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Au-delà de la politique monétaire
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Au-delà de la politique monétaire
La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, relance le débat sur le mandat de la politique monétaire. Si à Maurice, nous connaissons déjà l’argumentaire du ministre des Finances, Xavier-Luc Duval, et du Gouverneur de la Banque de Maurice, Rundheersing Bheenick, au sujet de la priorité entre la croissance et l’inflation, Mme Lagarde est venue durant le week-end écoulé élargir le champ de réflexion.
Selon la patronne du FMI, il est important de voir la politique monétaire dans un contexte post-crise, soit une fois que les conditions économiques retourneront à quelque chose près à la «normale». En ce sens, la directrice de l’institution de Bretton Woods estime que l’objectif de la politique monétaire doit aussi porter sur la lutte contre les risques financiers.
Cette posture de la directrice générale du FMI ne manquera certainement pas de trouver écho à la Banque centrale et d’alimenter à nouveau le débat sur le niveau des taux d’intérêt à Maurice. D’autant plus que certains membres du comité de politique monétaire, du moins les voix minoritaires, estiment qu’il est temps de s’engager dans un processus de normalisation des taux. Cela non seulement dans le but d’améliorer le niveau de l’épargne, mais aussi et surtout pour remédier aux vulnérabilités grandissantes qui ont fait leur apparition dans le système bancaire et financier. Une situation qu’ils attribuent volontiers à une période prolongée de faible taux d’intérêt.
Les risques sont-ils réels ? À en croire ceux qui prônent un tour de vis monétaire, l’endettement massif des entreprises (Rs 70 milliards à ce jour) et la progression des créances douteuses depuis 2012 représentent une menace à la stabilité financière. Tout comme les bulles émergentes découlant de la spéculation financière qui ne font que heurter la croissance.
Bien qu’ils concèdent que la crise n’ait pas été sans conséquences sur le paysage financier local, comme en témoigne justement l’endettement de certains secteurs, à l’instar de la construction et de l’hôtellerie, en revanche, des analystes considèrent qu’il faut faire très attention avec les mises en garde et surtout éviter que cela ne prenne des allures de mélodrame dans un environnement économique marqué par une grande fragilité. Car la politique monétaire n’est pas la solution miracle à tous nos maux.
D’ailleurs, avec le dysfonctionnement du mécanisme de transmission monétaire provoqué par l’excédent de liquidités dans le circuit bancaire, il n’est pas évident d’obtenir les résultats escomptés en se fiant uniquement au levier de la politique monétaire. D’où la nécessité de mettre en place un cadre prospectif pour mieux suivre les développements externes, ainsi que l’évolution des pressions inflationnistes. En attendant d’y parvenir – ce qui ne se fera pas du jour au lendemain étant donné les relations tumultueuses entre le Gouverneur de la Banque de Maurice et le ministre des Finances –, il est important d’encourager les firmes à voir au-delà de la politique monétaire dans le cadre du processus de désendettement.
À ce titre, le marché boursier reste la meilleure alternative pour les entreprises cherchant à réduire leur niveau d’endettement. L’engouement démontré par les investisseurs, toutes catégories confondues, pour les actions de Lottotech est peut-être annonciateur de l’émergence d’une nouvelle culture qu’il faut, bien évidemment, encoura-ger. En effet, il semblerait que les Mauriciens découvrent la Bourse comme une alternative à l’épargne dans un environnement de faible taux d’intérêt. Si cela s’avère, une campagne visant à démystifier la Bourse n’aura que des retombées positives dans la conjoncture économique actuelle. D’abord, elle permettra de sensibiliser les investisseurs potentiels quant aux différentes opportunités de placement et, dans un se-cond temps, elle incitera les entreprises à mieux utiliser le marché boursier pour se recapitaliser.
Il est un fait que les entreprises qui sont bien capitalisées souffrent beaucoup moins en temps de crise que celles qui sont lourdement endettées.
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