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Les faits rares et le verbe facile
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Les faits rares et le verbe facile
M. Chandan Jankee, dans une interview par ailleurs intéressante de «l’express dimanche», nous fait modestement part qu’il aurait fait une importante découverte : «Donnez-moi un seul secteur d’activités pensé par le privé... Il n’y en a pas, ils attendent que ça tombe du ciel. Le gouvernement fait tout le boulot, il crée, il développe et ensuite le privé vient récolter», nous dit le professeur associé de l’université de Maurice.
Mince alors ! C’est cela que l’on enseigne dans notre faculté d’économie nationale ?
Il n’était sans doute pas encore né quand Amédée Maingard faisait ses premiers pas dans l’aviation civile (Air Mauritius) et le tourisme ? Il est vrai que le Paradis s’appelait alors le Morne et le Shandrani le Chaland, mais, tout de même, il peut peut-être se renseigner avant de dire des bêtises ? Les pionniers de la zone franche ne sont pas SSR et Gaëtan Duval, malgré les efforts de certains de réécrire l’histoire. Ils ont certes eu le mérite d’écouter et de comprendre et de faire passer des lois, de modifier la fiscalité ou de créer des syndicats d’amazones, mais les pionniers de ce concept s’appellent José Poncini, Edouard Lim Fat et quelques autres.
Avant l’indépendance allez lire les éditoriaux du Dr Forget dans «l’express»* décrivant à quel point le gouvernement en place ne croyait pas et était même réfractaire à l’industrialisation du pays ! Le secteur sucrier a-t-il été créé et développé par le gouvernement ? Diantre ! La production du poulet de table, la minoterie, le port franc, le secteur de l’IRS, toute l’industrie de substitution de l’huile comestible au savon en barre, c’était donc le gouvernement ? Allons donc ! Dans le domaine du téléphone sans fil, c’est définitivement Emtel qui fut pionnière, pas MT ….
Parmi les secteurs d’activités «pensés» par le gouvernement, on retrouve la MaBC, le centre de recherches d’Albion, les universités, l’usine à sac. Parmi les secteurs pensés par le privé mais où le gouvernement s’est essayé à «récolter», pensez à l’usine sucrière de Rose-Belle (il est vrai que ce n’était pas la meilleure option possible), les casinos, possiblement, ou les restaurants de Roland Maurel au Domaine les Pailles. Quelle récolte !
Après tout, M. Jankee n’a peut-être rien découvert du tout, sauf que ses costumes sont devenus serrés : le secteur privé en prend pour son grade, pendant que lui prend du poids. Tout un symbole, en effet !
Philippe A. FORGET
*Lire, par exemple, «La Bastille du sucre» (15 juin 1967) ou encore «Les usines de l’avenir» (28 juillet 1967).
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