Publicité
Élections américaines
Harris parviendra-t-elle à devancer Trump dans la course à la présidence ?
Par
Partager cet article
Élections américaines
Harris parviendra-t-elle à devancer Trump dans la course à la présidence ?
Dans quelques heures, les dés seront jetés ! Effectivement, aujourd’hui, le 5 novembre, le nom du gagnant ou de la gagnante des élections présidentielles de 2024 sera connu.
Après quatre années à la tête de l’État, de 2017 à 2021, mais non réélu en novembre 2020 pour un deuxième mandat, l’ancien président républicain, Donald Trump, tentera une fois de plus de revenir au pouvoir. Il affrontera cette fois, à 78 ans, la candidate du Parti démocrate, Kamala Harris (60 ans), vice-présidente sortante ! Pour mémoire, rappelons qu’en novembre 2020, à la suite de sa victoire face à Donald Trump dans la course à la Maison Blanche, ce fut Joe Biden, né le 20 novembre 1942, qui devint le 46e président des États-Unis. Il est d’ailleurs l’actuel titulaire du poste ! Toutefois, le 21 juillet, suite à des semaines «de remise en question de sa condition physique et mentale», le président Biden annonçait qu’il ne serait pas de la course à une éventuelle réélection.
Face à l’évidence, le Parti démocrate fut appelé à choisir un nouveau candidat pour les présidentielles du 5 novembre 2024. Ce sera une candidate : effectivement, à moins de quatre mois du scrutin, madame Kamala Harris fut logiquement désignée. Désormais, pour ce rendez-vous crucial pour la nation américaine, la «candidate désignée» du Parti démocrate, se dit très déterminée : «Je me battrais pour le peuple ; je construirais une économie qui procurerait stabilité, sécurité et opportunité pour tous les Américains, non seulement dans l’immédiat, mais également au cours de la prochaine génération.» Toutefois, à l’instar d’un grand nombre d’observateurs, il nous semble que son combat n’est pas si commode : les sondages officiels ne cessent, en effet, de rappeler que Kamala Harris et Donald Trump sont constamment au coude à coude !
Le Trump «nouveau» sera-t-il plus heureux en 2024 qu’en novembre 2020 ? Bien qu’il soit souvent considéré par certains de ses opposants comme un «personnage extravagant», l’ancien président Trump n’a certainement pas laissé tous les électeurs américains totalement indifférents. Lors de ses quatre années à la tête de l’État américain, ce richissime homme d’affaires – un temps animateur de télévision – a multiplié échecs et réussites : un bilan de ses premiers mois en tant que président démontrait clairement qu’il s’était rapidement attirer les foudres d’une grande partie de l’ensemble des électeurs, provoquant involontairement une longue période de critiques – intenses, profondes et surtout récurrentes – qui lui privèrent d’une réélection en 2020. Soulignons que, déjà, lors de sa campagne électorale entamée en 2016, le futur président Trump avait déplu à un nombre significatif de grands électeurs ***** par ses nombreuses interventions au cours desquelles il ne jugea pas nécessaire de dissimuler sa «complicité» avec la Russie et ses éloges répétés à l’égard de Vladimir Poutine.
Des grands électeurs ***** qui n’oublieront certainement pas, au moment de leur choix aujourd’hui, l’autre faux pas important de l’Administration Trump : l’annulation surprise et unilatérale d’un accord international avec l’Iran sur son programme nucléaire – accord signé à Vienne en juillet 2015 par son prédécesseur, le président démocrate Barack Obama et tous les autres interlocuteurs concernés. Une décision qui, par ailleurs, avait pris l’Union européenne au dépourvu ! Ce qui explique que cette fois, selon des sources citées par l’agence Reuters, les diplomates européens travaillent à la mise en place d’une série de mesures avec l’objectif de renforcer les sanctions contre la Russie ***, en ayant en toile de fond la crainte d’un potentiel retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis.
