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Théâtre

Gaston Valayden : À bas tous les «baraz» érigés par les politiciens

27 avril 2024, 16:00

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Gaston Valayden : À bas tous les «baraz» érigés par les politiciens

Baraz a ouvert le Festival de théâtre de Port-Louis en 2002. Gaston Valayden, le metteur en scène y jouait l’un des rôles principaux.

Un texte fort pour nous renvoyer, en pleine face, les barrières communales et autres divisions cultivées par certains hommes politiques. C’est le thème de la pièce de théâtre «Baraz», qui sera jouée les 10 et 11 mai au Caudan Arts Centre.

Komie siklonn pou vini», avant que les fléaux sociaux ne soient balayés ? Vingt-deux ans après la création de «Baraz», en ouverture du Festival de théâtre de Port-Louis, en août 2002, le metteur en scène Gaston Valayden remet au goût du jour ce texte fort, qui critique le communalisme et l’influence toxique de certains hommes politiques. «Baraz» sera à l’affiche au Caudan Arts Centre, les vendredi 10 et samedi 11 mai.

«Nou bann, ki bann sa ?» peut-on lire sur l’affiche de la pièce. Gaston Valayden fustige ainsi le «noubannisme» pour prôner «nou tou mem bann, nou bann morisien». En regardant résolument vers demain. «L’avenir de Maurice est dans la tête des jeunes. C’est à eux de faire que nous soyons ‘As one people, as one nation’».

«Baraz» puise à la source de l’enfance de Gaston Valayden. «A l’époque du cyclone Carol (NdlR: le 28 février 1960), j’avais 12 ans». À Stanley, Rose-Hill, sa famille vit dans une «lakaz tol inpe pouri». Pourtant, c’est sous ce toit qui «koule partou» que des voisins, toutes origines confondues, trouvent refuge contre les rafales du violent cyclone. Cette ambiance de «gran dimounn» solidaires a durablement marqué l’enfant, qui allait devenir enseignant, metteur en scène et comédien.

Fin des années 60. La période pré-indépendance est marquée par des bagarres raciales. «Au collège, les professeurs discutaient de ces hommes politiques ki met baraz dan latet dimounn», se souvient Gaston Valayden. Aux élections générales de 1967, «Moris inn kas an de». Si le Parti de l’Indépendance remporte les suffrages, 44 % des votants s’expriment contre, après une campagne électorale, qui a exacerbé des frayeurs communales. Pour l’homme de théâtre, le 60-0 des élections de 1982, suivi de la cassure neuf mois plus tard, est encore un exemple de «Moris re divize ankor. On disait que: ‘sak zako bizin protez so montagn’».

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Si dans la version initiale, la nouvelle génération est masculine, le metteur en scène a féminisé ces rôles pour la reprise de 2024.

Alors que 2024 est une année électorale, Gaston Valayden est toujours (hyper)sensible aux germes de la division. «Avec toutes les références aux circonscriptions 4 à 14, on sépare, encore une fois, les Mauriciens. Pire, durant des négociations autour du poste de président de la République, on a dit qu’il fallait l’accorder à un Ravived. Ki sa zistwar la sa ?»

La riche actualité politique – et son sens critique aigu – poussent Gaston Valayden à monter une nouvelle fois «Baraz», avec le soutien de Rama Poonoosamy et l’agence Immedia. Une pièce à laquelle le metteur en scène a apporté des retouches liées à l’actualité. Dans «Baraz», les deux pères de famille aux origines différentes sont joués par Jocelyn Amadis (qui reprend son rôle d’il y a 22 ans) et Jean Claude Catheya. C’est à ces deux pères de famille, qui nous ressemblent, que «politisien fer krwar ki zot apartenir a enn bann spesifik». Il faudra la force de la Nature, sous la forme d’un cyclone, pour que ces deux êtres se rendent compte qu’au «final, ils sont pareils».

*«Baraz», le vendredi 10 mai, à 19 h 30, et le samedi 11 mai, à 14 heures, au Caudan Arts Centre. Places standard à Rs 350, VIP à Rs 500. Réservations sur le site du Caudan Arts Centre ou sur le 260 0592/94.


Jérôme Boulle dans son propre rôle

Le journaliste, Jérôme Boulle (actuellement président de la Mauritus Ports Authority) est un habitué des pièces de la Trup Sapsiway et de Gaston Valayden. Dans Baraz, «il joue son propre rôle, celui du politicien», explique le metteur en scène.


Théâtres municipaux fermés indéfiniment

«Baraz» a été créé lors du festival de théâtre que l’agence Immedia et son directeur Rama Poonoosamy ont organisé pendant de longues années au théâtre de Port-Louis. Ce festival a eu lieu jusqu’à la fermeture du théâtre pour rénovation en 2008. Sauf que presque 16 ans plus tard, en 2024, le théâtre de Port-Louis n’a toujours pas rouvert ses portes. Un (mauvais) sort partagé avec le théâtre du Plaza, lui aussi fermé pour rénovation depuis 2004. Lors de la présentation de «Baraz», au cours de la semaine écoulée, Rama Poonoosamy n’a pas manqué de souligner à la fois le manque de volonté politique et de compétences pour le développement des arts et des cultures à Maurice.