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Gouvernement d’austérité ou du pareil au même ?
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Gouvernement d’austérité ou du pareil au même ?
Lorsque l’aube d’un nouveau gouvernement se lève, elle éclaire souvent les ombres laissées par le précédent. Mais dans ce décor post-électoral, une réalité plus cruelle s’impose : Maurice serait à genoux. Les chiffres maquillés par des années d’opacité vont bientôt émerger et le nouveau Premier ministre, seul à avoir prêté serment, annonce une vérité glaçante : les finances publiques sont en péril. Pourtant, tandis que le pays attend désespérément des mesures courageuses, les mêmes habitudes semblent vouloir perdurer. La danse des fauteuils ministériels se prépare et déjà l’on murmure une vingtaine de portefeuilles, comme avant.
Un gouvernement pour le peuple, pas pour les postes. Devons-nous accepter, encore une fois, cette valse des ministères ? Les Mauriciens ont voté massivement pour le changement, mais un gouvernement pléthorique reflète-t-il cette promesse ? Si, comme le suggère Paul Bérenger, il est impossible de faire de tous les élus des ministres, pourquoi ne pas voir cette contrainte comme une opportunité ? Une dizaine de ministères suffirait amplement pour gérer les affaires publiques, surtout dans un contexte économique désespéré. Il est temps d’embrasser une gouvernance d’austérité et de responsabilité.
Les limousines de luxe, les voyages incessants, les attachés de presse et ces inévitables «per diem» sont autant de lignes budgétaires qui exaspèrent la population. Un gouvernement resserré, des véhicules hybrides et une limitation drastique des PPS à quatre (Nord, Sud, Est et Ouest) ne seraient pas seulement symboliques, mais essentiels. En réduisant ces dépenses somptuaires, l’État prouverait qu’il est capable de partager les sacrifices qu’il impose à ses citoyens, après le 14ᵉ mois et la baisse des prix des carburants promis.
Au-delà de l’économique, il y a l’institutionnel. Lorsque chaque député ou presque accède à l’exécutif, que reste-t-il du rôle législatif ? Un Parlement digne de ce nom ne doit pas être réduit à une simple chambre d’enregistrement pour les décisions ministérielles, surtout en l’absence d’une opposition digne de ce nom. Limiter le nombre de ministres renforcerait la séparation des pouvoirs, encourageant un débat d’idées fécond, libre des contraintes partisanes. Ce serait là un premier pas pour restaurer les lettres de noblesse du «parlement», au sens premier du terme.
Mais réduire le nombre de ministres n’est qu’un début. L’architecture même de notre système de gouvernance mérite une refonte. Le poste de vice-président, par exemple, est-il encore pertinent dans une République moderne ? Ne pourrait-on pas en abolir la fonction, économisant ainsi des millions qui pourraient être investis dans des secteurs critiques comme la santé ou l’éducation ?
De même, il est urgent de supprimer les organismes parapublics qui servent souvent de refuges aux candidats battus ou les proches des régimes successifs. Ces entités, doublons inutiles, ne font que siphonner des ressources publiques précieuses. Il est temps de confier leurs missions aux fonctionnaires compétents, déjà présents et souvent sous-exploités.
Une autre hérésie budgétaire réside dans les pensions à vie pour les anciens parlementaires, présidents et ministres. Certaines figures cumulant plusieurs pensions, y compris celle de vieillesse, bénéficient d’un luxe indécent aux frais du contribuable. Pourquoi ces avantages, surtout en temps de crise ? Il est impératif de les abolir ou de les restreindre sévèrement.
Enfin, les subventions aux associations socioculturelles doivent être remises en question. Ces entités, souvent sources de divisions communautaires, freinent l’émergence d’une identité nationale inclusive. En cessant de les financer, l’État enverrait un signal fort : celui d’un engagement en faveur d’un mauricianisme authentique, dégagé des calculs ethniques.
L’économie mauricienne vacille, et l’heure n’est plus à la demi-mesure. Ces propositions ne sont pas des choix mais des nécessités. Si le gouvernement persiste dans son train de vie princier, il trahit non seulement ses promesses, mais aussi le peuple qu’il prétend servir. Moins de ministres, moins de privilèges, moins de dépenses inutiles : voilà le changement que Maurice attend et qui pourrait, enfin, tracer le chemin vers une reprise durable.
Le peuple observe, impatient. Le «changement» annoncé doit être à la hauteur des espoirs qu’il a suscités. Les dirigeants se doivent d’incarner l’exemplarité, non dans leurs discours, mais dans leurs actes.
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