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Diego et l’Etat de droit
Notre Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam, était, le 1er octobre, invité à la «Gandhi Foundation Annual Lecture». Le thème de son discours, «The Rule of law and nation building», ne semble pas avoir été choisi par lui. Mais il a le mérite, à l’Inner Temple où Gandhi fut lui-même «called to the bar», et devant ses pairs, de faire une présentation habile et intéressante de l’importance et de l’espoir que représente un Etat de droit pour ceux qui recherchent plus de justice, s’appuyant sur l’exemple de Gandhi, mais aussi de notre Lakshmi à nous*.
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Retour de 6 066 miles sur nos rives, où l’on se pose aussi la question de l’Etat de droit en lisant l’article de «l’express» parlant de squatters qui occupent illégalement un terrain de 10 arpents à Cité La Cure. Un premier ordre d’éviction de la cour a été détourné par politiciens interposés. C’était en janvier 2013. Le prochain ordre de la cour sera mis à exécution le 11 octobre. Des squatters semblent en douter car il y a des «meetings nationaux» le 12! C’est dire que dans la conscience locale, la politique et les politiciens peuvent au moins retarder, si ce n’est bafouer la justice...
C’est comme pour les marchands ambulants. A force de ne pas appliquer la loi et de favoriser le petit commerce de trottoir au motif que l’on aide à «gayn enn lavi», les politiciens ont créé un lobby quantitativement terrifiant. Au point où un vice-Premier ministre de la République, l’honorable Beebeejaun, s’est senti obligé de quitter son bureau pour les soutenir dans leur défiance des «autorités»! Combien d’ordres de la cour n’ont pas été respectés jusqu’ici? A chaque fois que cela se passe, c’est l’Etat de droit qui en pâtit. Et de compromission en complaisance, aujourd’hui ce sont les commerçants qui respectent la loi et qui paient leurs taxes qui deviennent... des victimes d’injustice.
Nous sommes aussi au pays où un ministre payé des deniers publics dialogue avec les taxis «marrons» (Bachoo), où un accord signé avec le gouvernement pour une répartition rationnelle de la publicité peut être renié et où la télévision publique a une chartre qu’elle ne respecte même pas. De quoi je parle? Mais de la clause 4 de la MBC Act de 1982, qui s’écrit autour des mots «accurate», «impartial», «striking a fair balance». Mais qui échoue lamentablement, si l’on en croit M. Bérenger lui-même, qui note la corrélation entre la parution de sa moustache à la télé et le mot «on» (plutôt que «off») dans les journaux.
Un squatter, un citoyen opportuniste qui devient marchand ambulant-fixe, un agent politique qui «mérite», un petit journal qui a besoin de soutien, un propriétaire de taxi «marron»... Ils peuvent tous être aidés par un gouvernement. Mais encore faut-il que ce soit en toute équité et toujours dans le respect de l’Etat de droit. Faute de quoi, on glisse clairement vers le chaos et l’arbitraire.
Comme pour le discours sur la gouvernance et la transparence chez Obama, celui sur l’Etat de droit à l’Inner Temple nous montre au moins que l’on sait ce qui DOIT être, ou au moins ce que l’on veut entendre de nous dans les pays où l’on souhaite être reconnu et fêté. C’est peut-être bien là le seul véritable espoir de Maurice. A l’encontre d’un Mugabe qui s’en fout, nos dirigeants veulent être «bien vus et bien notés» dans les pays qu’ils respectent, malgré leur passé de négriers et leurs manœuvres sur Diego... Car la raison prime toujours en fin de compte. On a bien aboli l’esclavage en 1833, n’est-ce pas? Nos droits souverains sur Diego seront aussi rétablis finalement car la déclaration 1514 de 1960 et la résolution 2066 de 1965 des Nations unies ont été enfreintes. Et, de toute manière, comment reprocher la Crimée à la Russie en pratiquant ce qu’on lui reproche!
*Dr. Marina Carter, auteure de «Lakshmi’s Legacy», profusément citée par le PM.
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