Sur le plan de la politique intérieure, il est à retenir que Donald Trump, élu en 2017 pour être le 45e président de son pays, est loin d’avoir réalisé toutes ses promesses. Bien au contraire, et en guise d’exemple, il y a eu notamment sa tentative manquée de réformer le système d’assurance santé en demandant l’abrogation de la loi Obamacare – un dispositif qui permettait alors à quelques 20 millions d’Américains de bénéficier de la couverture de leurs frais de santé. Toutefois, bien que dominé par ses amis républicains, le Sénat américain de cette époque, bien que dominé par une majorité républicaine, avait refusé de le suivre dans sa démarche ! Par contre, tout au début de son mandat, il avait réussi – pour le plus grand plaisir de ses partisans – à faire voter le décret «qui interdisait, pour une certaine période, l’entrée sur le territoire à des ressortissants de certains pays musulmans».
Considéré comme étant de loin le président américain le plus impopulaire de ces dernières années, notamment sur le plan global, Donald Trump a indubitablement su conserver la confiance du Parti républicain, ainsi que celle d’une grande partie des grands électeurs. Confiance sans doute liée à ses quelques succès, sur le plan intérieur, tels que l’annonce du retrait des États-Unis, le 1er juin 2017, de l’accord de Paris sur le climat – accord qui, nous le rappelons, fut signé par 195 pays en décembre 2016, ou sans doute aussi de par la capacité de son administration à maintenir le taux de chômage en dessous du seuil de 4 %, sans négliger pour autant sa détermination concernant la relocalisation des entreprises américaines.
Polémiques autour du meeting de Trump au Madison Square Garden
«Vous avez détruit le pays. (…) Kamala, tu es virée, va-t’en !», a lancé l’ancien président républicain lors de l’un de ses derniers grands meeting à New York, au Madison Square Garden, «l’arène la plus célèbre du monde, d’une capacité de 20 000 places». C’était le dimanche 27 octobre, et dans ce «bastion démocrate et progressiste», il avait alors pour principal objectif de démontrer sa popularité. Fait rare de la campagne, il a été introduit ce jour-là par son épouse, Melania Trump, jusqu’ici très discrète. Mais entouré de certaines personnalités, comme Elon Musk, Robert Francis Kennedy Jr, la vedette du catch, Hulk Hogan et bien d’autres invités, réputés pour leur conservatisme, il a promis ce jour-là de «réparer» ce que «Kamala a cassé». Usant de provocations diverses, accablant ses adversaires de tous les maux, Donald Trump ne cesse d’accuser Kamala Harris d’être une vice-présidente «incompétente, qui a ouvert les vannes de l’Amérique pour faire entrer des millions de migrants criminels». À la même tribune, Stephen Miller, l’un des conseillers de la droite dure du candidat républicain, a renchéri en déclarant haut et fort que «l’Amérique est pour les Américains et les Américains seulement».
À l’inverse, ce même dimanche, la candidate démocrate était à Philadelphie, ville portuaire de l’État de Pennsylvanie – situé dans le nord-est du pays, entre Washington D. C. et New York, et surtout l’un des sept États qui seront déterminants dans l’élection d’aujourd’hui, à l’issue plus que jamais incertaine. Elle avait choisi de faire du porte-à-porte chez les communautés noires et latinos, et la ferme ambition de faire la différence en obtenant le plein de voix chez ces dernières !
Grande spécialiste des débats, Kamala Harris fera-t-elle la différence ?
Souvent présentée comme le symbole d’une Amérique multiculturelle, qui se met constamment en évidence, l’actuelle vice-présidente a poursuivi sa campagne et n’a pas ménagé ses attaques à l’encontre de son rival républicain. Elle espère vivement succéder à Joe Biden pour un mandat de quatre ans (2025-2029) et dès lors, réaliser une performance inédite : car, en cas de victoire, Kamala Harris deviendrait la première femme élue à la présidence des États-Unis d’Amérique. Toutefois, à l’issue d’un scrutin non seulement très disputé mais combien particulier – les modalités de ces élections étant absolument différentes de celles usuellement proposées par les autres démocraties du globe –, Kamala Harris parviendra-t-elle à convaincre la majorité des quelque 345 millions d’américains, et ainsi, celle des grands électeurs ***** potentiellement décisifs ?
