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La République blessée

5 novembre 2014, 08:30

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Jusqu’ici les mouvements religieux et les associations socioculturelles se contentaient de donner des consignes de vote déguisées à l’occasion des élections. Ils adoptaient une certaine réserve en évitant d’influencer directement la vie politique. Or, dimanche dernier, à Moka, l’un d’eux a abandonné cette discrétion.  Il s’agit de la VOH qui s’est permis d’entrer de plain-pied dans l’arène politique. Elle a réclamé, de manière explicite, un vote basé sur des critères religieux.

 

Pratiquement au même moment, Navin Ramgoolam courtisait à Calebasses les organisations socioculturelles. Celles-ci «ne sont pas sectaires mais contribuent au contraire à l’unité et au vivre ensemble». Il a promis qu’il continuera à les écouter et à considérer leurs demandes aussi longtemps qu’elles ne sapent pas l’unité nationale.

 

Avec cette passerelle jetée entre la religion et la politique, les frontières sont brouillées. La politique est ethnicisée et la religion est politisée.

 

On conçoit les avantages que les uns et les autres tirent de la situation mais la République, elle, en souffre. Une République rassemble les gens plutôt qu’elle ne les divise selon leur appartenance religieuse. Pourtant, quand la VOH appelle à un vote par panachage basé sur le critère religieux, elle fait une entorse aux valeurs de la République.

 

La stratégie des dirigeants des socioculturelles consiste, le plus souvent, à élargir leur cercle d’influence afin de mieux promouvoir leurs intérêts personnels. Grâce à leurs contacts dans le monde politique, ils décrochent des contrats publics, des emplois bien rémunérés et même des parcelles de terres. En contrepartie, le politicien profite de ses accointances avec les chefs des socioculturelles pour en tirer un capital électoral. C’est le comble de l’égoïsme.

 

S’exprimant en faveur d’une séparation claire entre la religion et la politique, Somduth Dulthumun, président de la Mauritius Sanathan Dharma Temples Federation, déclarait dans une interview accordée à l’express en novembre 2003, que «la politique est publique, la religion est privée». Ses amis politiques, prêcheurs de l’unité et de la modernité, n’ont pas appris la leçon.