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Apathie
Elle est difficile à cerner cette incapacité des Mauriciens à s’indigner. Même un thème qui a un fort potentiel mobilisateur tel que la fermeture du Parlement nous secoue à peine. À ce rythme, nous ne connaîtrons jamais de printemps.
L’Assemblée nationale s’est réunie pour la dernière fois le 15 avril dernier. Depuis, elle est mise en veilleuse, sous de fallacieux prétextes. L’opposition, elle, est passée en mode loyal. Il y a atteinte à la démocratie.
On pouvait s’attendre à une levée de boucliers dans la rue. Les centrales syndicales devaient déjà être sur le pied de guerre. Les ONG auraient dû appeler les citoyens de tous les coins du pays à manifester. Le campus du Réduit devait se transformer en aire de bouillonnement social. Or, il ne se passe rien.
Dans le contexte mauricien, la contestation ne saurait être spontanée. Elle ne peut, dans ce pays, que s’articuler autour d’un mouvement structuré. Mais ni les syndicats, ni les ONG, et encore moins les mouvements d’étudiants n’ont suscité des expressions collectives de colère face à la violation des principes démocratiques. Aucun d’entre eux ne semble troublé par la dégradation de la situation. Pourtant, tous ont non seulement le devoir mais aussi les moyens d’agir.
Les syndicats sont préoccupés par leurs tiraillements internes. Les ONG ont perdu leur indépendance parce qu’elles dépendent trop des fonds publics. Quant aux étudiants, leur sens d’engagement est en régression. Ce qui réduit la possibilité d’émergence de mouvements populaires contre les dérives autoritaires et les pirouettes des leaders on/off.
Les plus optimistes diront que l’apathie des syndicats et des jeunes est conjoncturelle. Gardons espoir, donc. Quand la fièvre du foot sera retombée et que la série «Game of Thrones» sera terminée, ils s’intéresseront peut-être aux jeux dangereux auxquels se livrent nos politiciens.
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