Madame Harris – née en 1964, en Californie, d’un père, nommé Donald, économiste, puis professeur émérite à l’université de Stanford, et d’une mère, Shyamala, chercheuse spécialisée dans la lutte contre le cancer – a connu jusqu’ici une ascension professionnelle et politique constante : d’abord procureure du district de San Francisco, de 2004 à 2011, puis procureure générale de Californie de 2011 à 2017, avant d’entrer au Sénat en tant qu’élue représentante de la Californie pour les quatre ans qui suivirent. Donc, pour être précis, de 2017 à 2021. Candidate aux primaires des présidentielles de 2020, elle sera cependant déçue. Jugeant à juste titre que le nombre annoncé d’intentions de votes en sa faveur était de loin insuffisant, elle opta rapidement pour un retrait de cette compétition préélectorale, ce qui n’empêcha pas qu’elle fut choisie, avec le succès que nous connaissons, par Joe Biden pour être candidate à la vice-présidence ! Comme l’exige sans doute la fonction, elle fut néanmoins plus ou moins effacée lors de ses quatre années en tant que numéro deux du pays. Par conséquence, de par sa trop grande «discrétion», elle sera mal jugée et parfois malmenée.
Cependant, passionnée de politique, la candidate du Parti démocrate, mariée à un juif américain, a de fortes chances d’être élue présidente aujourd’hui. À ce jour, reconnaissons-le, de grands espoirs reposent sur ses épaules ; parmi ses soutiens, un nombre impressionnant de personnalités, de célébrités, tels que l’ancien président Barack Obama, et l’ex-Première dame, Michelle, Bill et Hillary Clinton, les acteurs George Clooney, qui avait exhorté le président Biden à se retirer de la course, et Arnold Schwarzenegger, «américain avant d’être républicain». D’autres artistes n’hésitent pas à se prononcer pour la vice-présidente de Joe Biden et le dit à qui veut l’entendre : Mandy Moore, chorégraphe et chanteuse, Taylor Swift, Jennifer Lopez, Beyoncé ainsi que Kelly Rowland sont du nombre. De plus, il apparaît selon certaines prévisions, confirmées, ici et là, par divers organismes, elle pourrait également profiter des votes des indécis, pour la plupart détracteurs de Donald Trump, et devenir «la première américaine, d’origine asiatique et afro-américaine, fille d’immigrés d’Inde et de Jamaïque» à réaliser un tel exploit. Mme Harris l’a bien compris. Elle continue à mettre l’accent sur les multiples scénarios d’horreur que provoqueraient le retour éventuel de son adversaire républicain au pouvoir : «Il pourrait effectivement plonger les États-Unis dans le chaos et mener le pays à se détourner de ses alliés, de l’Ukraine, de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), afin de se mettre à la disposition de certains dirigeants autoritaires tel que Vladimir Poutine.»
Pourtant, malgré une carrière politique, régulièrement qualifiée d’excellence – qui lui a certes permis d’arriver là où elle est aujourd’hui, une grande question demeure : la dernière ligne droite de son parcours électoral sera-t-elle couronnée de succès par une victoire lors de ces présidentielles de 2024 ? Pour gagner contre Trump, Kamala Harris devra en effet convaincre au-delà des électeurs démocrates : elle ne doit certainement pas ignorer ceux et celles qui pensent encore que «sous Trump, ils se porteraient mieux, que les achats seraient moins chers et que le monde serait plus pacifique». Avec rendez-vous d’aujourd’hui, qui lui est capital, elle doit tout faire pour rallier ces «éventuels hésitants» à son programme. Les grandes lignes de ce projet pour l’Amérique, qui consistent principalement à «vouloir réduire le coût de la nourriture et du logement, ses désirs de soulager les familles de la classe moyenne, d’augmenter les impôts des super-riches et son engagement pour le droit à l’avortement ainsi que pour la démocratie», seront-elles suffisantes ? Les mesures annoncées afin de «rendre de l’argent aux familles des classes moyennes, des groupes populaires» seront-elles réalisables, ou acceptables, aux yeux de ces citoyens américains, dont la principale préoccupation tourne autour de l’économie, alors qu’une importante inflation complique l’accès au logement comme à l’emploi ?
