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Merci Neymar et Nishimura

14 juin 2014, 07:30

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Quand, contre toute attente, Marcelo a scoré contre son camp, jeudi, c’est tout un pays, ayant déjà un genou par terre, qui s’est écroulé, comme un seul homme, atterré, dévasté. Un long moment de stupeur a traversé le pays,comme une interminable onde de choc. Une peur quasi immédiate s’est emparée des esprits, une peur des conséquences d’une défaite de la Seleçao d’entrée de jeu.

 

Sur place, nos collègues Azmaal Hydoo et Didier Pragassa nous racontent qu’on est bien loin des images festives du carnaval de Rio et de la samba. Au lieu d’un géant des matières premières, au lieu de la 6e puissance économique mondiale (le Brésil est un des BRIC qu’on aime présenter comme un modèle de réussite), au lieu de l’impact positif de tout cela, les journalistes découvrent un géant aux pieds d’argile, englué dans des problèmes économiques, sociaux, d’infrastructures, d’investissements, de corruption...

 

Et ce qui met le feu aux poudres, c’est bien évidemment les interminables histoires de ballon, d’argent et de soupçon.

 

Pour tenir ce mondial, l’investissement s’est avéré colossal : 11 milliards d’euros engloutis pour sortir, à la hâte, des infrastructures comme les stades, routes, télécom et énergie. Mais ces dépenses ne sont pas forcément utiles aux Brésiliens- lambdas en termes d’accès à l’éducation, à la santé, aux aides sociales. Les accusations de détournement de fonds ont alors pris le dessus. Et dans ce climat, quand les autorités décident de majorer le ticket de bus à Sao Paulo, c’est un million de Brésiliens qui se jettent dans la rue, pas pour danser, mais pour protester sous les yeux des caméras du monde entier. Difficile de regarder ailleurs.

 

Sur pareille toile de fond, c’est un peu normal que le prix de la tenue de la chanteuse brésilienne, qui accompagnait JLo et Pitbull, fait davantage jaser que la prestation médiocre de ‘We are the One’ par le trio – un hymne qui sonne faux, à tous les niveaux. Dans la foulée, on a entendu des huées contre la présidente Dilma Rousseff, qui bataille fort pour tenter de préserver l’honneur du Brésil. Difficile ici d’echapper à la critique, en lançant par exemple : «Ne croyez pas ce que vous lisez dans les journaux!»; difficile d’autre part d’imposer des reportages complaisants style Mauritius Broadcasting Corporation au monde entier. Les écrits sont sur les murs. Le gaz lacrymogène est dans l’air. Les réseaux sociaux sont déchaînes.

 

Et puis, coup sur coup, un but égalisateur de Neymar suivi de deux coups de sifflet discutables de Nishimura. Du coup, comme par magie, il y a eu le miracle de la réconciliation, celle d’un peuple avec sa religion, son opium. Le temps du mondial, le football a repris le dessus, là où la politique et les autorités brésiliennes échouent lamentablement. Les policiers anti-émeutes auront manifestement moins de travail tant que la Selecao gagne, et tant que Neymar score. Où donc en est-on arrivé, si tout peut basculer dans le chaos lorsque Neymar ne fait pas tressaillir les filets ?