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Il faut remotiver la police

13 août 2014, 07:22

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Les Casernes centrales ont intérêt à disséquer le rapport contrasté de Statistics Mauritius sur le crime, la justice et la sécurité publique – qui leur attribue des bons et des mauvais points. Les autorités responsables du «Law and Order» devraient surtout s’attarder sur la perception – pas forcément traduite dans les statistiques 2013 – des Mauriciens qui, à 78 %, notent une hausse dans la criminalité.

 

Pourquoi et comment en sommes-nous arrivés là ? Cette introspection collective est d’autant plus importante quand nos dirigeants politiques, dont le ministre de l’Intérieur, peuvent, malgré eux, donner l’air d’être davantage préoccupés par leur survie personnelle et les intérêts de leur parti que par la sécurité des citoyens qui constitue un bien public.

 

Toute organisation, comme la police, qui travaille pour protéger le public, réprimer le crime et faire respecter l’ordre devrait être en mesure de fonctionner en toute «intégrité» (pour reprendre le récent conseil du Premier ministre aux nouvelles recrues de la force), indépendamment des interventions politiciennes, et dans la sérénité. Or, ces trois conditions sont loin d’être réunies.

 

La dernière levée de boucliers des policiers après une circulaire administrative concernant leurs horaires de travail illustre le désordre qui s’est durablement installé dans les forces de l’ordre : nombre de policiers sont démotivés et ne complètent même pas leur «shift», alors qu’ils sont payés pour accomplir ce service essentiel.

 

Le problème de motivation se corse pour au moins trois raisons. D’abord, il n’y aurait pas une, mais deux directions aux Casernes centrales – une partie des effectifs répondant au commissaire de police, et une autre au service de renseignements qui a une meilleure entrée au Prime Minister’s Offi ce que le CP lui-même !

 

Puis, il y a l’absence de dialogue entre l’état-major de la police – lui-même divisé – et ceux qui sont au bas de l’échelle et qui sont déployés dans les postes de police à travers l’île. Frustrés de ne pouvoir faire entendre leur voix en se syndiquant (contrairement aux autres fonctionnaires), nombre de policiers vivent mal la politisation de l’exercice de promotions et de transferts punitifs. Depuis des années, il manque ni plus ni moins qu’une bonne cinquantaine de surintendants de police pour débloquer les milliers de dossiers en souffrance dans les différents départements de la police ; des enquêtes pas encore bouclées faute de chefs hiérarchiques. Pourtant la police ne manque pas d’éléments. Il s’avère juste que ceux qui doivent être promus sont perçus comme étant proches de l’opposition – alors ils sont mis au garage. Ou encore ils n’appartiennent pas au bon camp aux casernes.

 

Enfin, conséquence directe de la démotivation des policiers de l’État, la sécurité se privatise de plus en plus. Au-delà de la perception sur l’efficacité de notre police, ne devrions-nous pas tenter de comprendre pourquoi les compagnies de sécurité privées recrutent de plus en plus de vigiles, dont plusieurs parmi les policiers ?