En fait, à quelques heures de la décision, le sort des deux adversaires demeure encore incertain. D’un jour à l’autre, les sondages ne cessent de varier, avec néanmoins, une tendance qui semble désormais de plus en plus évidente : ces présidentielles dépendront des résultats dans les fameux Swing States, qui sont sept au total. Il s’agît notamment de l’Arizona, de la Caroline du Nord, de la Géorgie, du Michigan et du Nevada, cinq États qui, tout comme la Pennsylvanie et le Wisconsin, s’inscrivent parmi les plus indécis. Après le vote anticipé de plus de 65 millions d’habitants sur l’ensemble du territoire, et avant le vote final d’aujourd’hui, il apparaît que Donald Trump possède un infime avantage dans quatre de ces États (Arizona, Caroline du Nord, Géorgie et Michigan), alors que sa rivale semble être assurée d’une légère majorité dans le Nevada et le Wisconsin. Harris et Trump étant littéralement à égalité en Pennsylvanie ! En Californie, comme dans l’Oregon, ou au Colorado, mais aussi à New York et dans l’Illinois, il semblerait que la victoire soit actuellement acquise à la vice-présidente sortante Quant à Donald Trump, il est confiant d’être en tête en Alabama, dans l’Arkansas, en Caroline du Sud, et sans doute dans le Mississippi, le Tennessee et l’Utah ainsi qu’en Louisiane – des États qui, nous le constatons, sont tous situés dans la Bible Belt pour ne pas dire sur le territoire dénommé la «ceinture de la Bible». Ajoutons ici que le gagnant ou la gagnante du scrutin devra totaliser au moins 270 grands électeurs pour accéder à la Maison Blanche.
Entretemps, en attendant de savoir le nom de celle ou de celui qui atteindra la majorité des 538 grands électeurs, nous constatons que les deux rivaux se renvoient constamment la balle : la démocrate multipliant ses critiques envers l’ancien président, sur le délicat problème de l’avortement en précisant que «cet homme ne respecte tout simplement pas la liberté des femmes» ; quant au républicain, inflexible sur le délicat problème de l’immigration, il renouvelle en permanence ses promesses de mettre fin à une «invasion de millions de clandestins, de les expulser (…) tout en décrivant une Amérique submergée par des meurtriers, des trafiquants de drogue, à cause de la vice-présidente Harris, qui est bête comme ses pieds». L’autre enjeu de ce 5 novembre tourne assurément autour des questions de santé. Au-delà du droit à l’avortement, de l’avenir de l’Obamacare, du prix des médicaments, mais aussi de la nécessaire préparation aux pandémies mondiales, il est évidemment aussi question de l’accès aux soins, ainsi que de la baisse de l’espérance de vie. Dans ce contexte, il va de soi que la terrible crise causée par l’utilisation abusive de drogues, notamment celle liée à la consommation de l’opium, occupe une large place dans la campagne. Ce qui toutefois n’empêche pas les perceptions de l’une et les visions de l’autre d’être radicalement différentes dans ces secteurs d’une bonne santé, laissant entrevoir que le choix des électeurs sera relativement déterminant et significatif !
À quelques heures du choix des Américains, il ne nous semble pas ridicule de souligner l’incapacité des sondeurs à désigner clairement un favori et nous devrions donc nous attendre à ce que la désignation du/de la futur élu(e) se joue à quelques milliers de voix.
Qui sont les deux vice-présidents potentiels ?
