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Besoin de stabilité

15 janvier 2015, 11:42

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La rentrée s’annonce très mouvementée pour le Trésor public et le nouveau gouverneur de la Banque de Maurice, Ramesh Basant Roi. Pour cause, la monnaie unique européenne a entamé une glissade qui l’a amenée à son niveau le plus bas face au billet vert depuis 2006. Une situation qui n’est pas sans conséquence pour Maurice car face à la roupie, l’euro a également cédé des points et s’échangeait à 37,052 roupies le 12 janvier.

 

Si en France, par exemple, la tendance baissière de l’euro est accueillie favorablement car elle pourrait doper l’économie française, en revanche, à Maurice, le recul de la monnaie unique donne des sueurs froides à l’ensemble du secteur d’exportation. D’aucuns évoquent déjà un manque à gagner pour les secteurs comme le textile, le sucre, l’hôtellerie et les loisirs, entre autres. D’autant plus que 40 pour cent des exportations mauriciennes sont libellées en euro. Deux tiers des touristes qui posent leurs valises sur nos côtes viennent de la zone euro et de l’île de la Réunion.

 

Du coup, le fameux débat sur le taux de change de la roupie revient sur le tapis. En sus de notre forte exposition à la monnaie unique européenne, plusieurs points sont mis en avant pour soutenir les arguments en faveur d’une roupie dite compétitive, dont le fait qu’une roupie forte agit comme une subvention à l’importation. Résultat : les producteurs locaux ne luttent pas à armes égales face aux biens importés, surtout dans un contexte marqué par l’effondrement des barrières tarifaires.

 

Faut-il donc procéder à une dépréciation de la monnaie nationale ? Bien que cette politique semble nous avoir bien servi dans les années ’80 et ’90, ce n’est pas pour autant qu’il faut en faire de même aujourd’hui, voire à chaque fois qu’un vent contraire souffle sur notre économie.

 

Cela dit, nous ne devons pas, non plus, laisser la roupie atteindre des niveaux qui pourraient pousser des opérateurs économiques hors circuit alors que leurs concurrents, sur les mêmes marchés, peuvent s’appuyer sur des devises plus compétitives. Ce dont le pays a besoin dans la conjoncture économique actuelle, c’est de stabilité. C’est cet objectif qui devra guider notre politique de taux de change.

 

La position de la Banque de Maurice sous l’ère de Rundheersing Bheenick a été que ce n’est pas le rôle de la Banque centrale de faire preuve de partialité vis-à-vis d’un secteur d’activité ou d’un autre en ce qui concerne la roupie. La priorité des priorités pour la banque, a-t-il souvent répété, est l’inflation, quitte à se mettre en porte-à-faux avec le ministre des Finances, Xavier-Luc Duval, et à croiser le fer sur la politique monétaire.

 

Désormais, les yeux sont rivés sur son successeur à la BoM Tower. Quelle va être la posture de Ramesh Basant Roi ? Contrairement à son prédécesseur, il n’aura pas, du moins pour l’heure, à faire le choix cornélien entre la croissance et l’inflation. Celle-ci est actuellement – à 0,2 % en décembre – à son niveau plus bas depuis juin 2008, quand le taux en glissement annuel était de 9,7 %. Ce qui devrait permettre à la Banque centrale de se concentrer sur d’autres questions plus urgentes, comme prévenir des fluctuations erratiques de la roupie. Le but étant de veiller au bon fonctionnement du marché de l’offre et de la demande afin d’arriver à un certain équilibre. C’est là où la Banque de Maurice est attendue au tournant.