportée par l’eau se retrouvant même dans la cour d’un habitant. Dimanche dernier, le cimetière était une fois de plus submergé. Pour prévenir un éventuel effondrement du mur, des water-tankers avaient été placés à l’avenue Broad en 2023 pour servir de contre-poids mais cela n’a pas empêché le mur de s’effondrer à deux reprises. De plus, l’installation d’un nouveau système de drainage annoncé depuis 2023 est au point mort. Un drain reliant Old Moka Road à la rivière Sèche sur une distance de 800 à 900 mètres au coût estimé de Rs 65 millions, serait réalisé par la NDU pour contenir les inondations du cimetière St-Jean et des quartiers avoisinants. Le contrat a été alloué à Gamma Civic en février dernier et les travaux devront être achevés dans 18 mois.
Souillac/ Chemin-Grenier
À chaque fois que les grosses averses s’abattent sur le pays, le Sud est durement touché et les régions de Souillac et Chemin-Grenier ne sont pas épargnés. La route du Batelage à Souillac devient impraticable en temps des fortes pluies. Accumulations et infiltrations d’eau boueuse dans leurs maisons et leurs cours… Mais encore des eaux provenant des routes dont les drains sont bouchés… Les habitants de Chemin-Grenier vivent aussi cette tragédie depuis une dizaine d’années. Un projet de drain avait été traité en urgence après de grosses averses en 2021, causant ainsi une montée des eaux. Le premier appel d’offres n’était pas un succès, vu qu’il n’y avait pas de ‘contracteurs’ adéquats pour ce genre de travaux. Un deuxième appel d’offres avait été lancé et un contrat finalement alloué. Les travaux ont démarré, mais accumulent toujours des retards, selon les autorités, vu que des tuyaux devaient être déplacés pour effectuer des fouilles.
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