Selon les circonstances, l’élection présidentielle 2024 pourrait-elle alors se jouer autour de l’un ou l’autre des deux candidats choisis la vice- présidence ? D’un côté, chez les démocrates, Timothy Walz, ancien sous-officier de l’armée américaine, est actuellement le 41ᵉ gouverneur du Minnesota et donc, chef de l’exécutif de l’État. Né en 1964 à West Point, dans l’État de New York, Walz fut professeur de lycée et entraîneur de football américain, avant de se lancer en politique. Il a été élu en 2018 et 2022 pour deux mandats successifs à ce poste. Choisi comme colistier par Kamala Harris, cet homme, simple et sans prétention – «avec un style direct et une capacité à s’exprimer sans détour» – est également membre de la Chambre des représentants – qui compose, avec le Sénat, le Congrès des États- Unis. Élu pour la première fois à la Chambre, en 2006, il s’est distingué depuis par «son approche pragmatique ainsi que par son engagement envers l’éducation et les droits des travailleurs». Souvent homme de l’ombre, il sera sans doute bien à sa place en cas de victoire de Kamala Harris !
D’abord opposant virulent, James David (J.D.) est devenu le soutien convaincu de Trump ! Il fut choisi, dès le 15 juillet de cette année, pour s’aligner en binôme avec Donald Trump. Il est né le 2 août 1984 à Middletown, dans l’Ohio, et après une belle carrière comme militaire dans les marines, il devint tour à tour avocat, puis écrivain à succès, Il s’est d’ailleurs fait connaître par la publication de Hillbilly Élégie ****** , une autobiographie remarquable. Vite converti en homme politique, il fut dans un premier temps très acerbe envers la présidence de Donald Trump. Pourtant, ce diplômé de Yale – qui se veut être un ardent défenseur des valeurs conservatrices – ne tarda pas à changer son fusil d’épaule. Il se rapprocha finalement du postulant républicain. Ce dernier l’aida par la suite à se faire élire au Congrès des États-Unis, en tant que représentant de l’Ohio. Nous étions alors en 2022 ! «Retour aux valeurs traditionnelles, promotion de l’industrie nationale et critiques virulentes de l’immigration», furent les grandes lignes de sa vision pour l’Amérique et il s’y appliqua tout au long de son mandat sénatorial !
À noter, toutefois, que certains de ses commentaires à Springfield, plus précisément sur les immigrants haïtiens, «mangeant des animaux domestiques», qui bouleversèrent les Américains, furent repris par Trump lors du débat présidentiel. Et au grand dam de ses proches. Dans la foulée d’une éventuelle victoire de Trump, ce «populiste de droite» – qui ne semble pas être vraiment convaincu de l’orthodoxie économique républicaine, concernant les impôts, le salaire minimum, les tarifs douaniers et la politique antitrust, comme sa position contre l’aide militaire de son pays à l’Ukraine – vise très haut. Il espère être le vice-président qui réussira à rassembler le Parti républicain autour «d’une vision unifiée» et, par extension, être parmi les candidats les mieux placés à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2028. Ses antécédents électoraux «résolument conservateurs», sa relative jeunesse et ses racines seront considérés comme des atouts certains dans la course à la vice-présidence. Donc il est actuellement une réelle chance pour Trump !
Une femme, et en particulier une femme de couleur, dans le Bureau ovale ?
Nombreux sont les Américains, hommes et femmes, qui se réjouissent à l’éventualité de voir une femme, et plus particulièrement une femme de couleur, occuper le bureau ovale. La très légère avance de Kamala Harris (48,1 % des votes contre 46,7 %) sera-t-elle suffisante pour contrecarrer les ambitions de son rival ? La question reste posée d’autant que la campagne électorale est devenue de plus en plus intense, alors que tous les coups sont permis. Dans quelques États, l’ambiance tourne au vinaigre au point que la Garde nationale est mobilisée. Le spectre du 6 janvier 2021 – jour de l’attaque du Capitole par les partisans de Donald Trump après la victoire de Joe Biden – est dès lors dans tous les esprits. Par crainte d’éventuelles violences, la Maison Blanche est d’ores et déjà sous protection de la force policière et un grand nombre de magasins à travers le pays ont baissé les rideaux.
