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Gérer les attentes des électeurs
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Gérer les attentes des électeurs
Les réajustements et réalignements salariaux, annoncés vendredi dans la bonne humeur, sont un pas de plus vers les prochaines élections générales. Ils apportent leur lot de satisfactions et d’inquiétudes. Si le gouvernement se bombe le torse parce qu’il ne cesse, dit-il, d’investir dans le pouvoir d’achat des consommateurs (face à une inflation dont une bonne partie est importée) ; si l’opposition n’a pas d’autre choix que d’applaudir, même timidement, la communauté des affaires se montre plutôt prudente par rapport à la résilience des PME. Ces mesures populaires doivent être étudiées avec plus de profondeur pour pouvoir en mesurer l’impact et les implications au niveau des différents secteurs d’activités.
S’il est effectivement utile de revoir la méthodologie pour la détermination des salaires, il est évident que le gouvernement devrait puiser de son trésor de guerre pour offrir des mesures de soutien aux entreprises en manque de cash-flow. À ce titre, il est réconfortant que Business Mauritius brandisse, face aux nouveaux salaires, «la productivité et la valeur ajoutées», qui sont «des variables qu’il faut impérativement inclure dans l’équation de la détermination des salaires».
Les salaires peuvent-ils être pris sous la seule prisme d’un enjeu politique ? Clairement, Renganaden Padayachy et le clan Jugnauth ne comptent pas participer aux prochaines législatives pour les perdre. Les liens entre l’économiste et le politique sont connus. L’économiste étudie les phénomènes sous le point de vue de sa science et le politique utilise les arguments des économistes pour développer sa propre synthèse. C’est précisément ce qui est en train d’être joué sous les yeux inquiets des rivaux politiques. Avec une envie empathique de bien faire, et de réduire les inégalités (son grand dada à la Piketty), quitte à creuser l’endettement public, Padayachy mobilise les moyens pour financer le feel-good factor en amont des élections et d’un éventuel 14ᵉ mois.
En 2019, avant le Covid, les solutions domestiques, générées par des consultations tripartites, ne suffisaient déjà plus. Patronat, syndicats et gouvernement, chacun essayait de tirer son épingle du jeu sans évoquer, par exemple, le lien entre la productivité qui stagne (ou qui progresse trop mollement) par rapport aux salaires qui sont, eux, en constante évolution. La délocalisation des entreprises locales qui vise, entre autres, à contrecarrer des prix élevés et inflexibles sur le marché du travail, tels que le salaire minimum – aujourd’hui fixé à plus de Rs 16 500 (hausse de 500 % depuis 2014), même si la roupie a connu une dépréciation de plus de 40 % durant ces dix dernières années pour des raisons multiples.
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Dans State Strategies in the Global Political Economy, Ronen Palan, Jason Abbott et Phil Deans, qui ont étudié les stratégies compétitives des États face à la mondialisation économique, postulent qu’il n’existe pas une seule manière d’organiser l’État-providence, mais plusieurs. Il y a la «stratégie de la taille», qui est la création d’espaces régionaux ; celle de «l’État-développeur», qui s’inspire du modèle asiatique ; la «stratégie du bouclier», soit l’intégration sélective dans l’économie mondiale alliant secteurs protégés et dynamisme des exportations et des investissements extérieurs ; la «stratégie de l’hégémonie», définie comme une position de pouvoir étatique dans le système international à des fins davantage compétitifs ; ou la «stratégie du parasite», représentée par les paradis fiscaux et les centres financiers offshore. Ou encore la «stratégie de l’exclusion formelle», qui est le propre de nombreux pays africains, qui s’autoexcluent, par manque de fonds ou de vision, de tout rôle dans l’économie mondiale.
À la suite d’une pandémie qui a redessiné les contours économiques des nations du monde entier, Maurice se distingue par sa résilience remarquable et sa reprise robuste, analyse le Fonds monétaire international (FMI). Dans son rapport de fin de mission Article IV à Maurice du 23 février 2024, l’institution de Bretton Woods salue notre nation pour son «fort rebond», soulignant la croissance significative de son PIB réel, qui a grimpé à 8,9 % en 2022, grâce à un essor du tourisme et du secteur manufacturier.
En examinant les conclusions du FMI et le paysage économique plus large, il devient clair que Maurice est confronté à un double discours d’opportunités prometteuses et de défis redoutables. Le FMI souligne aussi la nécessité urgente de recalibrer le mélange de politiques macroéconomiques. Ce qui implique une consolidation budgétaire favorable à la croissance et un effort de stabilité financière tout en protégeant les segments les plus vulnérables de la société. Les prévisions pour 2024 restent optimistes, avec une croissance attendue du PIB réel de 4,9 %, portée par des projets publics importants et un secteur touristique revitalisé.
Cependant, cette perspective n’est pas sans incertitudes. L’environnement économique mondial, marqué par la possibilité de ralentissements et les risques d’augmentation des prix du carburant et des denrées alimentaires en raison de conflits internationaux, constitue des menaces importantes pour l’économie de notre nation. La Banque de Maurice est spécifiquement encouragée à resserrer sa position si les pressions inflationnistes réapparaissent, soulignant l’équilibre délicat entre la promotion de la croissance et le maintien de la stabilité financière.
L’avenir de Maurice passe également par l’avancement des réformes structurelles, notamment l’amélioration de la gouvernance, la réduction des inadéquations de compétences sur le marché du travail, l’amélioration de la productivité et la promotion des investissements dans la numérisation et les infrastructures résilientes au climat. Ces initiatives sont essentielles pour soutenir l’investissement du secteur privé et promouvoir la diversification économique, assurant ainsi la durabilité et la résilience à long terme de l’économie.
Pourtant, réaliser une croissance durable nécessite de s’attaquer à la durabilité budgétaire et aux défis posés par un solde du compte courant négatif. Alors que Maurice continue sur la voie de la reprise et de la croissance, le rôle des décideurs politiques, en particulier celui du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, devient de plus en plus crucial. Équilibrer les demandes des syndicalistes, gérer les attentes du public en matière de mesures de bien-être et guider l’économie au-delà des craintes du secteur privé et des élections...
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