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Ramgoolam, Swiss Leaks et autres ramifications...

14 février 2015, 07:55

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L’affaire HSBC (ou Swiss Leaks) et la découverte des millions secrets de Navin Ramgoolam relèvent du plus grand hasard en termes de concordance temporelle. La première affaire constitue l’une des plus grandes opérations journalistiques sur une échelle transnationale et la deuxième se révèle déjà comme le plus gros scandale politico-financier de l’île Maurice indépendante, dont les ramifications insoupçonnées dépassent nos frontières – qui a d’ailleurs parlé de «boîtes de Pandore» ? De sérieuses répercussions et éclaboussures dans le monde de la haute finance sont à prévoir dans le giron politique et une partie du secteur privé. N’empêche que les deux comportent, au-delà des cartes de crédit HSBC, des similitudes à bien des égards. Entre autres parce qu’il s’agit, dans les deux cas, de traquer la corruption institutionnalisée et l’abus de pouvoir, d’exiger la transparence sur des transactions douteuses, l’argent public, l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent et le financement du crime organisé en général. D’accord avec tout cela. Sauf que dans la réalité, les institutions locales sont démunies face aux savantes activités illicites mondialisées. Beaucoup doit être fait, par exemple pour lutter contre le trafic d’armes.

 

Afin de mettre à jour les Swiss Leaks, il a fallu la détermination personnelle d’un lanceur d’alerte (Hervé Falciani), qui a eu accès aux données confi dentielles de la deuxième plus grande banque du monde. Mais également une énorme mobilisation médiatique : le journal Le Monde (premier média à réceptionner ces données) et le consortium de journalistes d’investigations (ICIJ ; connu surtout pour ses enquêtes Offshore Leaks – à ne pas confondre avec Swiss Leaks – et LuxLeaks), qui a regroupé environ 150 journalistes issus d’une cinquantaine de médias pour décortiquer la matrice de la complexe fraude fi scale encouragée par la branche suisse de la HSBC.

 

«More than $100 billion from 106,000 clients of 203 countries», pré-annonce le site sur sa page d’accueil afind’avoir un aperçu de ce scandale : http://www.icij.org/project/swiss-leaks/explore-swiss-leaks-data. Une enquête phénoménale,dont s’inspirer.

 

Cela va de soi. Pour combattre un réseau, fût-il de terroristes, de trafiquants d’armes ou de diamants, de dictateurs, etc., il faut monter un autre réseau. D’où la nécessité de former des réseaux de journalistes transnationaux comme l’ICIJ, auquel, du reste, l’express appartient. Cette organisation à but non lucratif a été mise sur pied par une poignée de journalistes, qui occupent, à Washington, DC, un discret bureau à côté de la Maison Blanche. Leur mission : révéler au grand public ce que les puissants ou les grands criminels à col blanc aimeraient nous cacher. Ils facilitent des enquêtes que les médias traditionnels n’ont pas le temps – ou les moyens – de mener, et rassemblent les différentes pièces du puzzle de la mondialisation et de ses travers.

 

Chez nous, notre journal, à l’échelle de ses modestes moyens et d’un parti pris déclaré contre l’affairisme d’État, estime avoir rempli son humble mission d’information en publiant, en août 2014, des images exclusives de Navin Ramgoolam et de Nandanee Soornack dansant, en compagnie d’autres personnes, lors d’une sympathique fête privée. Nombreux, parmi ceux qui nous critiquaient, clouent aujourd’hui au pilori l’ancien Premier ministre (alors qu’il se retrouve à terre). Surtout les travaillistes pur sucre ou les MMM friands d’une alliance électorale et du mirage 60-0 que celle-ci engendrait. Paul Bérenger nous avait même traités de «presse de caniveau», critiquant notre ligne éditoriale et nous donnant des leçons de journalisme. Le leader de l’opposition d’alors a malmené notre liberté d’informer le public sur un débat d’intérêt général : quels sont les liens entre le pouvoir politique et le monde des affaires ?

 

Loin des positionnements opportunistes de certains, nous continuerons à exposer les faits au public – le seul juge de nos écrits et du sort de ceux qui nous dirigent. Et cela s’applique aussi bien au régime de Ramgoolam qu’à celui de Jugnauth.