Certes, alors que l’horloge continue à tourner, les prévisions des instituts de sondages peuvent encore changer. Ni Kamala Harris ni Donald n’ont intérêt à baisser les bras. Pour remporter la «joute», l’une comme l’autre ont l’obligation absolue de ne pas oublier les électeurs issus des communautés hispaniques et afro-américaines, deux minorités ethniques essentielles pour gagner le ticket d’entrée à la Maison Blanche ! Ce mardi, les autorités américaines s’attendent effectivement à ce qu’un peu plus de 36 millions de votants latino-américains s’expriment dans l’urne. Déjà en 2016, lors de son élection à la présidence, Donald Trump avait obtenu le soutien de 28 % d’entre eux ; cette fois les prévisions parlent de 37 % de ces mêmes hispaniques qui voteraient pour l’ancien locataire du Bureau ovale. À l’inverse, lors du même scrutin, les démocrates furent soutenus par 68 % d’entre eux ; ce chiffre tournera autour de 56 % pour Kamala Harris cette année. Du côté de la communauté noire, seulement 7 % des électeurs faisaient confiance au républicain Trump en 2016 contre 15 % à l’heure actuelle, alors qu’une grande majorité des démocrates, 92 %, optaient pour Hillary Clinton. En 2024, ils ne seront que 78 % !
Tout en prenant bonne note de ces différences, nous constaterons enfin que dans la foulée de la Toussaint, le 3 novembre – qui a été le dernier dimanche de la campagne –, l’Amérique fut le théâtre des derniers passe d’armes à distance entre les deux candidats. Alors que Joe Biden traitait les électeurs républicains de «tas d’ordures», Kamala Harris, qui était à Détroit, dans le Michigan a essayé de rassurer ses partisans en annonçant : «Je viens de remplir mon bulletin de vote par correspondance (…) et mon bulletin est en route pour la Californie.» Pendant ce temps, son candidat à la vice-présidence était lui en Caroline du Nord. Longtemps opposé au vote anticipé, le candidat républicain Trump semble avoir décidé, depuis quelques semaines, de retourner sa veste pour ce qui est de cette possibilité de vote. Sans préciser s’il avait confirmé son choix dans l’urne, il anima ce dimanche un meeting dans le New Hampshire en compagnie de son colistier J. D. Vance ! Interrogé quant à son inculpation, Trump, «qui utilisera tous les outils appropriée pour battre les démocrates», a été très confiant sur son avenir : «Je dispose de plusieurs tactiques pour tenter d’éviter la prison d’État, mais mes meilleurs chances de succès en réalité dépendent du résultat de l’élection», a-t-il répondu !
Gageons que l’échéance de ce mardi 5 novembre 2024 nous révélera son lot de surprises. Une promotion pour Harris ou un nouveau mandat pour Trump ? Telle est la grande question !
*** Les échanges entre les responsables de l'Union européenne sont centrés sur plusieurs initiatives. Objectif : garantir que les sanctions européennes contre Moscou demeurent à long terme, en les renforçant par une application plus stricte, même si Washington change de cap.
**** Obamacare, référence communément utilisée pour parler de la législation de l’acte promulgué en 2010, concernant l’accession d’un plus grand nombre de gens aux soins de santé (ACA).
***** Aux États-Unis, ce sont les grands électeurs, un collège électoral de 538 membres, désignés par État en fonction de la population, qui élisent le président dans le mois qui suit le scrutin du 5 novembre. Ce sont eux qui sont en effet chargés de désigner officiellement le chef de l’État fédéral. Cette «deuxième élection présidentielle» se tiendra cette année le 17 décembre.
****** En témoignage de son enfance dans la Rust Belt au sein d'une famille minée par la pauvreté et la toxicomanie. Avec ce récit sur l'Amérique blanche déclassée, J. D. Vance attire l'attention de la presse lors des présidentielles de 2016. Succès d'édition, ce livre devint un best-seller, adapté en film en 2020 , avec pour titre Une ode américaine.
Publicité
Les plus récents