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Dualité
Quand on connaît l’histoire du pays ainsi que ses réalités politiques et électorales, on peut considérer que ce fut un exploit pour Paul Bérenger d’être parvenu au poste de Premier ministre en 2003. Il le dit lui-même dans une interview accordée à Radio France internationale hier. Il n’a pas tort. Cette consécration obtenue alors par le leader du MMM est en effet exceptionnelle.
Mais dans la vie de tout grand personnage, il y a des hauts et des bas. La nouvelle accession de Paul Bérenger au poste de Premier ministre, si elle survient, n’ouvrira pas, elle, un chapitre glorieux. Au contraire. Il y accède, cette fois, au terme de graves compromis dont le plus honteux a été la mise en veilleuse de l’opposition parlementaire pendant un an.
De plus, le titre de Premier ministre risque d’être simplement honorifique lorsqu’il le portera dans l’éventualité d’une victoire aux prochaines élections. Sous un président jaloux de ses prérogatives, il ne disposera pas des pouvoirs aussi étendus que ceux qu’il détenait il y a dix ans.
Sur le fond également, il y a une différence fondamentale entre les positions défendues par Bérenger au cours de ces deux périodes distinctes. En 2003, Bérenger soutient que le choix du Premier ministre doit exclure toute considération de race. Aujourd’hui, il argue en faveur d’un partage de pouvoirs basé justement sur la problématique majorité/minorité. Une logique ethnique imprègne la deuxième république préconisée par Bérenger 2.0.
Cette pirouette pourrait être la conséquence de la lassitude du chef des militants. En jetant l’éponge, il renonce à combattre les «réalités politiques ». Mais elle pourrait également découler de considérations liées à des facteurs plus personnels.
En tout cas, le rêve de 2003 a viré au cauchemar. Le plus ardent défenseur de «enn sel lepep, enn sel nation» a abandonné son idéal. Il veut aujourd’hui instaurer un système basé sur le principe de «enn sel pays, deux chefs».
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