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Court-métrage d’animation

Histoires vécues après le naufrage du Wakashio au Festival d’Annecy

17 mai 2024, 18:00

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Histoires vécues après le naufrage du Wakashio au Festival d’Annecy

Le court-métrage d’animation de 12 minutes de Kim Yip Tong (3e à partir de la g.) a nécessité le travail de quatre animatrices. Elles encadrent Armand Desponts du studio mauricien Gao Shan Animation.

Une traînée d’huile du Wakashio a flotté jusqu’au Festival d’Annecy, en France. Le naufrage de vraquier, qui a déclenché ce qui est considéré comme la plus grosse catastrophe écologique que Maurice ait connue, a inspiré l’artiste Kim Yip Tong. Son court-métrage documentaire en animation, Pie dan lo, est en sélection officielle catégorie Perspectives au Festival international du film d’animation d’Annecy. Il aura lieu du 9 au 15 juin prochain.

En 12 minutes, par le biais de mixed media, dans un mélange d’analogue et de numérique, Pie dan lo a pour point de départ des interviews de personnes directement affectées par la marée noire. Des interviews de «gens qui vivent de l’océan» rencontrés en 2021, dans les régions de Mahébourg, Pointe-d’Esny, Grand-Port. «Des pêcheurs, des skippeurs, des kitesurfeurs», indique Kim Yip Tong. «L’objectif du film est de retranscrire les émotions des personnages dans une dimension très onirique». Ce qui a demandé «plus de trois ans» de travail. «L’animation, c’est un travail très long. Toutes les images ont été créées à la main.»

L’aventure démarre quand Kim Yip Tong est commissionnée par la fondation Polyeco Contemporary Art Initiative «pour un film en lien avec la marée noire». Une institution qui émane de la société Polyeco SA, qui a nettoyé le littoral de l’huile lourde déversée suite au naufrage du Wakashio. Cette fondation artistique finance des films liés à l’environnement. «Ce naufrage m’a vraiment bouleversée, mais mon projet était plus ambitieux que ce que me permettaient les fonds disponibles», confie l’artiste.

Après la collecte de témoignages, elle anime des scènes à la main entre mars et mai 2021, en pleine pandémie de Covid-19. «Je me suis retrouvée à court de moyens.» La quête de fonds la dirige dans un premier temps vers l’Institut Français de Maurice. Par la suite, l’artiste participe à une résidence artistique à Paris. Début 2022, «je finis par comprendre que pour faire un film, il faut l’appui d’une société de production. Mener un projet de cette envergure toute seule, alors que nous ne sommes pas professionnels», cela n’aboutirait pas.

Elle prend contact avec le studio Gao Shan Pictures, à La Réunion. «Le sujet de Pie dan lo est très ancré dans un territoire. Avoir un partenaire qui comprend la réalité mauricienne, cela me convenait. Plutôt qu’un studio parisien qui est loin et à qui il faut tout expliquer.» Kim Yip Tong ajoute : «Avec Gao Shan Pictures, nous avons passé un an à chercher des fonds.» En explorant le circuit des aides de la Région Réunion, du Centre national du cinéma et de l’image animée, entre autres. Un coproducteur, We Films, s’est associé à l’équipe.

Sur ces entrefaites, comme Gao Shan Pictures a ouvert une filiale chez nous en janvier 2023, «cela a permis d’avoir accès à des fonds accessibles de Maurice». Comme le Film Rebate Scheme ou des aides de l’Organisation internationale de la francophonie. C’est aussi une équipe régionale qui a épaulé la réalisatrice Kim Yip Tong. Deux animatrices pros de La Réunion, Pénélope Camus et Amandine Boyer, ont rejoint deux animatrices de Maurice : Uma Burrenchobay, «qui a fait de la rotoscopie», et Gloria Vivien, qui a travaillé à la fois à la production et à l’animation.

«L’année dernière, nous avons présenté le pitch du film au festival d’Annecy», poursuit la réalisatrice. La bande-son de Pie dan lo est signée Patyatann et du DJ Woreka.

Premier film du studio mauricien Gao Shan Animation

Pie dan lo est le premier film à sortir des studios de la filiale mauricienne de Gao Shan Pictures, qui s’appelle Gao Shan Animation. Ce «studio à taille humaine», explique Armand Desponts, le General Manager, est basé à Les Kocottes, Saint-Pierre. Le studio y est installé depuis septembre 2023. «Pie dan lo a été entièrement fabriqué à Maurice», souligne le responsable. La production n’a pas souhaité dire quel est le budget du film.

Après la sortie du court-métrage d’animation au Festival d’Annecy, Pie dan lo sera exposé à la Cité des Arts, à La Réunion, du 15 juin au 17 août. «Je suis artiste plasticienne. Cette œuvre a une vie à la fois en festival et en galerie.» Un work in progress avait été montré au Festival international du film de l’océan indien en avril. Chez nous, la sortie du film est en préparation avec Gao Shan Animation.