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Monde de la communication

Gaëtan du Peloux : «En tant que communicant, je ne mens jamais»

2 septembre 2023, 18:00

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Gaëtan du Peloux : «En tant que communicant, je ne mens jamais»

Directeur créatif de l’agence française Marcel, Gaëtan du Peloux a vécu en immersion non seulement dans les couloirs de Circus mais aussi à Maurice. Une semaine riche en curiosités, en partages d’expériences pour ce fils de pub qui entend bien continuer à nourrir sa créativité de bleu lagon, du feu des piments locaux et de la mixité culturelle.

Panser les bleus dans l’image des Bleues. Et marquer le but décisif auprès des détracteurs du foot féminin. Gaëtan du Peloux, Chief Creative Officer de l’agence de pub française Marcel, a le sourire de l’enfant taquin. Celui qui s’amuse du spectateur qui s’est «un peu fait avoir».

Mais comme c’est pour la bonne cause, comme c’est pour dire que les filles ne sont pas moins techniques, pas moins rapides, pas moins spectaculaires que les garçons au foot, on encaisse volontiers le but. A tel point que la campagne Les actions folles de l’équipe de France qu’on a tous oubliées diffusée sur les réseaux Orange, a marqué les esprits pendant la Coupe du monde féminine de football cette année.

«La pub c’est le miroir d’une époque», affirme Gaëtan du Peloux. Il achevait hier une semaine de travail en immersion chez Circus. «Dans un monde où l’on est bombardé de messages, comment faire pour que l’on entende notre voix parmi 1000 autres voix? Pour cela, la créativité est au centre de tout». Son métier, il l’envisage comme un accompagnement des marques, des entreprises.

Cela va même au-delà. La campagne autour des légumes moches vendus en supermarché, c’est contribuer à faire changer les mentalités. Le rôle de communicant donne accès à des décideurs à divers échelons : les responsables au niveau de l’Etat, des entreprises, «les gens qui font évoluer la société». Le communicant, à écouter Gaëtan du Peloux, porte lui aussi sa part de responsabilité. «On essaie d’utiliser notre petit pouvoir pour que l’entreprise exerce ses droits et ses devoirs. Les gens donnent le pouvoir aux entreprises de gagner de l’argent. Le devoir des entreprises, c’est de rendre le monde meilleur, en contribuant à faire évoluer les comportements d’achat, à développer de nouveaux réflexes».

En tant que communicant, croix de bois, croix de fer, Gaëtan du Peloux insiste: «je ne mens jamais». Même quand il s’agit d’infos scientifiques concernant un produit qui promet d’être meilleur que les autres? Il précise: une marque de yaourt l’engage pour véhiculer le message que ce yaourt en particulier fait moins grossir. «Avant de le dire, mes équipes vérifient les chiffres». Le publicitaire ajoute : «la pub ce n’est pas mentir, c’est montrer sous le bon angle. De toute façon, mentir dans ce domaine est punissable par la loi».


Jacques Séguéla, une autre époque

Pour Gaëtan du Peloux, 43 ans, le nom de Jacques Séguéla, le «parrain de la pub en France», évoque une grande figure qui représente l’âge d’or, «où il y avait beaucoup d’argent et d’excès dans la pub. On pense que c’est toujours la même chose, mais ce n’est pas le cas». Il a un «grand respect» pour les fondateurs, «mais c’était avant».


Tisser des liens: «aider circus à gagner cannes lion»

On ne fait pas ce métier pour gagner des prix, affirme Gaëtan du Peloux, qualifié de créatif parmi les plus récompensés de sa génération. Parmi ses prix : deux Cannes Lion, un équivalent du Festival de Cannes pour la pub. L’un de ses prochains objectifs: «Circus a ce rêve fou (NdlR: décrocher un Cannes Lion), j’aimerais les aider».

Pour le Chief Creative Officer, ce séjour était sa «vraie première fois» à Maurice. Celle où il n’est pas resté à l’hôtel, mais a travaillé pendant une semaine avec l’équipe de l’agence Circus, «comme n’importe quel créatif» dans l’open space. «J’ai essayé humblement de leur transmettre ce que j’ai appris en 20 ans d’expérience» Circus attire l’attention de Gaëtan du Peloux il y a cinq ans. Marcel et Circus ont le groupe Publicis en commun.

Circus représente Publicis dans l’océan Indien. Marcel, l’agence parisienne où Gaëtan du Peloux est directeur de création, est une filiale du groupe Publicis. Tous les ans, les directeurs créatifs de Publicis se réunissent pour présenter leur travail. Il y a un lustre, Gaëtan du Peloux rencontre Vincent Montocchio, managing director de Circus et Chief Creative Officer Publicis Group Africa. «J’ai beaucoup apprécié l’être humain et le travail présenté», confie Gaëtan du Peloux. «Ils y mettent du cœur et de l’intelligence. Ils ont une vision et de l’ambition.»

Le directeur créatif nuance : «avoir de l’ambition peut-être mal interprété, mais faire son travail avec ambition c’est une qualité.»


Vendre une destination: Point de vue du publicitaire

Gaëtan du Peloux parle avec un enthousiasme contagieux de Maurice. A tel point qu’on se dit qu’il pourrait- qui sait - faire un bon candidat pour vanter la destination. Lui qui a passé son séjour à Trou d’Eau Douce. S’est lavé les yeux avec «les couleurs du lagon, la flore, la mixité des cultures. L’impression que le vivre-ensemble ça marche ici».

Pendant son séjour, sa curiosité en éveil, tout comme son «besoin de se faire peur», lui ont fait goûter autant au piment qu’au rhum piment. Question: en octobre 2009, la campagne Mauritius c’est un plaisir, n’avait pas vraiment fait plaisir aux Mauriciens. Cette campagne avait été confiée à la firme britannique Acanchi au coût de Rs 31millions. Qu’en pense le directeur de création ? Gaëtan du Peloux dit seulement : «c’est normal que les Mauriciens réagissent ainsi. Ce n’étaient pas eux la cible de cette campagne, mais les étrangers».

Une idée en amenant une autre, ce citoyen français jette un regard critique sur son pays, où «on fait trop la grève». Où l’on «n’apprécie pas assez la gratuité de l’école, de l’hôpital».

Les neurones sont déjà en mouvement dans son cerveau de créatif. Il verrait bien sur la façade d’une caserne de pompiers: «Merci. Grâce à vos impôts, dans cette caserne nous avons sauvé tel nombre de personnes».