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Inverser la fuite des cerveaux...

28 mars 2015, 09:12

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L’appel du pied de Vishnu Lutchmeenaraidoo, dans son discours-Budget, à la diaspora mauricienne mérite que l’on s’y attarde. Car il touche au phénomène de la fuite des cerveaux qui a eu, avant même notre indépendance, des effets négatifs – insoupçonnés et incalculés – sur notre croissance et notre développement économique. L’émigration mauricienne s’accélère aujourd’hui en raison de cette mondialisation qui tend à paupériser les pays vulnérables comme le nôtre, en forçant nos meilleurs diplômés ou travailleurs à l’exil, loin de leurs parents qui meurent, trop souvent, sans voir les leurs s’épanouir professionnellement.

 

Nous, Mauriciens, nous sommes partout. Aujourd’hui, dans chaque pays du monde, naviguant sur tous les océans, on devrait, si on cherche bien, trouver un compatriote qui bosse. Ce n’est pas une nouvelle. La question actuelle est de savoir si l’opération  éduction du ministre des Finances va pouvoir inverser l’exode durable que nous avons connu ces dernières décennies. Il est aussi important de voir dans quelle mesure ceux qui effectivement choisissent de revenir – parmi les quelque 500 000 membres de la diaspora mauricienne – vont pouvoir s’adapter à la culture du pays et cohabiter avec ceux qui ne sont jamais partis et qui ne voient déjà pas d’un bon oeil la «Tax Holiday» de dix ans – «pourquoi moi je dois payer mes taxes et eux non ?». Et quid de l’impact sur les salaires et le prix de l’immobilier pratiqués ici ?

 

Plusieurs études démontrent que tant que les facteurs conduisant à l’émigration (crises économiques, taux de chômage élevé, manque de services sociaux adaptés comme la santé et l’éducation, communalisme, népotisme et absence d’égalité des chances et de justice sociale, etc.) persisteront, il serait quasi-impossible de faire revenir les expatriés qui sont déjà bien casés dans un environnement moderne. En effet, ce n’est pas facile de rentrer au pays et retrouver certaines mentalités étriquées (proportionnelles à la superficie du territoire) et des passe-droits dignes d’une république bananière...

 

Pour changer la donne, c’est au gouvernement, d’abord, de recenser et de renforcer les liens avec la diaspora mauricienne. Il faut, enfin, écouter leurs vieilles doléances et leur donner le droit de voter et d’avoir voix au chapitre. Il y a lieu de tendre la main, par exemple, à tous ceux qui en ont marre de l’Europe, noyée dans ses difficultés économiques et identitaires. Une ONG comme Nou Diaspora peut alors apporter son aide en menant une campagne de communication offensive sur les offres d’emplois et les initiatives dont les Mauriciens peuvent bénéficier. Mais aujourd’hui, trouver sur les sites du ministère et des diverses agences publiques les offres d’emplois ou autres informations peut être extrêmement décourageant.

 

Avec une stratégie bien fi celée, notre émigration pourrait évoluer progressivement – et positivement en notre faveur. Avatar de la colonisation, elle pourrait potentiellement se muer en la diaspora de l’intelligence, grâce à Internet qui nous rapproche de ceux qui ont pris leurs distances…