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C’est pas mathématique, c’est épidermique...
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C’est pas mathématique, c’est épidermique...
Entre la logique des chiffres et celle du corps électoral hétéroclite, il y a un décalage qu’on peut difficilement quantifier. C’est ainsi qu’au fil des jours, à travers le pays, il devient évident que la formule PTr + MMM = 60-0 n’est pas aussi simple que sur papier. Si le sondage LSL-DCDM, réalisé entre les 15 et 31 octobre 2014, confirme que le PTr et le MMM sont les deux plus importants partis (28,8 % de taux de sympathisants au PTr et 11,8 % au MMM), sur le terrain, le rejet de l’alliance rouge-mauve et l’adhésion au bloc Lepep sont palpables.
Depuis la conclusion de l’accord électoral PTr- MMM et la situation actuelle, il y a eu un tournant majeur dans la campagne : le partage des tickets entre les deux partis. Pour fi naliser la liste des candidats rougemauve, de nombreux caciques travaillistes ont dû être sacrifi és. Si, en public, ils ont tendance à afficher une façade de solidarité envers leur leader, dans les tranchées et en privé, ils ne cachent pas leur amertume. Lors de sa conférence de presse, pour lancer son ‘Muvman Travayis Militan’ (un mixte qui veut tout dire), Vasant Bunwaree ne passe pas par quatre chemins pour affirmer : «L’électorat travailliste refuse Bérenger comme Premier ministre pour cinq ans.»
La cible est clairement identifiée et Bérenger, comme en 2005 face à l’Alliance sociale, devient une proie facile. Pris entre la colère de nombreux militants mauves qui ne comprennent toujours pas pourquoi il a «viré» au rouge quelques minutes seulement après avoir placé une tranche de gâteau d’anniversaire dans la bouche de sir Anerood et celle des travaillistes qui n’ont pas eu leur ticket, Bérenger essaie difficilement de jouer à l’équilibriste. C’est quasi impossible de plaire aux deux camps. Du coup, il perd pied et vacille souvent. Sur la MBC, il a dit, en une semaine, tout le bien et tout le mal qu’il en pense, laissant le public et Dan Callikan pantois. Sur le DPP, poste constitutionnel, il a fait montre d’un manque de respect envers les institutions et envers la bourgeoisie d’État. Sur le secteur sucre, il s’est mis à dos les syndicats, à tel point que Ramgoolam a dû venir dire que «c’est Jugnauth qui a berné Bérenger lors du deal Illovo !»
À bien voir, le sort de Bérenger est triste : hier, les Jugnauth le protégeaient contre Ramgoolam et sa campagne insidieuse ; aujourd’hui, c’est Ramgoolam qui doit le protéger contre les Jugnauth, les frondeurs travaillistes, les militants désemparés, les syndicats et Dulthumun. Le risque est le même : le parti de Bérenger court le risque de se faire «koupe transe» dans certaines circonscriptions-clés. Et si cela s’avère, le leader mauve aura à dire adieu à son rêve de Premier ministre... Et Ramgoolam à celui de président d’une IIe République ! À moins que les indécis, qui constituent le plus gros réservoir d’électeurs, décident de les soutenir massivement. Pour cela, il faudrait que ceux-ci puissent se décider sur la base de leur programme gouvernemental... dont on n’a toujours pas vu la couverture.
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À chaque fois qu’un politicien attaque la presse, devant des individus saouls, dans son discours de circonstance, c’est la sécurité des journalistes qui est en jeu. Qu’ils soient de la MBC ou de la presse indépendante, les journalistes font un métier difficile, compte tenu du caractère polémique des élections et des articles traitant de politique. Avec la présence des «gros bras» qui profitent de la manne électorale, il y a lieu pour ceux qui aspirent à être nos dirigeants de calmer le jeu et de comprendre qu’il leur faut travailler, durant cette campagne et au-delà, avec la presse plurielle, dans le respect et sans violence...
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